Société

Les comportements des musulmans de France passés au crible

1989-2009 : l’évolution de l’islam de France mise au jour par l’IFOP

Rédigé par | Mercredi 26 Aout 2009 à 07:01

Les acteurs économiques, à commencer par la grande distribution, s’intéressent de plus en plus au marché des consommateurs musulmans, surtout pendant le mois sacré du Ramadan. C’est ainsi que l’IFOP publie les résultats de son enquête sur « l’implantation et l’évolution de l’islam en France » de ces vingt dernières années. À travers cette enquête, disponible en ligne gratuitement, l’IFOP offre un premier outil pour analyser le marché. Zoom sur ce rapport.



Parue voici quelques jours, l’enquête sur « l’implantation et l’évolution de l’islam en France » attire bien la curiosité. Les résultats publiés par l’IFOP (Institut français d’opinion publique) sont le fruit d’enquêtes historiques et actuelles réalisés depuis 1989.

Premier constat : la population musulmane, évaluée à 5, voire 6 millions de personnes, reste davantage concentrée dans les régions les plus urbanisées et/ou industrialisées, notamment en Rhône-Alpes et en Ile-de-France. Elle constitue même plus de 10 % de la population dans les départements de la Seine-Saint-Denis, du Val-d’Oise et du Val-de-Marne en région parisienne. De quoi donner aux marques des idées pour mieux cibler géographiquement la clientèle musulmane.

D’autre part, 62 % des musulmans déclarent ne consommer que de la viande halal. A l’heure où le halal, évalué à plus de 4 milliards d’euros, fait l’objet de beaucoup d’attention, ce chiffre vient confirmer l’impact qu’a ou aura tout développement du marché en France. Il en va de même pour la finance islamique, pour laquelle le gouvernement français s’est dit prêt à l’accueillir. Elle intéresserait près de 50 % des musulmans selon le rapport.

Le Ramadan, une pratique davantage culturelle que spirituelle

Selon l’IFOP, « la pratique du jeûne durant le Ramadan, très répandue, est stable par rapport à 2001 mais en forte hausse depuis 1989. » En 2007, 70 % des musulmans, pratiquants ou non, ont déclaré jeûner pendant le mois contre 20 % à ne pas le faire (32 % en 1989) et 9 % à ne le faire que pendant quelques jours.

Contrairement au jeûne, peu de musulmans de France ont vécu l’expérience du pèlerinage à La Mecque malgré leur intention. Ils étaient 6 % à l’avoir effectué selon les sondages réalisés en 2001 et en 2007. Par manque d’argent, de moyens, de capacité ou de temps…, les raisons sont multiples. Mais ils sont plus de 55 % à souhaiter l’accomplir dans les prochaines années.

L’enquête démontre par ailleurs que les musulmans pratiquent davantage leur culte que les catholiques. Cependant, leur comportement n’est pas irréprochable. Plus d’un tiers des personnes issues d’une famille musulmane déclare ne pas faire les cinq prières quotidiennes et près d’un tiers avoue consommer de l’alcool.

Le port du voile, une pratique minoritaire

« La permissivité en matière de mœurs est très liée à l’intensité de la pratique religieuse ». En d’autres mots, plus la personne est pratiquante, moins elle (se) permet d’aller à l’encontre des mœurs. Les musulmanes pratiquantes sont respectivement 77 et 61 % à ne pas approuver l’homosexualité et le droit à l’avortement contre 29 et 16 % des femmes d’origine musulmane selon le rapport.

Contrairement aux idées reçues, les pratiquantes ne sont que 26 % à porter régulièrement le voile selon un sondage réalisé en 2003. Cependant, elles sont plus nombreuses à se voiler à partir de 50 ans (contre 8 % des moins de 35 ans).



Pour plus de détails, voir aussi le site IFOP


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur