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Les criminels d’Abou Ghraib

Rédigé par El abed Fatima | Vendredi 6 Aout 2004 à 00:00

La deuxième comparution des accusés pour les crimes commises à la prison d'Abou Ghraib, en Irak, a été à nouveau favorable à l'accusation. Pour les procureurs, les sévices subis par les détenus irakiens sont le fait de soldats qui ayant soi-disant échappé à tout contrôle comme l'accusée Lynndie England. Cette thèse est celle du Pentagone et de l'administration Bush depuis que le scandale a éclaté.



La deuxième comparution des accusés pour les crimes commises à la prison d'Abou Ghraib, en Irak, a été à nouveau favorable à l'accusation. Pour les procureurs, les sévices subis par les détenus irakiens sont le fait de soldats qui ayant soi-disant  échappé à tout contrôle comme l'accusée Lynndie England. Cette thèse est celle du Pentagone et de l'administration Bush depuis que le scandale a éclaté.

Le procès qui gène l’Amérique

Le  tribunal  examine le cas de la soldate Lynndie England dans le cadre de sévices à caractère sexuel infligés à des prisonniers irakiens,. Les avocats reprochent aux autorités de chercher à exonérer la hiérarchie. Six autres soldats de son unité, la 372e compagnie de police militaire, sont poursuivis pour des charges similaires. L'un d'entre eux, Jeremy Sivits, a plaidé coupable et a été condamné à un an de détention. Pour la justice militaire américaine, il s'agit d'une étape obligée avant l'éventuelle saisie d'une cour martiale.

L'accusation présente ses preuves et ses témoins et la défense conteste les charges et fait appel à ses propres témoins. Les audiences devraient se poursuivre au moins jusqu'à la fin de la semaine. Ensuite, le juge Denise Arn transmettra ses conclusions au général John Vines, qui dirige la cour martiale et prendra une décision.

Les avocats de la défense veulent prouver l'implication de la hiérarchie militaire et du service de renseignements de l'armée dans les horribles traitements. Le tribunal militaire de Fort Bragg, en Caroline du Nord, doit déterminer si Lynndie England sera déférée ou non devant une cour martiale. Elle fait face à dix-neuf chefs d'inculpation et risque 38 années de prison. Les images de la jeune soldate humiliant des détenus sont devenues un des symboles de la guerre en Irak.

Un rapport de 321 pages, remis le 22 juillet par l'inspecteur général des armées, exonère la hiérarchie militaire et le Pentagone de toute responsabilité. Le rapport relève 94 cas de tortures, mais n'a pas trouvé de preuves d'abus 'systématiques'. Une thèse contestée par des parlementaires démocrates et plus encore par les avocats de Lynndie England. Ils comptent démontrer cette semaine que leur cliente 'est utilisée par le gouvernement pour montrer ce qu'il souhaite du scandale d'Abou Ghraib', explique Rick Hernandez. 'Aujourd'hui, vous n'avez vu qu'une partie de la vérité. Lynndie England a reçu des ordres pour faire ce qu'elle a fait, nos témoins le prouveront', ajoute-t-il.

Le ministère nie avoir ordonné le moindre 'traitement'afin de faire parler les détenus. Les défenseurs de la soldate ont demandé à interroger comme témoins le vice-président Dick Cheney, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld et son adjoint Paul Wolfowicz. Il est plus que douteux qu'ils comparaissent devant le tribunal dans les prochains jours.

Le cas de la soldate Lynndie England

 

La soldate Lynndie England personnifie à elle seule le scandale de la prison irakienne d'Abou Ghraib à travers le caractère scandaleux et inhumain de ses actes.

Au cours de l'audience, un enquêteur de l'armée a déclaré que la soldate Lynndie England lui avait affirmé que les photos des sévices avaient été prises 'juste pour s'amuser'. Ce 'n'était rien de sérieux' selon elle, a rapporté l'enquêteur Paul Arthur, qui a interrogé la jeune femme. Cette dernière, âgée de 21 ans et enceinte de sept mois, risque 38 ans d'emprisonnement si elle est reconnue coupable des 19 chefs d'inculpation portés contre elle.

 

Les défenseurs de Lynndie England essaient d'éviter que l'audition se réduise à un examen de la personnalité et du comportement de leur cliente. Ils critiquent les enquêtes faites par l'armée à Abou Ghraib. 'Elles n'ont pas été menées jusqu'au bout', affirme Rick Hernandez, principal avocat civil de la soldate. Pour lui, les investigations se sont surtout focalisées sur les soldats qui apparaissent sur les photographies et ont négligé le rôle des agents de renseignement présents sur place.

Parmi les sept accusés, certains affirment avoir reçu l'ordre d''attendrir' des détenus. Des déclarations contestées par les enquêteurs... qui appartiennent également au service de renseignement de l'armée. D'après eux, aucun accusé n'a été capable de se souvenir du nom d'une personne lui ayant donné l'ordre de maltraiter des prisonniers.

 

Le caporal Matthew Bollinger commandait le bureau à Abou Ghraib où travaillait Lynndie England. Elle était affectée à des tâches administratives concernant notamment l'entrée et la sortie des détenus. L'accusation a poursuivi, mercredi 4 août, en interrogeant pas moins de neuf témoins, la plupart de la 372e compagnie de police militaire, l'unité de Lynndie England. Ils ont donné une image très négative de la réserviste de 21 ans.

 

Lynndie England est l'un des sept militaires américains inculpés pour sévices contre des prisonniers irakiens à Abou Ghraib, une affaire qui, après avoir éclaté en avril, a scandalisé le monde et déstabilisé  l'administration Bush. La réserviste est notamment accusée d'association avec d'autres personnes en vue de maltraiter des prisonniers irakiens, agressions contre des détenus en de multiples occasions, actions préjudiciables au bon ordre et à la discipline et discréditant l'armée par ces actes indécents. Pourtant Lynndie England affirme avoir reçu des instructions pour poser sur ces photos et avoir été félicitée pour son comportement par ses supérieurs.