Sur le vif

Les images chocs de l’interpellation des lycées à Mantes-la-Jolie indignent

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 7 Décembre 2018 à 11:09



La quatrième journée de la mobilisation lycéenne, jeudi 6 décembre, a été marquée par l’interpellation de plus de 700 lycéens à travers la France. Les images que retiendront l'opinion publique de cette journée : celles de dizaines d'élèves alignés en rang, mains sur la tête, placés sous la surveillance de policiers casqués et armés, à Mantes-la-Jolie.

« Voilà une classe qui se tient au sage », entend-t-on sur une vidéo qui, depuis sa mise en ligne sur le Web, défraye la chronique et qui fait réagir personnalités politiques et simples citoyens sur les réseaux sociaux et au-delà.

La scène a été filmée à proximité du lycée Saint-Exupéry Sur les 153 jeunes interpellés pour « participation à un attroupement armé », selon le ministère de l’Intérieur, ils sont 146 à avoir été placés en garde à vue. Selon l’AFP, cette action entreprise par les forces de l'ordre fait suite à l’incendie de deux voitures dans le voisinage et à des heurts avec la police, en marge du blocage des lycées Saint-Exupéry et Jean-Rostand, situés près l’un de l’autre, aux abords de la cité du Val-Fourré.

Pour le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, « il y a eu des images choquantes parce qu’on est dans un climat de violence exceptionnelle », en faisant part du contexte dans lequel la vidéo a été tournée. « Des éléments extérieurs au lycée, des personnes de plus de 20 ans souvent, qui ont coincé le lycée, réussi à ameuter quelques lycéens, ont envahi un pavillon, ont volé des bonbonnes de gaz, ont attaqué les forces de l’ordre, lesquelles ont cherché à les neutraliser, et en les neutralisant les ont mis contre un mur, avec les images que l’on voit », a-t-il raconté vendredi 7 décembre sur France Inter.

« L’interpellation d’un nombre aussi grand d’individus a nécessité de prendre des mesures de sécurité complémentaires », s’est justifié, pour sa part, le ministère de l’Intérieur. « De violentes échauffourées opposaient les forces de l’ordre à des individus dans le quartier du Val-Fourré, à proximité du lycée Jules Saint-Exupéry », ajoute-t-on.

Le ministère a également précisé que ces mesures ont été prises pour garder le contrôle sur une situation qui allait de mal en pis, notamment avec les individus « encagoulés (…), porteurs de bâtons, battes de base-ball et conteneurs de gaz lacrymogène ».

Les réactions d'indignation ne se sont pas fait attendre dans les rangs de la gauche. Pour Benoît Hamon, leader du mouvement Génération.s, « aussi glaçante que la violence des scènes de lycéens collés contre le mur à Mantes-la-Jolie, leur justification froide, dénuée d’empathie et de responsabilité par Jean-Michel Blanquer, parlant de duperie par l’image ».

« Quels que soient les faits reprochés, rien ne justifie cette humiliation de mineurs filmée et commentée », a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. « Ces images nous insultent. Rien ne justifie que l'on humilie ainsi nos enfants. Halte au feu, Monsieur le Président. Au nom de nos valeurs, de ce qui fonde ce que nous sommes, de notre République, au nom de ce dont vous êtes censé être le garant, halte au feu », a affirmé le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts David Cormand.