Sur le vif

Les fraises espagnoles produites par des Marocaines exploitées

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 27 Janvier 2012 à 22:46



Les fraises d’Espagne, un des principaux pays producteurs au monde, sont produites sur le dos des Marocain(e)s exploité(e)s. C’est le constat inquiétant dressé par la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) dans son dernier rapport rendu jeudi 26 février intitulé « Main-d’œuvre importée pour fraises exportées ».

L’ONG internationale met en cause l'Espagne pour son recours abusif aux travailleurs marocains à Huelva, en Andalousie, « où la fraise est cultivée de manière intensive à destination de l'exportation vers les marchés européens, attire pendant plusieurs mois de l'année une abondante main-d’œuvre temporaire (plus de 50 000 personnes), constituée majoritairement par des travailleurs immigrés ».

Le recours aux travailleurs marocains s’explique par le manque d’attractivité de la récolte des fraises auprès des Espagnols, pourtant touchés par un fort taux de chômage en ces temps de crise. Dans son dernier rapport, la FIDH explique que « le gouvernement espagnol a adopté le système du recrutement (dans le pays) d'origine » en « embauchant dans leurs pays des milliers de personnes qui sont transportées et ensuite réparties entre les différentes plantations ». Avant de signer, « les travailleurs s'engagent à retourner dans leur pays à la fin de leur contrat » afin d’éviter l’afflux massif de migrants.

A cet effet, ces derniers, qui font face à un « cadre juridique peu protecteur (...) dans lequel les jours non travaillés ne sont pas payés, et la représentation syndicale de ces travailleurs est presque impossible », sont soigneusement choisis : « des femmes mariées et avec des enfants en bas âge, critères censés assurer un retour au pays et prévenir des tentatives de prolonger leur séjour sur le sol européen » à la fin de la saison.

Les « violations des droits de l'homme qu'entraîne ce modèle de migration circulaire » sont manifestes et l'ONG appelle le gouvernement espagnol à ratifier la Convention internationale sur les droits des travailleurs migrants et les membres de leur famille et d'accorder des permis de séjour permanents à ces travailleurs et d'améliorer leur protection. Elle s'adresse aussi au gouvernement marocain en exigeant la suppression des critères discriminatoires à l'embauche.

Il faudra y réfléchir à deux fois avant d'acheter les fraises espagnoles, car si le bilan social est catastrophique, le bilan écologique est tout aussi mauvais. La fraise est en effet un fruit d'été largement produite en hiver, devenu symbole de la surconsommation de produits hors-saison.

Pour lire le rapport, cliquez ici