Société

Laïcité : nul besoin d’une loi pour les entreprises privées

Rédigé par | Jeudi 27 Juin 2013 à 20:30



Le rapport d’étape de l’Observatoire de la laïcité publié mardi 25 juin fait un état des lieux du respect de la laïcité dans les entreprises privées par l’intermédiaire d’Armelle Carminati, présidente du comité Diversité du Medef.

Dans les entreprises privées, l'appartenance religieuse affichée est « un des sujets les plus difficiles à aborder en entreprise, encore plus que l’an passé, mais toutefois moins que son orientation sexuelle », fait-elle part, constatant une progression des moqueries liées aux convictions religieuses sur le terrain.

Selon la présidente du comité Diversité du Medef, « les sondés ne voient pas ce thème (de la laïcité, ndlr) comme action prioritaire quand il s’agit de lutter contre les discriminations en entreprise. On peut parler d’"angle mort" dans les attentes des sondés ». 6% des situations liées à des problématiques d’ordre religieux seraient conflictuelles, note-t-elle.

« Cet état des lieux chiffré par plusieurs instruments appelle sans doute un besoin de pédagogie, beaucoup plus que d'une loi », ajoute-t-elle. Une phrase qui sonne comme un nouveau désaveu de la proposition de loi pour l’interdiction des signes religieux dans les entreprises introduite des députés de l’UMP mais rejetée début juin.

Des outils pour enrayer la solitude des managers

Cependant, « on observe une véritable solitude des managers, qui pour la plupart ignorent tout des sujets religieux et réagissent en toute subjectivité, parfois différemment d’un étage de la même entreprise à l’autre ».

« Il est très clair que les manageurs, sur le terrain, ont besoin de connaître les outils dont ils disposent », indique Armelle Carminati, qui fait part de la création de guides managériaux regroupant des outils utiles et concrets à titre individuel par des grandes entreprises, ou collectif par des associations comme IMS-Entreprendre en 2009, l’Association française des managers de la diversité (AFMD) en 2013 et le MEDEF à la rentrée 2013.

Du particulier à l'universel

En revanche, « légiférer pour banaliser trois des jours fériés en France afin que certains salariés puissent "poser des jours" pour raison religieuse » comme le propose l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH) serait une « fausse bonne idée » car, même si elle apparaît « neutre et bienveillante », une telle mesure obligerait « certains salariés à se dévoiler malgré eux, voire provoquer un regroupement "en tant que communauté" et créer de l'antagonisme ».

Pour Armelle Carminati, il faudrait surtout « partir des demandes particulières exprimées pour rechercher une solution apportant un bénéfice universel y compris pour ceux qui n’ont rien demandé », « ne pas tenter d’interpréter les textes religieux et s'en tenir à la situation de travail dans l'entreprise » et « invoquer le principe d'équidistance : neutralité et discrétion par rapport à ses confrères, à ses clients, à ses fournisseurs ».

Les solutions partant d’un dialogue constant entre cadres et salariés sont encore les plus appropriées pour parvenir à des situations apaisées dans le monde de l’entreprise.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur