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Cinéma, DVD

La graine et le mulet consacré aux Césars

Rédigé par Fériel Berraies Guigny | Lundi 25 Février 2008 à 10:11

           


© pathen renn production
© pathen renn production
Le mois de novembre 2007, la présentation presse du film de Abdellatif Kechiche, la Graine et le mulet à la maison, avait eu lieu à Pathé Renn Production, à Paris . Cette avant première avait déjà mis l'eau à la bouche, à nous cinéphiles et presse avertis. Ce film événement à petit budget, avait en effet réuni tout un parterre de journalistes internationaux. Ils étaient venus assister sur trois séances, à la projection de ce film qui a raflé la plus prestigieuse récompense de la Mostra de Venise.

La Graine et le Mulet, troisième long métrage d'Abdellatif Kechiche, avait il faut le rappeler, remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise 2007.
Aujourd’hui, il est une nouvelle fois consacré à la 33ème cérémonie des César. La Graine et le Mulet, a remporté quatre César dont meilleur film et meilleur réalisateur pour Abdellatif Kechiche.
La Graine et le Mulet a également obtenu le trophée du meilleur scénario original tandis que le prix du meilleur espoir féminin est revenu à Hafsia Herzi. Abdellatif Kechiche crée une nouvelle fois la surprise, après les quatre César récoltés en 2005 pour



Parcours d’un cinéaste hors normes :
Kechiche est né à Tunis en 1960, acteur au théâtre, puis au cinéma où il tint notamment le premier rôle du Thé à la menthe (1984) d'Abdelkrim Bahloul avant d'apparaître dans Les Innocents (1987) d'André Téchiné, il passera à la réalisation avec la
Faute à Voltaire (2000. Le film récompensé par la Mostra de Venise pour la première œuvre, avait auparavant fait prés de 80 000 entrées lors de sa sortie en France.

Mais le cinéaste n’eut pas le tapis rouge en début de carrière. Pour le film suivant, il dut littéralement se battre pour le produire. L'Esquive produit pour 500 000 euros fut tourné en vidéo numérique avec des acteurs non professionnels, dans la cité des Franc-Moisins à Saint-Denis.
L'Esquive raconte l'histoire d'un groupe de jeunes d'une cité dont les intrigues sociales et sentimentales s'entremêlent avec ceux des Jeux de l'amour et du hasard de Marivaux qu'ils sont en train de monter. Grosse surprise générale, ce film allait remporter bien des défis et asseoir la réputation du cinéaste. Ce film arrachera un grand nombre de récompenses à la cérémonie des Césars en 2005 (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur espoir féminin, meilleur scénario) et 300 000 entrées à la clé.

Mais l’aventure pour Kechiche continue, puisqu’il se fera remarquer par Claude Berri, qui
S’intéresse au cinéaste et l'engage sous la bannière de Pathé Renn Production. Une des plus grandes maisons de production en France.

La Graine et le Mulet sont donc le dénouement de ce parcours prometteur mais également de l’histoire. Slimane, son personnage principal, est un vieux travailleur des chantiers navals du sud de la France qu'on licencie sans préavis et sans état d’âme, parce qu'il n'est plus "rentable".. Avec cette fresque humaine et quelque peu minimaliste, le cinéaste consacre après l’Esquive, une seconde fois le film « populaire » au grand cœur.

Il nous parle de ces thèmes si chers à son cœur : Famille, arabes de France, chômage, exclusion, immigration, banlieue et précarité. Dans son récit, il nous dépeint aussi les caricatures d’une famille, ses déchirements, ses secrets, sous la forme d’un feuilleton familiale. On rit, on s’amuse, on pense parfois à l’excès mais l’on est également touché par l’humanité de certaines situations. Laissant libre cours à certaines digressions, le tabou, l’adultère, la recherche du plaisir et des sens, le cinéaste n’en oublie pas pour autant la dimension romanesque de l’histoire. On pourrait presque en première partie du film penser « qu’il y a un sens et une juste récompense à la persévérance « et en l’occurrence à la débrouillardise, mais la seconde partie de l’histoire prendra une tournure tragique. Ce film veut également déranger et faire réfléchir en offrant un contraste entre le regard quelque peu stigmatisateur de l’Occident par rapport à l’immigration maghrébine et celui du cinéaste désireux de casser les représentations méprisantes et réductrices par rapport à cette communauté. Ces français- arabes qui revendiquent leur droit à la différence et la coexistence. L’idée de la graine et le mulet comme l’explique Kechiche est née de cette envie de raconter la vie de sa propre famille installée à Nice, et ce bateau restaurant que son héros voulait monter en restaurant, c’est un peu lui même tentant « de monter » ses propres films avec un petit budget. Ce film est aussi un hommage à un père disparu lors du tournage du film l’Esquive.

