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Le Hamas au pouvoir. Et après ?

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Mardi 5 Décembre 2006 à 18:59

Le Hamas au pouvoir. Et après ? L’interrogation sonne comme une provocation. Et elle semble l’être en partie. Car Aude Signoles, enseignante en sciences politiques à l’université de La Réunion et spécialiste des territoires palestiniens et des questions de politique locale, nous rappelle, en publiant cet opuscule, que nous ne connaissons que très peu ce parti, arrivé au pouvoir en janvier 2006 à la faveur d’élections libres et démocratiques.



« Parce que l’arrivée au pouvoir du Hamas constitue un revirement politique conséquent en Palestine, susceptible de peser sur les rapports de force régionaux, et que cet événement ouvre aussi définitivement l’ère de l’après-Arafat, il était important d’y revenir et d’essayer d’en comprendre les principaux ressorts. » écrit Aude Signoles dans son introduction.

Revenant aux sources et aux causes de la création du Hamas, Aude Signoles retrace l’historique d’un mouvement parti de la base, de la proximité avec le peuple pour en arriver au sommet de l’état –des Territoires qui le composent.

Acteur essentiel

Enjeux, influences et autres débats internes ; en un texte clair, court et concis, l’auteur parvient à nous exposer ce qui a fait, qui fait et qui fera le débat politique au sein de la société palestinienne. Et le Hamas constitue un acteur essentiel de ce débat.

D’une « origine associative » à « l’engagement dans la lutte politique », en passant par l’étape essentielle qu’a constitué la première Intifada, qu’est-ce véritablement que le Hamas. Qui en sont les principaux représentants ? Quel est son programme ? Quels débats agitent le parti – car il est loin d’être uniforme et homogène - ? Qu’est-ce qui le différencie du Jihad islamique ? L’ouvrage d’Aude Signoles répond à toutes ces questions et à d’autres, et replace l’action du Hamas dans une dynamique générale qu’est celle de la société palestinienne dans son ensemble.

Et la « large victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006 », tout en constituant une grande première dans le monde arabe, « change peu de choses sur le terrain pour les Palestiniens ». Surtout du fait des réactions de la communauté internationale qui, dans sa grande majorité, a choisi de boycotter un gouvernement pourtant sorti des urnes, mais qu’elle juge « terroriste ».

Mais en écartant de fait de la scène internationale le Hamas et son gouvernement, cette même communauté internationale ne risque-t-elle pas de « voir les questions palestinienne et libanaise mises à l’agenda de groupuscule se revendiquant d’Al-Qaïda » ? Pour être tout à fait honnête, Aude Signoles rappelle bien que le « Hamas, comme le Hezbollah, est certes islamiste, mais profondément nationaliste. C’est à l’aune de cette dualité que l’on doit envisager son comportement sur la scène politique palestinienne et à l’international. »