Finance éthique

La finance islamique : Sujet tabou en France ?

Rédigé par Jessica Barre | Mercredi 23 Avril 2008 à 11:30

La finance islamique, nouveau marché mondial de 500 à 800 milliards de dollars, reste un sujet difficile à aborder en France.



Islamic Bank of Britain
Si la finance islamique semble, d’après de nombreuses sources, le sujet incontournable depuis quelques temps dans un monde économique et financier en ébullition, il reste un sujet épineux selon les experts interrogés par Saphirnews.

En France, il "n'existe pas de réels blocage juridiques sur la finance islamique M Patel, Directeur de Recherche et Stratégie pour Asset Management, explique cependant que
"lorsqu’il s’agit de proposer des produits grands publics, elle nécessite le respect de la loi bancaire et les aménagements fiscaux, ce qui devient tout de suite plus complexe."
La France est considéré comme « en retard » au regard des nombreux pays occidentaux, comme en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suisse où les établissements financiers ont même quelque fois, comme l’Islamic Bank of Britain, pignon sur rue. A Paris, même si récemment des colloques ont été initiés en ce sens, il n’y a pas encore de banque islamique.
Les raisons ? Selon M. Despres, la finance islamique reste un sujet complexe, qui demande réflexion, car des questions d’ordre religieux comme de pouvoir se posent en priorité aujourd’hui en France.


Finance islamique et laïcité en France

Concernant la question de laïcité, face à l’émergence de la finance islamique dans le monde, M. Logier, Professeur des universités et Directeur de l'Observatoire du religieux à l'IEP d'Aix-en-Provence, déclare que « c’est un sujet en parfaite adéquation avec les questions actuelles de notre société, qui à tendance à valoriser le qualitatif sur le quantitatif ».

En effet, toutes les sociétés post-productifs ont subi une évolution liée aux valeurs et modes de vie en général, symbole d'un souci d’éthique. Par ailleurs, la loi 1905, qui annonce la séparation de l’Eglise et de l’Etat « ne consiste pas pour l’Etat d’imposer ses valeurs, mais consiste uniquement à ne pas intervenir dans la politique des pratiques religieuses. » selon M Logier.

La laïcité, pour M Logier, c’est cette idée de pluralisme et de liberté des choix. On peut penser alors qu’il y a une véritable nécessité pour le monde économique français de comprendre les intérêts des musulmans de France à choisir ce type de produit financier. Produit en rapport avec leurs pratiques religieuses, comme on a pu le voir en Grande-Bretagne, première industrie de la finance islamique en Europe.


Et le consommateur dans l’histoire ?

Une manière de résoudre la question de la finance islamique en France, ce serait selon M. Despres, PDG de SOPI Communication, d’effectuer une étude en profondeur pour tenter de trouver une solution qui répondrait aux attentes du consommateur.

Selon M. Fregosi, Chargé de recherche au Centre national de Recherche Scientifique à l’Université de Strasbourg, Responsable scientifique de l’Observatoire du religieux, souligne que les préoccupations des musulmans de France, touchent avant tout les thèmes de la pratique religieuse, et les problèmes d’ordre social.

Il estime, par ailleurs, que « le sujet de la finance islamique en France n’est peut-être pas la priorité à l’ordre du jour pour une partie de la population musulmane de France qui ne disposent pas de ressources nécessaires pour placer leur argent». Par conséquent, « si jamais ce produit voit le jour en France, il faudra étudier la viabilité éconimique d’un tel projet au regard de la population musulmane ».