© pathen renn production
© pathen renn production
A travers le personnage du père, Kechiche tente également de rendre hommage à cette première génération des pères de l’immigration, trop vite oubliés.
L e cinéaste a peiné avant de faire la Graine et le Mulet, touché par deux fois par des épreuves dans sa vie personnelle. C’est la rencontre avec Claude Berri qui précipitera les choses.
Quand on lit le titre de ce film « La graine et le mulet » on en a presque l’eau à la bouche pensant à notre fameux couscous national au poisson et de fait, certaines scènes du film sont d’une intense sensualité, dimension contemplative et participative que l’on retrouve dans les rites de chez nous quand on prépare la table pour une « lemma » familiale, pour manger, rire, s’aimer et se disputer.

Le regard de kechiche est plein de tendresse et d’amour pour ses personnages et l’on sent véritablement qu’il ne fait que dépeindre un environnement qui lui est très familier. Mais il n’en est pas moins contestataire dans son approche, mettant en exergue la difficulté du rapport nord sud entre deux peuples qui se sont aimés et déchirés à travers l’histoire des conquêtes et des migrations.

Un cinéma vérité, sans artifice ou séduction à tout prix, un cinéma qui marque comme la dernière partie du film, où le spectateur ressort quelque peu bouleversé. Par un jeu de montage parallèle, Kechiche filme une danse orientale endiablée, comble de la vie et de la sensualité alors qu’en même temps, une autre scène dramatique se met en lumière l’agonie future de son héros, qui succombe à un arrêt cardiaque le soir de l’inauguration de son restaurant.
Eros et thanatos étroitement liés dans une dimension tragique à venir.


Synopsis :
Monsieur Beji la soixantaine fatiguée, se traine sur le chantier naval du port dans un emploi devenu pénible au fil des années. Pére de famille divorcé, s’attachant à rester proche des siens, malgré une histoire familiale de ruptures et des tensions que l’on sent prêtes à se raviver, le héros traine un sentiment d’échec et au crépuscule de sa vie, fait face à l’inutilité.
Faisant fi d’un destin qui le prédestine à une impasse sociale et affective, Monsieur Beji décide de monter un restaurant où la spécialité de la maison sera le couscous au poisson. Au départ ce projet se heurtera à tous les affres de l’administration française qui ne croyait pas au projet :insolvabilité, concurrence des autres restaurants dans la marina marseillaise etc…
Mais l’esprit de clan, la famille et les amis, et le sens de la débrouillardise auront gain de cause. Monsieur Beji décide de faire une soirée d’inauguration, où il convie tout le personnel administratif qui ne croyait pas en son projet. Son rêve est sur le point de se réaliser, quand cruauté du destin…

Fiche technique :
Festival de Venise 2007 : Récompensé de
Hirsh et Pathé Renn production
La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche
Avec : Habib Boufares, Hafsia Herzi, Faridah Benkhetache et Abdelhamid Aktouche
Sortie prévue le 12 décembre
Durée : 2h31




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Film génial le 26/02/2008 15:35 | Alerter
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Je ne suis pas amateur de ciné ! Mais honnêtement, ce film est vraiment canon! j'ai adoooooré
C'est à voir absolument par toutes celles et tous ceux qui veulent comprendre la situation des premiers migrants d'origine maghrébine en France aujourd'hui. Je suis sorti de la salle j'avais envie d'un bon couscous. Je vous assure... Et la prestation des acteurs, de tous les acteurs, principaux comme figurants; je vous assure c'est de la balle !
Bon on ne peut pas le raconter. Il faut aller le voir !

2.Posté par hk le 26/02/2008 16:56 | Alerter
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bismillah
salam alikoum
bon que dire que dire.
ça commence mal. une scène d'adultère trop osée et très haram montre qu'on a pas affaire à des terroristes intégristes.
M Beji, un personnage gentil en apparence se fait licencier car il n'a pas l'allure nécessaire est n'est donc pas rentable.
on apprend ensuite qu'il est divorcé. que sa vie de misère l'oblige à louer une chambre dans un hotel miteux.
quelques scènes désagréables pour un musulman gachent ce film qui aurait pu être intéressant sans mérité vraiment un césar.
bref on voit comment certains français de souchent voient les arabes : un folklore culinaire et musico-sexuel.
le réalisateur avait besoin de montrer qu'un ou une arabe peu faire de belle choses à 60 ans ou à 20 ans : du couscous et une danse du ventre!
là où on attend une surprise on tombe sur les cliché bien ancrés dans nos têtes les français aiment les arabes pour le couscous la musique et les arabes ne réussissent que par ces méthode (ou le foot)
perso en tant que musulman je regrette d'être allé voir ce film. mais aussi en tant que citoyen.


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