Sur le vif

Les femmes et les enfants premières victimes des trafics d'humains

Rédigé par Laila Elmaaddi | Lundi 24 Avril 2006 à 08:48



Les femmes et les enfants sont les premières victimes de trafics d'êtres humains dans le monde, selon un rapport publié lundi par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui déplore l'"inefficacité" de la lutte contre cette forme de criminalité. "En pratique, aucun pays au monde n'est épargné par le crime de trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle ou de travail forcé", note l'ONUDC dans sa première étude destinée à mesurer l'ampleur du phénomène.

Cent-vingt-sept Etats ont été identifiés comme pays d'origine des personnes victimes de trafic, notamment en Asie et en Europe de l'Est, et 137 comme pays de destination, notamment dans l'Union européenne, en Amérique du Nord, dans les pays du Golfe, en Israël, en Turquie, en Chine et au Japon. Les femmes apparaissent dans 77% des dossiers de trafic, les enfants dans 33% et les hommes dans 9%, selon les données de l'ONUDC. L'exploitation sexuelle est évoquée dans 87% des cas contre 28% pour les autres formes de travail forcé.

L'ONUDC, qui s'est appuyé exclusivement sur des sources publiques, notamment gouvernementales, souligne toutefois le caractère "empirique et parcellaire" des données à sa disposition, en raison notamment de réticences de certains Etats. "Les efforts pour combattre le trafic se heurtent à un manque de données précises qui reflète le refus de certains pays de reconnaître qu'ils sont touchés par ce phénomène", déplore l'office.

"L'absence de notification systématique par les autorités constitue un réel problème" et explique que la lutte a été "jusqu'à présent non-coordonnée et inefficace", souligne son directeur, Antonio Maria Costa. Il est, pour cette même raison, "extrêmement difficile d'établir combien il y a de victimes de trafic de par le monde (...) mais il s'agit assurément de millions", souligne M. Costa qui ajoute : "Le fait que cette forme d'esclavage existe toujours au 21e siècle est une honte pour nous tous."

L'ONUDC préconise une coopération internationale renforcée pour combattre les trafiquants et pour réduire la demande de biens et de services produits par des victimes de trafics ainsi que pour assurer à ces dernières une meilleure protection.