Connectez-vous S'inscrire

Hijab and the City

Lévi-Strauss, l'identité nationale et le livret A

Rédigé par Mariame Tighanimine | Lundi 9 Novembre 2009 à 23:24

           

Il est mort ! Pas le soleil, Claude Lévi-Strauss. « Et alors ? » me diront certain(e)s. Et je leur accorde, qu’est-ce qu’on s’en moque ! Sauf que tout le monde n’est pas de cet avis. Les médias, les gens intelligents, les réacs, les gens qui puent la naphtaline… et une ancienne camarade de classe avec qui j’étais en TD d’anthropologie en première année de licence y a looooongtemps !



Lévi-Strauss, l'identité nationale et le livret A
J’ai toujours détesté les feuilles d’appel qui tournaient avant chaque début de cours, et qui comprenaient les noms, prénoms et mails des élèves de la classe. C’est sûrement à cause d’elles que la camarade L. a eu mon adresse et m’a envoyé un message plein de tristesse suite à la mort « du plus grand penseur de tous les temps »… snif ! Encore plus dithyrambique que les petites hagiographies auxquelles on a eu droit dans les médias, sans parler des oraisons funèbres de quelques profs d’anthropologie au conformisme et au charlatanisme qui mettent à l’amende tous les journalistes de France Culture !

Claude Lévi-Strauss en a écrit des choses, notamment sur l’islam dans ses Tristes Tropiques. C’était pas très sympatoche, n’est-ce pas, mais il paraît que lui aussi comme tant d’autres, c’était un homme de son temps et surtout un homme de terrain qui n’a fait que décrire ce qu’il voyait dans un contexte particulier. Bizarre, y a qu’avec cette religion qu’il était aussi ordurier mais, bon, on doit quand même lui reconnaître deux choses à Cloclo.

La première, c’est que sans lui on aurait jamais eu de grands penseurs comme Foucault ou encore Bourdieu. La seconde, c’est que grâce à son Race et Histoire (entre autres), j’ai découvert le côté obscur de l’anthropologie. « Vous verrez, mademoiselle, ce livre, c’est le manifeste par excellence de l’antiracisme et du combat contre l’ethnocentrisme », m’avait dit ma prof-aventurière qui parcourait l’Amérique latine à la recherche du crâne de cristal (où c’était Indiana Jones ?).

Que de gros mots pour la jeune étudiante que j’étais ! Des gros mots encore et toujours d’actualité, à l’heure où l’on parle d’assimilation, d’identité nationale, d’intégration et j’en passe au sein de notre géométrique et doux Hexagone !

Oui, en 2009, en France, alors que dans d’autres pays on essaye de résoudre des questions éminemment plus intéressantes et surtout importantes, qui ont trait à l’économie, à l’environnement, au vivre-ensemble, etc. Ici, on vient nous marteler qu’être Français, c’est nier son identité, ses origines, ses croyance et son couscous !

« La maitresse du président » sur France 3 samedi soir, ou « La Môme » sur TF1 dimanche en première partie de soirée auraient pu vous aider à être un peu plus Français…

« L’identité nationale… on s’en moque encore plus que de la mort de l’inventeur du blue-jeans… »
Hahaha, comme je suis d’accord ! Des bavardages oiseux mais symptomatiques d’une France qui part à la dérive, qui n’ont d’écho que dans les rédactions et les salons parisiens. Les petites gens ont faim, et ne se préoccupent que de ce que rapporte leur livret A. Le reste...


Lévi-Strauss, l'identité nationale et le livret A


En partenariat avec




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Madeline Claude le 10/11/2009 00:21 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Bonsoir
Identité nationale : Personne ne demande à ceux qui veulent être français de renier quoi que ce soit. Comment peut-on renier son identité et ses origines ? Qui demande aux français de renier leurs croyances ? L'état laïque leur demande seulement de pratiquer dans la discrétion et de ne pas en manifester les signes trop évidents en public. Les prêtres et les bonnes soeurs catholiques ont fait le premier pas en abandonnant l'habit religieux lorsqu'ils sortent en public. Qui demande aux français d'abandonner le couscous ? ou la paëlla ? ou les spaguettis ?. Ne caricaturons pas. Les petites gens devraient s'intéresser au débat car c'est une chance qui se présente pour eux de faire valoir leurs droits à plus de considération et de justice. Car si beaucoup ne se sentent pas français malgrè leur carte d'identité, c'est parce qu'ils n'aiment pas la France. Et ils n'aiment pas la France parce que ce pays n'aime pas et ne respecte pas les petites gens.
Ce débat que beaucoup considèrent comme électoraliste peut être une arme à double tranchant pour le gouvernement actuel. A condition de ne pas s'en désintéresser. Autrement, ça va continuer encore longtemps. Et il faudra une nouvelle révolution pour rétablir un peu de justice sociale.
P.S : les petites gens qui n'ont pas de livret A ont encore plus faim.
Cordialement.

2.Posté par chayR le 27/11/2009 11:16 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
@Madeline Claude
Merci pour ce post qui reflète bien l'état d'esprit des français qui est loin de vivre dans un pays homogène, le pays des 400 fromages comme l'appelait Monsieur Poher, deux fois président de la République par interim.

Vous avez raison de dire que la France, creuset des peuples les plus divers, ne demande aucun reniement, mais appelle plutôt à un savoir vivre en commun "à la française", comme je suppose qu'il y a un savoir vivre "à l'algérienne, à l'italienne, à la kurde, à la roumaine"...

Les musulmans se posent souvent en victimes en invoquant, à tort, les droits de l'homme qui leur garantissent de ne pas être inquiétés pour leurs pratiques politiques ou religieuses ; ce qui est certainement l'une des raisons majeures pour laquelle ils préfèrent vivre en France que dans leurs pays respectifs qui ne les pratiquent pas, vraiment.

Les musulmans fréquentent de façon notoire le sol français depuis François 1er, soit depuis plus de 500 ans, sans qu'il n'y ait jamais eu à leur égard de mouvement islamophobe d'envergure nationale.

Certes, la croyance mohamétane, devenue plus tard musulmane, n'a jamais été approuvée par la France chrétienne : mais au prix d'une certaine condescendance (esprit français oblige), les mahométants devenus musulmans n'ont jamais eu de difficulté majeures pour pratiquer leur culte sur le territoire national.

Ce n'est qu'après la vague d'émigration massive initiée dans les années 70-80, dues au conditions lamentables subies dans leurs pays d'o...  


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !