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Sur le vif

La Mauritanie veut systématiser la peine de mort pour blasphème

Rédigé par | Mardi 21 Novembre 2017 à 17:24

           


Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir a été condamné pour blasphème mais a pu être libéré en novembre. Après cette libération, l'Etat mauritanien a cependant souhaité renforcer sa législation en systématisant la peine de mort pour blasphème, même en cas de répentir. © HRW.
Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir a été condamné pour blasphème mais a pu être libéré en novembre. Après cette libération, l'Etat mauritanien a cependant souhaité renforcer sa législation en systématisant la peine de mort pour blasphème, même en cas de répentir. © HRW.
Un projet de loi durcissant la législation en vigueur contre les auteurs d’apostasie et de blasphème a été adopté par le gouvernement mauritanien selon l’agence de presse AMI. « Chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager, ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes est passible de la peine de mort même en cas de repentir », a déclaré le 16 novembre le ministre de la Justice Brahim Ould Daddah.

Ce projet de loi abroge et remplace l’article 306 du Code pénal. Cette décision a été prise suite à l’affaire Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir. Ce blogueur mauritanien a été détenu en prison pendant près de quatre ans pour un article jugé blasphématoire. Le 25 décembre 2014, la cour criminelle de Nouadhibou, dans le nord-ouest du pays, a condamné à mort le blogueur pour s’être rendu coupable d’apostasie car il avait « parlé avec légèreté » du Prophète Muhammad.

Dans son article, Mohamed Ould Mkheitir avait affirmé que certaines personnes en Mauritanie se servent de la religion pour justifier des discriminations raciales ou de caste. Il s’était appuyé sur des exemples inspirés de la vie du Prophète Muhammad pour condamner ces pratiques. Le jeune homme a ainsi dénoncé les discriminations dont sont victimes les membres de sa communauté, les Maalmines (la caste des forgerons et des artisans), tant sur le plan social que religieux.

Le 9 novembre dernier, le blogueur a finalement vu sa condamnation à mort être convertie en une peine de prison de deux ans. Il a été libéré dans la foulée. La Cour d’appel de Nouadhibou a suivi l’article 306 du Code pénal qui prévoit que, si le prévenu se repent avant la décision de justice, elle peut commuer la peine capitale en sentence de trois à vingt-quatre mois de prison. Le projet de loi est la (mauvaise) réponse de l'Etat à la libération du militant.

Selon un rapport du Département d’Etat américain, la Mauritanie n’a jamais mis à exécution une peine capitale pour apostasie depuis son accession à l’indépendance en 1960. De plus, l’Etat mauritanien a ratifié le Pacte international des Nations unies relatifs aux droits civils et politiques dont l’article 6 stipule que les pays qui n’ont pas aboli la peine de mort doivent la réserver « exclusivement aux crimes les plus graves ».

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