Votre revue de presse

La démocratie à l’assaut de l’islamisme ?

Rédigé par princevaillant@ymail.fr | Vendredi 30 Avril 2010 à 09:01

L’islamisme est-il anti-démocratique ? À la lumière d’une enquête ethnographique sur le fonctionnement de la Jamaat-e-Islami en Inde, Irfan Ahmad montre au contraire qu’il parvient à s’accommoder des repères et répertoires démocratiques, jusqu’à produire une certaine atténuation de ses formes les plus extrêmes.



Le radicalisme islamique est-il soluble dans la démocratie ? C’est à cette question, qui depuis plusieurs décennies déjà déchire les spécialistes du monde musulman, qu’est consacré l’ouvrage d’Irfan Ahmad, Islamism and Democracy in India. The Transformations of Jamaat-e-Islami (Princeton University Press, 2009).

Dans la lignée des travaux d’Olivier Roy sur l’Afghanistan et le Moyen-Orient ou de ceux de Robert Hefner sur « l’islam civil » indonésien, ce jeune anthropologue indien cherche ici à démontrer que l’islam politique n’est pas l’otage de son apparent dogmatisme idéologique ou de son rigorisme religieux. Traversées de clivages internes et souvent bien plus enclines au pragmatisme qu’elles ne le laissent paraître, les organisations islamistes ne sont pas des corps inertes, imperméables aux changements de leur environnement : « il y a du mouvement dans le mouvement islamiste » (p. 217).

La thèse défendue par Ahmad tout au long de l’ouvrage peut se résumer ainsi : si un contexte répressif tend à bloquer les réformes internes de ces organisations, un environnement démocratique durable a, au contraire, toutes les chances de contribuer à leur modération. La modération des uns (les pragmatistes gagnés par l’esprit délibératif) fait cependant la radicalisation des autres (les gardiens du dogme, dénonçant les compromissions de leurs aînés). Les relations entre islamisme et démocratie sont donc loin d’être univoques. Les mêmes causes peuvent avoir des effets contraires, bien qu’il faille se demander, à la suite d’Ahmad, si les dynamiques de radicalisation en question ne sont pas elles-mêmes le produit d’une intériorisation des normes démocratiques dans les franges en apparence les plus antidémocratiques de ces mouvements. Lire suite de l'article

Auteur : Laurent Gayet - 28/04/2010
Source : LaViedesidées.fr