Communiqués officiels

Lettre ouverte vers tous les membres du CFCM

Rédigé par Djamel DJEZIRI | Vendredi 26 Octobre 2007 à 15:15



DU BON USAGE DES INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE, LE DROIT JUSTE ET UTILE DEVANT FAIRE FORCE DE LOI
ou
LE VOILE MUSULMAN SERAIT-IL L'ARBRE QUI CACHE LA FORET DU RACISME ORDINAIRE ?


Monsieur le Président,
Chèr(e)s Ami(e)s,

Voilà à nouveau que resurgit le "problème" du voile musulman derrière lequel se masque dans tous les sens du terme le racisme ordinaire ; l'ignorance entretenue institutionnellement étant son corolaire et sa véritable source. Ses déclinaisons sont multiples : discriminations, déconsidérations voire sentiments de haine et de rejets.

La problématique du voile dont la responsabilité entière est portée par le gouvernement français a été instrumentalisée par la classe politique comme un étendard prétendument "laïc" mais qui sert en fait un clientélisme raciste, xénophobe et discriminant : requalifiée ainsi par la simple observation objective des comportements réactifs que suscite le port du voile musulman, toute entreprise qui participe à sa marginalisation offre à la vindicte populaire les moyens d'un terrain commode et extrêmement lâche d'expression de ce racisme ordinaire. Or ce racisme ordinaire est produit et entretenu par la somme de toutes les lâchetés de la République Française dans son refus obstiné d'admettre et de vouloir corriger en profondeur les représentations collectives racistes et discriminantes qu'elle s'est efforcée de construire dans le passé afin d'asseoir et de rassembler largement (sic !) au service de ses desseins coloniaux d'hier.

Quid aujourd'hui ? les millions de citoyens français musulmans aujourd'hui à part entière, et nous en sommes persuadés, bien d'autres français et françaises non musulmans mais en qualité de croyants ou simplement d'humanistes, voire même de rationalistes objectifs, ne s'inscrivent plus dans ces logiques déshonnorantes d'un autre temps ; témoin des errements et des dérives du développement moderne de notre civilisation ; souvent anti traditionnelle et donc à proprement parler anti-civilisationnelle.

Quel rapport avec l'interdiction du port du voile musulman à l'école ? il est extrêmement clair et même d'une évidence aveuglante que l'ampleur du débat - absolument non contradictoire ! donc du fait uniquement des protagonistes, soit la classe politique quasi entière - instrumentisé sur cette question poursuivait deux buts intermédiaires :

1° démontrer un large consensus politique et placer devant le fait accompli l'opinion publique et ainsi "contourner" voire "étouffer" la constitution française et les avis répétés du Conseil d'Etat sur la question

2° stigmatiser un pan entier de la population française (les musulmans et les musulmanes de France) dans la pire stratégie clientéliste politique du "bouc émissaire" ; car en effet, comment penser une seule seconde QUE CE QUI EST INTERDIT A L'ECOLE PUBLIQUE (LE DERNIER SANCTUAIRE DE LA REPUBLIQUE ENCORE DEBOUT) EST BON ET SOUHAITABLE EN DEHORS DE SES MURS ? Si on nous rétorque que telle n'était pas l'intention, nous rappellerons vertement en premier lieu que les conséquences comportementales sont objectivement observables dans toutes les sphères (publiques, privées et professionnelles) ; et en second lieu, que l'évidence absolue de cette relation de cause à effet n'aurait échapper à nulle personne un tant soit peu censée et réfléchie ; car il n'est nul besoin d'être spécialement instruit pour savoir et connaître l'existence d'un racisme ordinaire français dont les racines ont été présentées plus haut.

Ainsi, le gouvernement français et l'ensemble de la classe politique sont coupables de délit anti-constitutionnel sur la question ; sachant que le conseil d'état s'est toujours prononcé dans ce sens sur la question de l'interdiction du voile musulman fut-ce dans l'enceinte des établissements scolaires accueillants des mineur(e)s. Car en effet, les conditions précises qui ont présidées à ce "débat" parlent d'elles même : les intentions de départ (interdire le voile musulman et exclusivement ce dernier à l'école), les moyens mis en oeuvre (un simulacre de commission donc une vraie compromission) comme les finalités effectives démontrent tout cela à l'évidence.

Que faire aujourd'hui ?

C'est très simple. Toutes les forces associatives musulmanes de France doivent oeuvrer et rassembler autour d'elles les autres bonnes volontés françaises (et elles sont très nombreuses (hormis la classe politique discréditée depuis longtemps et qui n'est guère plus que "suiveuse" et à la poursuite pour l'essentiel de l'intérêt direct des élus) pour faire de la levée de cette interdiction d'un autre temps colonial abject et révolu leur objectif prioritaire absolu. Et cela est d'autant plus facile que la République a souhaité que le CFCM soit représentatif de l'ensemble de cette communauté musulmane de France.

QUE LE CFCM PRENNENT SES RESPONSABILITES SUR CE COMBAT ESSENTIEL ET PRIORITAIRE ET QU'IL METTE SA DEMISSION COLLECTIVE EN BALANCE S'IL N'OBTIENT PAS SATISFACTION AUPRES DU GOUVERNEMENT ACTUEL : SINON A QUOI SERT-IL AU JUSTE ?

Cette posture déterminée aura pour effet associé de réveiller de ses torpeurs et de ses lâchetés une classe politique française qui ne semble plus être que l'ombre d'elle même à la merci de tous les clientélismes, de même que des médias actuellement moribonds pour les même raisons, mais surtout : de mieux préparer notre pays, la France, face aux rendez-vous de son avenir. Lequel se fera, qu'on le veuille ou non avec les millions de musulmans français et de musulmanes françaises et leurs descendants ou bien qui ne se fera tout simplement pas ! Qu'on se le dise !


Salutations fraternellement musulmanes et républicaines,


Djamel DJEZIRI (alias Dabeldi)
Consultant-Praticien et Chercheur en Sciences de Gestion et en Sciences Humaines