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Le Modem, entre enthousiasme et désenchantement

Rédigé par Fouad Bahri | Mercredi 6 Juin 2007 à 12:18

Après le relatif succès de la politique de ralliement des élus centristes par Nicolas Sarkozy, le nouveau parti de François Bayrou tente, tant bien que mal, de présenter ses candidats. Un parti qui, avec Azouz Bégag, Djamel Bouras, Karim Boumédjane s’impose d’emblée comme le parti du renouvellement générationnel.



Lorsque André Santini, Gilles de Robien, Hervé Morin et beaucoup d’autres élus centristes ont choisi de soutenir l’actuel président de la république Nicolas Sarkozy, pas grand monde ne donnait cher de la peau de François Bayrou. Beaucoup le donne déjà mort politiquement. En fait, les choses semblent moins dramatiques qu’elles ne le paraissent pour celui qui a récolté plus de 18% des suffrages à l’élection présidentielle.

D’abord parce que François Bayrou a réussi à présenter un candidat dans presque chaque circonscription (plus de 530 sur 577), permettant à ses électeurs d’avoir un choix authentiquement démocratique.

Ensuite, parce que ce débauchage d’élus a d’une certaine manière renforcé le crédit moral et l’ image du leader centriste.

Enfin, et c’est l’évolution la plus marquante, parce que la naissance de son nouveau parti, le Modem, a permis à toute une nouvelle génération d’hommes et de femmes, militants politiques ou simples citoyens, trentenaires ou quarantenaires, de se présenter sur les listes électorales de ces législatives et d’amorcer peut-être pour la première fois de l’histoire républicaine, un renouvellement générationnel massif des députés de la représentation nationale.

Bégag le centriste

C’est le cas de l’écrivain et sociologue d’origine algérienne, fils des bidonville et ex ministre de l’égalité des chances, Azouz Bégag, ancien villepiniste et désormais candidat du modem à la troisième circonscription de Lyon. Les raisons de son engagement au Modem ?
« C’est le parti de l’humanisme, du respect, de la tolérance. C’est le parti des gens qui ne sont pas contre quelqu’un mais pour quelque chose. Un parti ouvert sur l’avenir. Un parti dirigé par François Bayrou, un homme que je respecte pour une raison simple : il est le seul homme à pouvoir se rendre en banlieue seul. Un homme bien accueilli par l’ensemble de la population, un homme d’union. On ne peut pas en dire autant de Nicolas Sarkozy ». confie Azouz Begag à SaphirNews.com

D’une certaine manière, Azouz Bégag pense pouvoir accomplir avec François Bayrou ce qu’il n’a pu réaliser sous le gouvernement Villepin : une politique d’ouverture. « Je veux poursuive ma démarche d’ouverture politique à la diversité française. Ce que j’ai fait pendant deux ans. Avoir des députés à l’assemblée nationale, c’est un symbole extrêmement fort. Mais le plus important n’est pas d’avoir une identité en fonction de ses origines, mais une identité critique, d’homme libre, courageux, d’homme de convictions. J’espères que c’est cela que j’incarne aussi, une diversité française source de richesse. Il faut faire en sorte que le désir politique de s’exprimer de ces millions de français trouve un aboutissement. Je veux aussi pouvoir dire non à Brice Hortefeux, protecteur de l’identité nationale, chaque fois qu’il fera des propositions contraires au sens de l’hospitalité française, au sens de l’histoire de France, construite par des vagues d’immigrations successives. Je veux le faire sans langue de bois. »

Une refonte complexe

Mais cet optimisme, au Modem, tout le monde ne le partage pas. Karim Boumédjane, trente-trois ans, est amer. Investi candidat sur la 4è circonscription de Blanc-Mesnil en Seine Saint Denis, par le bureau national du Modem, Karim, conseiller départemental, s’est vu écarté au dernier moment par le président de la fédération régionale, qui n’est autre qu’un certain Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy. « Des candidats du Modem ont été écartés de la plupart des circonscriptions de Seine Saint Denis. La démarche de François Bayrou est de faire du Modem un parti libre, indépendant et nous autres militants, nouq oeuvrons pour un Modem à cette sauce là. Malheureusement, on a été enfermés dans les petites manœuvres qu’on dénonce et qu'on combat. Jean-Christophe Lagarde pour se faire réélire a pris en otage tout le 93. »

De quelles manoeuvres s’agit-il ? Avec qui et dans quel but ? « Le fond de l’accord passé entre Eric Raoult (UMP) et Jean-Christophe Lagarde est qu’aucun candidat UMP ne soit présenté dans sa circonscription et dans deux autres (la 3è et la 5è). Même chose pour les circonscriptions détenues par l’UMP, aucun candidat Modem ne leur sera opposé. Evidemment, aucun de nous n’a été informé ou consulté sur cet accord. En gros, nous avons été privé de notre investiture par le patron de la fédération. Le comble, c’est que Lagarde se présente finalement sans étiquette. »

Quand on lui demande ce qu’il va faire, Karim Boumédjane tente de maîtriser son écoeurement et répond calmement. « Nous ferons le bilan après les législatives. Il y a d’autres échéances qui vont venir. Nous allons poursuivre la fondation d’un centre indépendant et notre combat contre des pratiques d’un autre temps. » Et les municipales dans tout cela ? « Je serais candidat aux municipales, dans la commune de Blanc-Mesnil. » Affaire à suivre…