Société

Le quatrième congrès de l’IIIT-France

Rédigé par Mestiri Entretien avec Mohamed | Vendredi 10 Juin 2005 à 00:00

Ce samedi 11 juin 2005, l’Institut Internationale de la pensée Islamique (IIIT) organise en partenariat avec l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (l’EHSS), son congrès annuel des chercheurs sur l’Islam. Pour ce quatrième rendez-vous du genre, l’institut de dirigé par M. Mohamed Mestiri a choisi de placer la rencontre sur le thème de « L’identitaire et l’universel dans l’Islam contemporain ». Rencontre avec Monsieur Mestiri, un chercheur actif spécialiste de la pensée musulmane.



Ce samedi 11 juin 2005, l’Institut Internationale de la pensée Islamique (IIIT) organise en partenariat avec l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (l’EHSS), son congrès annuel des chercheurs sur l’Islam. Pour ce quatrième rendez-vous du genre, l’institut de dirigé par M. Mohamed Mestiri a choisi de placer la rencontre sur le thème de « L’identitaire et l’universel dans l’Islam contemporain ». Rencontre avec Monsieur Mestiri, un chercheur actif spécialiste de la pensée musulmane.

 

SaphirNet.info : La section française de l’IIIT tient son 4ème congrès annuel ce samedi, quelle est la place de ce congrès dans votre  travail ?

 

Mohamed Mestiri: Le Congrès est la façade du travail de l’institut. Nous proposons ou acceptons des thèmes qui pourraient intéresser la communauté musulmane. Et regroupons ensuite des chercheurs (des théologiens, des sociologues, des politologues, des juristes,…) qui ont tous la motivation de renouveau de la pensée islamique. A partir de cette dynamique interdisciplinaire, ces groupes de recherches produisent des travaux collectifs qui seront exposés lors de conférences, colloques ou séminaires. Les congrès appartiennent donc à une vieille tradition qui remonte à l’année 1972. Ils ont étés initiés par ceux qui, par la suite, ont constitué l’institut en 1981. Chaque congrès est devenu un rendez-vous annuel, connu dans le monde anglophone. En France, depuis quatre ans, nous lui avons donné une note française en ouvrant la porte à tout chercheur qu’il soit musulman ou non musulman.

 

Ce congrès a pour thème « L’identitaire et l’universel dans l’Islam contemporain ». Il y a comme une contradiction entre les notions « identitaire » et « universel ».

 

Mohamed Mestiri: Justement ! Nous pensons, à partir de nos références islamiques, qu’il n'y a pas de contradiction entre ces deux notions. D’abord le terme «Identitaire» ne signifie pas forcément «communautarisme ». Il est nécessaire pour faire émerger le discours qui pourra répondre aux problèmes posés dans notre vie en commun. Et ensuite le mot « universel » ne doit pas être vu uniquement au singulier, il existe des « universel ». On ne peut pas parler au nom d’un seul universel. Il est vrai que dans une vie collective nous avons besoin de partager des valeurs, mais chacun va apporter ses valeurs à partir de sa vision identitaire. Les musulmans sont aujourd’hui porteurs de projets universels tout en restant attachés à leurs repères identitaires. C’est cette vision que nous essayons d’apporter en luttant contre toute image phobique de l’islam : image communautariste, anti-universel, anti-valeurs démocratiques et anti-valeurs modernes. Le renouveau de la pensée islamique doit être fondé sur la capacité à dialoguer avec l’autre.

 

A cet effet, ne peut-on pas dire qu’il manque une grande voix de la pensée islamique en France qui puisse fédérer toutes les voix qui ne vont pas toujours dans le même sens ?

 

Mohamed Mestiri: Le but de l’institut est de fédérer la diversité et non pas d’anéantir la diversité. Nous ne voulons pas d’une seule voix. La valeur immuable de l’islam c’est Dieu, l’unicité divine. Dieu est unique mais les hommes sont divers, et la capacité de gestion des bienfaits de Dieu est diverse. La diversité c’est ce qui donne un sens à l’Ijtihad (NDR, la consultation). Sans diversité l’on n’aurait jamais pensé à la notion de Oumma, ou à la notion de l’entraide. Il n’est jamais bon de monopoliser la voix de l’islam. « Monsieur Islam » existe, mais uniquement dans les principes immuables de l’islam. Mais pour ce qui est de ce monsieur physique qui monopolise la voix de l’islam, je suis d’accord avec Dounia Bouzar pour dire qu’il n’existe pas et ne doit pas exister. A l’institut, nous ne représentons pas une vision unique de l’islam. Nous sommes ouverts à toute vision qui se réfère à la mémoire et au patrimoine de l’islam et qui veut travailler dans l’ère contemporaine, 

 

Après l’Unesco l’an dernier, vous avez choisi de tenir votre 4e congrès à l’EHESS cette année.  Quel sens donnez-vous à ce changement ?

 

Mohamed Mestiri: Chaque année, nous tenons à changer de partenaire. Nous multiplions ainsi la tradition d’échange et la tradition de l’interdisciplinaire. Nous multiplions également la visibilité de la pensée islamique dans les milieux universitaires parce que c’est la vocation de ce congrès. Il s’agit d’un congrès des chercheurs sur l’islam qu’ils soient musulmans ou non. Nous avons donc besoin de le tenir dans les lieux où se trouvent des chercheurs.

 

Propos recueillis par Giovanni Gauhy