Religions

Lancement des travaux de la troisième plus grande mosquée du monde à Alger

Rédigé par R.D | Mardi 28 Octobre 2008 à 15:24

Après celles de La Mecque et de Médine, la grande mosquée d'Alger sera le troisième plus important lieu de culte musulman du monde par sa taille, reléguant ainsi la mosquée Hassan II, au Maroc, à la quatrième position. Les premiers travaux de préparation du terrain débuteront officiellement ce mercredi 29 octobre. La date de livraison est prévue pour 2013.



C’est officiel. Le ministre algérien des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, l’a annoncé samedi dernier lors de son passage à Aïn Defla, à l’ouest de la capitale. Le chantier de la troisième plus grande mosquée du monde, après la Mecque et Médine, devrait débuter ce mercredi 29 octobre dans la commune de Mohammadia, en plein cœur de la baie d’Alger. Il s’agit des premiers travaux de viabilisation du terrain de 20 hectares sur lequel va être édifié La Grande Mosquée d’Alger, dont les premières pierres devraient être posées début 2009.

Il faudra attendre 2013 pour que le mega-complexe de 120 000 places, avec vue sur la mer, voie le jour. La vaste esplanade pourra accueillir 80 000 fidèles et la salle de prière jusqu’à 40 000 personnes. A la plus grande mosquée du monde, le plus haut minaret du monde. Presqu’aussi vertigineux que la tour Eiffel. A 24 m près, il surplombera de ses 300m l’ensemble du domaine.

En plus du strict lieu de culte, la Grande Mosquée devrait centraliser un ensemble d’autres établissements : une bibliothèque, un institut d’étude islamique, un centre culturel, une salle de conférences, des commerces et restaurants, un hôtel, un parking, des espaces verts et un parc de loisirs, d’après la société canadienne en charge de la maitrise d’ouvrage. Coût total de cette petite fantaisie : de 500 à 800 millions selon les sources officielles, et jusqu’à 4 milliards d’euros selon les estimations relayées dans la presse algérienne.

A l'image de l'Algérie

Ce gigantesque projet est dans les cartons du président Abdelaziz Bouteflika depuis 2004. En décembre de la même année, l’Agence nationale de réalisation et de gestion de de la Grande Mosquée d'Alger avait été créée pour coordonner l’ensemble des intervenants. En 2007, après un appel d’offre international, c’est l’entreprise québécoise d’ingénierie-construction, Dessau-Soprin, qui a décroché le contrat de gestion. Et en janvier 2008, c’est la maquette du cabinet d’architecture allemand, Krebs und Kiefer qui a été choisie par le président dans le cadre d’un concours international auquel seulement 17 bureaux d’études ont fait une offre. Selon les déclarations du ministre des Affaires religieuses sur la radio Chaine 2 en janvier dernier, propos relayés par le journal La Tribune, le projet retenu n’était pas définitif. Il devait encore subir quelques modifications et améliorations pour que cette œuvre soit, comme le souhaite le président algérien, le reflet fidèle de l’Algérie actuelle.

Plusieurs critiques et polémiques ont entouré ce projet depuis 2007. Des rumeurs d’irrégularité dans l’attribution des marchés au bureau canadien d’abord. Abdelaziz Bouteflika avait même gelé la procédure, rappelle Lematindz.net. D’autres soupçons ont entaché le dossier. Dans un article intitulé « Le délire pharaonique de Bouteflika », le quotidien Liberté mettait le doigt sur une faille, géologique. Celle du terrain qui doit supporter l’édifice. Dans son édition du 26 octobre, L’Expression indique que selon une source proche du dossier, des études techniques ont été menées « assurant que le terrain est constructible ».

Mais de toutes les critiques, ce sont celles concernant la démesure de ce projet qui font consensus. Dans un long article daté du 5 novembre 2007, El Watan pose la question : « L’Islam tolère-t-il le faste ? ». Et l’auteur rappelle, en prenant l’exemple de celle qui est aujourd’hui la plus grande mosquée du monde après celles des lieux saints : « la mosquée Hassan II (au Maroc, ndlr) n’est jamais pleine car après la curiosité du début, les fidèles ont préféré retourner aux petits lieux de culte de leurs quartiers ».