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Le Général Irastorza quitte la Force Licorne

| Mardi 13 Juin 2006 à 22:23

           

Le général Elrick Irastorza quitte le commandement de la Force Licorne en Côte d’Ivoire, le 15 juin 2006, au terme d’un an de mandat. Devenant le numéro 2 de l'Armée de Terre, il sera succédé par le général de division Antoine Lecerf. L’Opération Licorne est l’opération militaire française la plus importante à l’étranger. Tentant de maintenir un semblant de paix en Côte d’Ivoire en proie à une guerre civile depuis plus de quatre ans, les forces armées étrangères devraient se retirer en décembre 2006, après les prochaines élections présidentielles ivoiriennes.



Le général Elrick Irastorza
Le général Elrick Irastorza

Bilan d’un mandat tumultueux

Né le 29 septembre 1950 à Maillezais en Vendée, Marié et père de 2 enfants, Le général Irastorza est un militaire décoré. Ayant participé à diverses opérations, notamment au Tchad en 1979 et au Cambodge en 1992, il est officier de la Légion d’Honneur et commandeur dans l’Ordre National du Mérite. Il est titulaire de la croix de la valeur militaire avec deux citations. Le Général de Division Irastorza a été nommé Commandant de la Force Licorne à compter du 15 juin 2005, succédant à l’homme dont le nom est intimement lié à la crise franco-ivoirienne de novembre 2004, Henri Poncet. C’est donc au terme d’un mandat d’un an que le général Irastorza devra céder le pas ce 15 juin, à son successeur, le général de division Antoine Lecerf.

Interviewé par Ouest France, le général Irastorza explique sa vision de la situation en Côte d’Ivoire : « Nous sommes actuellement dans une dynamique de sortie de crise que l'on n'a pas connue jusqu'à présent. (…) La machine va bloquer, elle peut s'arrêter, mais elle repartira. On saura dans quelques semaines, si la date du 30 octobre pour le scrutin présidentiel est tenable. » Pour ce général sur le départ, le rôle de l’Opération Licorne « est d'aider la Côte d'Ivoire à sortir de la situation dans laquelle elle est, au terme d'un processus électoral libre, transparent et ouvert à tous. (…) Nous accompagnons ceux qui veulent faire la paix. Et ils sont de plus en plus nombreux. » Une vision plutôt optimiste pour une situation qui reste des plus déplorable sur place. Le Conseil de sécurité des Nations unies a d’ailleurs prorogé ce 24 janvier, le mandat de l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire) et de Licorne jusqu'au 15 décembre 2006, soit après l'élection présidentielle prévue en principe avant le 30 octobre 2006.

Patrouille Française à Abidjan
Patrouille Française à Abidjan

Les factions armées en Côte d’Ivoire

Trois grandes forces armées s’affrontent en Cote d’Ivoire. Les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI), qui sont les forces gouvernementales officielles. Celles-ci sont renforcées par des mercenaires recrutés par le président Gbagbo et organisés en différentes milices armées. En face, les « rebelles » nommées les Forces nouvelles (FN) qui tiennent 60% du pays, avec environ 7 000 hommes armés. Les rebelles mettant en cause directement le concept d’ « ivoirité », ils sont largement soutenus par les populations du nord. Ce qui n’empêche pas certaines dérives meurtrières. Leurs revendications sont le départ de Laurent Gbagbo, l'obtention de la nationalité ivoirienne à tous les habitants du pays, le droit de vote et leur représentation à Abidjan.

Entre les deux, subsistent les forces d'interposition, sous mandat des Nations Unies. Les troupes françaises, fortes de plus de 4 000 soldats envoyés dans le cadre de l'opération Licorne et sous mandat de l'ONU, sont venues renforcer les forces onusiennes appelées ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire.)

Le concept d’ « ivoirité »

C’est Laurent Gbagbo, actuel président, qui dès 1993, demande une révision du Code électoral pour limiter le droit de vote et le droit de se présenter aux présidentielles, qu'aux Ivoiriens dit « de souche ». Cette révision impose à chaque candidat à la présidence de prouver son ascendance ivoirienne, garante de sa citoyenneté. Le concept d’ « ivoirité » est repris et introduit par Henri Konan Bédié, président ivoirien de 1995 à 1999. Il décrète ainsi qu’une personne est ivoirienne si ses quatre grands-parents sont nés en Côte d'Ivoire. Cette réforme permet, selon lui, à la Cote d’Ivoire de préserver son identité, mais surtout d'évincer son principal rival Alassane Ouattara, originaire du nord, dont les parents sont ivoiriens, mais traités de burkinabès. Cette réforme exclue donc une grande partie de la population ivoirienne, notamment issue du nord du pays, dont les patronymes ressemblent à ceux des immigrés de la même ethnie mais originaire de pays voisins. En plus d’une différence ethnique, les ivoiriens du nord sont majoritairement musulmans contrairement aux chrétiens du sud. Exaspérant la xénophobie ambiante, ce concept d « ivoirité » est largement mis en cause par les factions rebelles.

Un espoir de paix

Un sommet extraordinaire a réuni le 28 février 2006 presque tous les protagonistes de la crise ivoirienne. Ce fut la première fois que les principaux leaders se rencontraient depuis le début de la guerre civile en septembre 2002. Cette rencontre s'est ouverte à Yamoussoukro, capitale officielle du pays. Etaient présents : le Président de la République, Laurent Gbagbo, le Premier ministre, Charles Konan Banny, mais aussi le chef des rebelles, Guillaume Soro, et les dirigeants des deux principaux partis d'opposition, l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara et l'ancien chef de l'État Henri Konan Bédié. Malgré les nombreux accords du même ordre et jamais respectés, cette rencontre suscite de grands espoirs pour une possible issue du conflit. Un désarmement des milices rebelles a été décrété et devrait débuter ce 16 juin, au lendemain du changement de commandement de l'Opération Licorne.




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