Sur le vif

La détresse des sans-abri resurgit avec force dans le débat public

| Mardi 26 Décembre 2006



La détresse des sans-abri resurgit en France en ce début d'hiver, sous l'impulsion des Enfants de Don Quichotte, une toute jeune association qui a installé de manière spectaculaire des tentes sur le bord du canal Saint-Martin, à Paris.

Alors que le froid s'installe, l'action inédite des Don Quichotte bénéficie d'un écho non négligeable dans les médias, en phase avec un sondage Emmaüs-BVA qui révélait déjà, début décembre, que 48% des Français se sentaient personnellement menacés par le risque d'exclusion.

Le 19 décembre, après avoir campé pendant six semaines avec des SDF à Paris, deux frères, Augustin et Jean-Baptiste Legrand, l'un comédien, l'autre producteur, installent 150 tentes le long du canal Saint-Martin (Xe) pour alerter les "bien-logés" sur le sort des sans-abris.

Catherine Vautrin, ministre de la Cohésion sociale, qualifie alors de "poudre aux yeux" et de "leurre" leur action. Elle devait pourtant les recevoir mardi après-midi, au lendemain de Noël.

Bien qu'ayant renoncé presque aussitôt à leur grève de la faim commencée lundi, les Don Quichotte apparaissent déterminés à obtenir des pouvoirs publics la prise en compte de leur "Charte du canal Saint-Martin, remise à la présidence de la République".

Cette charte réclame l'ouverture des structures d'hébergement "24 heures sur 24 et 365 jours par an", la création "immédiate d'une offre de logements temporaires", la création de "plus de logements sociaux" et le développement de "formes alternatives de l'habitat".

Selon Emmaüs France, un million de personnes en France sont aujourd'hui privées d'un logement personnel : 100.000 sont à la rue, les autres vivent dans des caravanes, foyers et autres logements de fortune.

Des chiffres bien en-deçà de la réalité, estime Augustin Legrand : "le recensement est difficile, car les SDF se planquent. Ils ne veulent pas être emmenés de force dans des centres taudis, où ils craignent la gale, les morpions et sont obligés de dormir habillés avec leurs papiers sous l'oreiller".

Mme Vautrin a rappelé mardi que le nombre de places dans les centres d'hébergement avait été porté à 105.000 places, dont 10.000 pour la seule période hivernale, soit 4.500 de plus que l'hiver 2005-2006.

En France, il existe 22.531 places pour l'hébergement d'urgence et 31.185 dans les centres d'hébergement et de réinsertion sociale, alors que "le gouvernement consacre 1,150 milliard d'euros pour le problème de l'urgence", a rappelé la ministre. Elle a fait valoir la création de 800 places en hébergement de stabilisation (accueil 24 heures sur 24, pour une durée de trois mois avec un accompagnement au cas par cas pour la réinsertion des SDF)

"Les associations sont unanimes pour dire que l'hébergement d'urgence est idiot: il faut de l'hébergement de longue durée avec des soins adaptés pour les toxicomanes et les alcooliques, par exemple", a répliqué de son côté Augustin Legrand.