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Arts & Scènes

La prison peut-elle être objet du rire ?

Théâtre

Rédigé par | Samedi 9 Février 2008 à 01:34

           

M, N, O, et P, voilà ce que nous sommes, des initiales, plus de nom mais une accusation : « Terroristes ! » Quand l’univers carcéral est rendu par une pièce de théâtre, le spectateur peut-il être touché par l’étau de l’oppression, par la cruauté des vexations de toutes sortes ? Oui, d’une certaine manière, surtout lorsque l’absurdité et l’injustice tirent leur source de situations réelles, relatées lors de conversations téléphoniques qu’avaient eues un prisonnier palestinien et une journaliste israélienne, et que la mise en scène est traversée d’un certain humour (glacé).



MurMure, pièce de Gaël Chaillat et d'Ariel Cypel, s'inspire, en effet, du récit de Mahmoud Zahari Al Safadi, qui, alors jeune leader palestinien, fut arrêté par l'armée israélienne lors de la première Intifada (1989), torturé et condamné à 27 ans de prison. C'est en 2004 que Amira Hass, qui vit à Ramallah et est la seule journaliste israélienne à rendre compte des événements depuis les territoires occupés, entre en contact avec Mahmoud Zahari Al Safadi, grâce à un téléphone mobile, pourtant illégal. Quatre mois plus tard, les téléphones sont cependant confisqués un à un, et leurs échanges continueront par lettres, sous contrôle de l'administration pénitentiaire.

La prison peut-elle être objet du rire ?
Dans MurMure, il est certes question de fouilles au corps, de punitions et de vexations multiples, d'un conseil de discipline, d'un brisage de grève de la faim par transfert des prisonniers et tabassage… Mais rien n'est montré crûment de tout cela. Cela est énoncé, suggéré, parlé, vociféré parfois, subtilement mis en scène, détourné par l'humour et le jeu des sept acteurs. Le déroulé est parfois difficile à suivre, oscillant entre les dialogues qui frôlent l'absurdité et ceux qui sont tirés de la réalité.

La peine ? « La décoloration, jusqu'à obtention de la transparence voulue. » Sous couvert de loufoquerie, la pièce rend ainsi compte des conditions d'enfermement de quatre prisonniers sous la surveillance d'une geôlière quasi psychotique qui aime à punir pour cause d'infraction au règlement (de 800 pages) : « Une fois de plus, vous refusez de ma part une proposition de solution extrêmement généreuse, ce qui prouve que vous ne voulez pas aboutir à un accord. Vous m'obligez à utiliser une violence que fondamentalement je réprouve », annonce-t-elle. Et voilà l'heure de promenade supprimée, l'heure de sport supprimée… «  Je veux que vous reveniez sur votre décision ! », clame M., un des prisonniers. «  Que je revienne sur ma décision ? N'importe quoi. J'ajoute six mois d'interruption des études à l'Université libre ainsi que la privation des visites de la famille. » «  Je conteste cette décision », reprend M. – «  Ecrivez une lettre au directeur ! »
 
Quand, enfin, les prisonniers contactent leurs familles, après 17 ans d'enfermement, ils se heurtent à l'incrédulité de leurs proches :
Le prisonnier N : Allô, maman, c'est moi. N.
La mère : Allô ? Qui est à l'appareil ? C'est la police ?
N. : Ecoute, maman, c'est moi, ton fils.
Mon fils ?
–  Ton fils !
–  Mon fils, il est en prison, c'est un héros, mon fils… Salopard de la police.
La mère raccroche.
 
Quelques scènes plus loin, pourtant : «  Je me suis rendu compte que notre société avait bâti un mythe : les prisonniers ne sont pas des héros. Ils ne sont ni si extraordinaires ni si différents. Ce sont des gens normaux. », s'exprime M. «  Si je devais revenir en arrière et que je devais choisir de nouveau, je choisirais le même chemin. Peut-être que je changerais quelques détails mais pas le chemin principal. J'appartiens à la résistance populaire. »
 
« Ce n'est pas un mur de l'apartheid, c'est une barrière de sécurité ! Ce n'est pas une occupation, ce sont les terres que l'Eternel nous a offertes ! », affirme haut et fort Shirley, la geôlière. « Ce n'est pas une ségrégation, ce sont des terres homogènes pour des peuples homogènes ! Ce n'est pas une prison, c'est une maison de décoloration. Je ne suis pas folle ! »« Mais non, tu n'es pas folle », la rassure fermement le directeur de la prison.
 
Le spectateur que nous sommes a bien du mal à le croire tant le conflit israélo-palestinien semble émaner d'une certaine folie des hommes… 
 


MurMure est encore joué le 9 et le 10 février à Paris (réservation fortement conseillée), le 12 février à Mantes-la-Jolie. En mars 2008, la pièce sera jouée, en hébreu, au Théâtre municipal de Haïfa (Israël), et en arabe, au Freedom Theater de Jénine (Palestine). Lors de sa diffusion, des ateliers de formation aux techniques du théâtre et du clown seront proposés aux professionnels et aux étudiants palestiniens du spectacle vivant.



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MurMure, de Gaël Chaillat et d'Ariel Cypel, d'après les conversations entre Amira Hass et Mahmoud Zahari Al Safadi.
Avec Elie Axas, Ariel Cypel, Sarah Chaumette, Guy Elhanan, Lahcen Razzougui, Stéphane Schoukroun.

Samedi 9 janvier à 20 h 30 ; dimanche 10 février à 17 h.
[Espace Confluences ]urlblank:http://www.confluences.net/ : 190, bd de Charonne – 75020 Paris – 01 40 24 16 46
M° : Alexandre-Dumas.
Entrée : 10 € ; TR : 7 €. 
 
Mardi 12 février 2008 à 20 h 30.
[Collectif 12 ]urlblank:http://www.collectif12.org : 174, bd du Maréchal-Juin – 78200 Mantes-la-Jolie – 01 30 33 22 65
Entrée : 10 € ; TR : 5 €.





Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur


Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par alami mehdi le 15/02/2008 19:18 | Alerter
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Règles pénitentiaires et leurs violations ne me font pas rire.

La présente, consacrée aux règles pénitentiaires en vigueur , étudie la détention et les prisons sous tous leurs aspects, notamment l’usage de la force, la sélection du personnel pénitentiaire et la protection des droits fondamentaux des détenus. Il s’appuie sur la Recommandation du Conseil relative aux Règles pénitentiaires , adoptée qui prolonge l’action entreprise dans le cadre de la Convention internationale des Droits de l’Homme et du Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants.

Le texte de la Recommandation est reproduit dans la première partie de l’ouvrage. Il est suivi d’un commentaire explicitant ses principaux points ainsi que les règles énoncées. La section finale passe en revue les récentes évolutions des Règles pénitentiaires européennes et présente une analyse en situation de leur fonctionnement et de l’efficacité de la détention comme forme de sanction. Elle met en contexte les objectifs que devraient viser les prisons d’Europe.

Cette étude intéressera les spécialistes des droits de l’homme, les chercheurs et les étudiants en droit, en criminologie et en relations internationales.



Depuis sa création, le Conseil a mis en place un système juridique commun aux Etats européens, fondé sur la démocratie, la prééminence du droit et les droits de la personne. Son œuvre normative a aidé ses membres à répondre aux défis que leur posait l’évolution de la société...  

2.Posté par msawri le 18/02/2008 13:37 | Alerter
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M. Alami Mehdi, estes - vous sûr de ce que vous avancez. Ce Othmani est-ce le fruit de votre imagination ou cet ignoble individu existe - t- il réellement ? Nul marocain ne peut croire que le Maroc est tombé si bas au point de vendre les organes des prisonniers à des pays étrangers. Les visites dans les prisons sont actuellement autorisées sans aucune restriction, la liberté d'expression éxiste, la presse est libre...les contacts avec les prisonniers libérés sont quotidiens et en masse...et, le moindre détail n' a été révélé jusqu'ici sur ces sauvageries. Les marocain se sont ni naifs ni aveuples. C'est plutôt un peuple vaillant et brave qui a toujours su défendre son honneur contre la tyranie. Si vous avez des preuves présentez-lez. Sinon, cessez d'intoxiquer ceux qui ignotrent encore la valeur des marocains.


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