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Economie

Le pays aux 7 millions de pauvres

Nos très chères études

Rédigé par Haroun Ben Lagha | Vendredi 5 Juin 2009 à 14:26

           

Du 1er au 7 juin, l’EMF (Étudiants musulmans de France) organise la première édition de la « Semaine de la précarité », dans le but d’alerter médias et pouvoirs publics sur le poids que font peser pauvreté et précarité sur la réussite des étudiants.



Le pays aux 7 millions de pauvres

Des revenus faibles…

En France, plus de 7 millions de personnes vivaient en 2008 sous le seuil de pauvreté. Ce seuil se situe entre 680 et 820 euros de revenus par mois et par personne (selon que l’on se réfère aux données de l’INSEE ou de l’institut Eurostats, service statistiques de la Commission européenne, ces deux organismes employant des modes de calcul différents). Parmi ces 7 millions de Français, certains sont sous-payés, d’autres mal logés, voire totalement à la rue. Et au milieu de tous ces pauvres, et même très pauvres dans certains cas, figurent en bonne place les étudiants.

… mais des dépenses généreuses

Livres, frais de scolarité, sécurité sociale étudiante mais aussi loyers, alimentation…, la liste des dépenses engagées chaque année par les étudiants est grandissante et la facture de plus en plus salée. Beaucoup sont obligés de travailler pour parvenir à joindre les deux bouts. Comment un jeune constamment soucieux de l’état de ses finances peut-il alors se consacrer sereinement et entièrement à sa formation ?

Le pays aux 7 millions de pauvres

La débrouille s’impose

Le phénomène des étudiants modestes n’a rien de nouveau en soi. Ce qui est alarmant, c’est de voir à quel point la précarité devient monnaie courante au sein de l’université. Marie, étudiante en lettres modernes, n’a que 680 euros pour boucler ses fins de mois et, malgré une bourse et la modeste participation financière de ses parents, avec un loyer à assumer, elle doit chaque jour regarder à la dépense pour ne pas mettre ses comptes dans le rouge : « Malgré une bourse et l’aide que me versent mes parents chaque mois, cela reste difficile d’assumer un appartement à Paris, quand on passe le plus clair de son temps en cours. Une fois mon loyer payé, je dois encore faire attention à toutes les dépenses alimentaires. Je me limite à 40 euros par semaine. Chaque petit plaisir superflu annonce une galère en fin de semaine. Alors le McDo, qui te prend 7 euros par menu, soit presque le quart de ton budget, on oublie ! »

Mais après quatre années passées à étudier à Paris, Marie peut aujourd’hui partager avec nous une multitude de bons plans : « Je n’achète plus de nourriture à l’extérieur le midi, ça revient beaucoup moins cher de se faire sa petite salade, je mange beaucoup de fruits et légumes, c’est bon pour la santé et c’est bien moins cher qu’on ne le croit. Pour moins de 1 euro, je peux trouver un concombre qui me fait trois repas. C’est pareil pour les betteraves, mais le mieux, c’est la courgette : avec 50 centimes, elle peut te faire deux repas ! »

La liste des bons plans ne s’arrête pas là, et Marie est à même de trouver le moyen de gagner de l’argent : « Je revends toutes les affaires dont je n’ai pas besoin sur ebay. Le mois dernier, j’ai gagné plus de 30 euros ! Pour les vêtements, j’ai cessé d’acheter des marques ; avec ma sœur, on repère directement dans les boutiques les affaires qui nous plaisent et on va voir si elles sont déjà disponibles sur ebay ! »

La santé en danger

Marie s’en sort plutôt bien finalement, mais lorsqu’un étudiant doit faire des sacrifices, le danger pointe quand celui-ci réduit la part de ses dépenses alimentaires au minimum. La situation devient pire encore quand il est obligé de rogner sur les frais de santé. Ainsi, myopies et autres caries attendront des jours meilleurs pour être enfin soignées. Nabila, 23 ans, est étudiante en école de journalisme : « Toute l’année, je dois faire du baby-sitting pour payer mon école. Ça me coûte 5 500 euros par an sur trois ans. Un jour, ma carie a été si douloureuse que j’ai été contrainte de courir chez le dentiste. Ce jour-là, j’aurais préféré me faire arracher la dent plutôt que de payer comptant les 115 euros au seul dentiste qui avait accepté de me soigner en urgence. »

Le remède, c’est l’action

C’est à cela que tient l’action des Étudiants musulmans de France. L’une des actions chocs mise en œuvre par l’EMF et son président Khalil Ould El Mounir durant cette semaine de mobilisation, en partenariat avec le Secours islamique, est la mise à disposition, par l’association, de denrées alimentaires pour un montant symbolique de 1 euro. Ce sont au total 15 sections de l’EMF qui participent à cette action d’envergure nationale. Mercredi soir, c’est la section d’Amiens qui invitait tous les étudiants qui le souhaitaient à venir partager un grand couscous au restaurant universitaire. L’opération se poursuit la semaine prochaine dans certaines sections, des renseignements sont disponibles sur le site internet de l’association. D’après le communiqué de l’EMF, cette action n’a pas pour but de sortir à elle seule les étudiants du marasme financier, mais « il s’agit véritablement de tirer la sonnette d’alarme pour que soit enfin considérée au mieux par les décideurs politiques la situation de tous les étudiants en situation de précarité ».


Site internet de l'EMF




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par david le 06/06/2009 15:52 | Alerter
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très bonne initiative.
bon courage à EMF, à quand une EMF à Marseille ?


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