Sur le vif

La laïcité, mauvais prétexte pour supprimer les menus sans porc

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 11 Décembre 2014 à 15:23



A la cantine de Sargé-lès-Mans, dans la Sarthe, ce sera du porc ou rien du tout. Prétextant la laïcité, le maire de la commune a décidé de ne plus proposer de repas alternatifs aux élèves qui ne mangent pas de porc, a-t-on appris mardi 9 décembre. Sa décision, qui concerne 27 enfants sur les 220 élèves, sera effective en janvier 2015. Elle suscite d'ores et déjà la polémique et ravive le débat sur la laïcité, quelques jours après l’affaire des crèches de Noël dans les institutions publiques.

« Le maire n'est pas tenu d'offrir des repas répondant aux exigences religieuses. C'est le principe de la laïcité », a déclaré Marcel Mortreau au micro d’Europe 1. L’élu divers droite de la commune a aussi invoqué un changement de prestataire pour justifier sa décision. Selon lui, la préparation de repas de substitution représenterait une « charge supplémentaire » pour l’entreprise qui assure la restauration scolaire depuis la rentrée. « Quand on demande au prestataire de confectionner deux repas, pour lui, en termes d'organisation, c'est une charge supplémentaire », a expliqué l'édile.

Faux, assure Christophe Langevin, responsable de Restauval Ouest, le prestataire chargé d’élaborer les repas. Sa société « n’a rien à voir avec tout cela », se défend-il. « Nous n'avons fait que répondre à un appel d'offres. Nous ne sommes pas prescripteurs et nous exécutons la prestation qu'on nous a demandé d'effectuer », poursuit-il.

Selon ce dernier, « cela arrive depuis des années et dans plus de villes qu'on ne croit. Les cantines signalent juste que tel plat contient du porc, mais il n'y a pas de plat de substitution ». C’est, par exemple, le cas à Lagny-le-Sec, dans l’Oise, où la municipalité a décidé de ne plus servir de menus de substitution sans porc depuis la rentrée scolaire, invoquant le même prétexte de laïcité.

Les décisions de ces maires n’ont rien d’illégales, l’offre de choix dans les cantines scolaires relevant du conseil municipal. Une décision du Conseil d’Etat en 2002, une circulaire du ministère de l’Intérieur en 2011 et le rapport du Défenseur des droits sur les cantines scolaires de 2013 confortent leur libre arbitre dans l’élaboration des menus.

Mais « si aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d’un service facultatif, (…) la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus », avait fait savoir en octobre dernier l’Observatoire de la laïcité, évoquant le cas de Lagny-le-Sec. L’instance a réaffirmé cette position dans un nouveau communiqué diffusé mercredi 10 décembre à propos de la décision de la mairie de Sargé-lès-Mans.

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