Politique

Les candidats de la « diversité » à l’assaut des élections européennes

Rédigé par | Lundi 16 Février 2009 à 13:25

A l’approche des élections européennes de juin prochain, les partis politiques français se préparent à une rude bataille. Sur les 785 députés qui seront élus au suffrage universel direct, 78 seront français. Les candidats sont nombreux s'être fait connaître. Mais à cinq mois de cette échéance électorale, ceux issus de la diversité se comptent encore sur les doigts de la main.



La bataille aux élections européennes s’approche. Les partis politiques prendront-ils compte de la diversité du pays pour désigner leurs candidats au Parlement européen ? Pas si sûr sauf que parmi ceux qui se sont déjà déclarés, un nom revient sur toutes les lèvres : celui de Rachida Dati. Erigée en symbole par Nicolas Sarkozy mais tombée en disgrâce depuis quelques temps, elle troquera bientôt son fauteuil de ministre de la Justice pour celle de candidate au sein de la liste UMP (Union pour le Mouvement populaire) derrière l’actuel ministre de l’Agriculture Michel Barnier. La droite aurait-elle déjà remplie « son quota » ? Ce qui est sûr, c’est que Mme Dati, pas encore reconnues pour ses compétences européennes, doit faire ses preuves.

De son côté, le Parti socialiste, par la voix de sa première secrétaire Martine Aubry, a promis la semaine dernière lors d’un rassemblement annuel « diversité, renouvellement et non-cumul » dans la désignation des candidats aux élections européennes. Mais ces derniers ne seront définitivement choisis qu’en mars. Pour le moment, Farid Echeikr, maire-adjoint de Fosses (95), figure parmi les premiers à se faire entendre. « C’est au parlement européen que l’on trace 80 % des lois de notre pays. Il faut voir l’Europe comme le centre de décision. Si, aujourd’hui, il y a des combats sociaux et politiques à mener, c’est au niveau européen qu’il faut les faire », a t-il déclaré à Saphirnews.

Le choix doit se porter sur les compétences, non sur la « diversité cosmétique »

En matière de diversité, le PS en fera t-il plus que les autres partis ? Selon Farid Echeikr, « aujourd’hui, c’est la machine interne qui nomme les candidats aux élections locales, nationales et européennes. Ils sont nommés soit pour les remercier d’un certain travail qu’ils ont fait, soit parce qu’ils ont un fort poids politique mais jamais pour leurs valeurs européennes comme premier critère de sélection. Je suis un Européen convaincu et j’ai pris au mot le discours de Martine Aubry. J’ai donc entrepris une nouvelle démarche en lançant par moi-même une campagne sur le net ».

Celui qui se montre intéressé par l’initiative entrepris par l’ANELD (Association nationale pour les élus locaux de la Diversité) ne veut pas non plus s’étendre sur le sujet. « La diversité est devenue une valeur de droite, synonyme de discrimination positive. Aujourd’hui, il faut être attentif à ce que les personnes choisies le soient pour leurs projets et leurs compétences. Je ne vais pas être meilleur que les autres parce que je suis arabe mais parce que j‘ai un parcours personnel et professionnel riche et atypique », explique t-il.

D’autres partis profitent de ce rendez-vous européen pour lancer des nouveaux candidats. Ainsi, au sein de la liste Nord-Ouest d'Europe Ecologie emmené par le député vert Daniel Cohn-Bendit et l’altermondialiste José Bové, figure le porte-parole, jusqu’en décembre dernier, du Collectif des musulmans de France (CMF), Ali Rahni. Issu de Roubaix, il est désigné en numéro 4 de la liste, ce qui n’est pas pour déplaire à la communauté musulmane. « Mon engagement aux élections européennes n’est que le prolongement de mon action politique au niveau local. L’Europe est un espace économique et politique qui peut contrer l’hégémonie des Etats-Unis. Je suis candidat auprès des Verts pour apporter ma contribution à une Europe plus sociale, plus égalitaire et qui renforce sa politique de l’environnement et des droits de l’Homme », affirme-t-il.

C’est pourquoi il propose, entre autres, « la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël qui donne à ce dernier un statut de quasi-membre ». Réaffirmant son soutien à l’islamologue suisse Tariq Ramadan qu’il décrit comme « la référence intellectuelle majeure », Ali Rahni n’a qu’un message à faire passer à ceux qui le critiquent : « La plupart des gens ne savent même pas de quoi M. Ramadan parle. Je leur dirais d’aller lire ses livres et de l’écouter avant de jeter l’anathème sur lui. »

Quant au Mouvement démocrate (Modem) de François Bayrou, Fadila Mehal s’engage aussi dans la course. La présidente-fondatrice de l’Association des Marianne de la Diversité, engagée pour une plus grande participation politique des femmes issues de l‘immigration, se présente aux côtés de Marielle de Sarnez en Ile-de-France déclarant la semaine passée dans une interview qu’elle croit « à une Europe de la diversité, une Europe de l’égalité des chances. (…) L’Europe est un formidable levier aujourd’hui par les directives qu’elle a conduites sur les questions de la lutte contre les discriminations et de diversité ».

Jusqu’à la désignation définitive des candidats puis aux élections, le chemin sera long. Sauf changement d’attitude des partis politiques et des électeurs encore trop peu nombreux à voter lors des européennes, les « Obama » européens made in France se feront sans doute attendre une fois de plus.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur