Religions

La Conférence des évêques suisses se penche sur les mariages islamo-chrétiens

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Mercredi 9 Mai 2007 à 11:59

« Les mariages mixtes, c’est beau et ça donne de beaux enfants ! » C’est la phrase que tout couple mixte aura entendu au moins une fois au cours de son existence. Pourtant même s’il est vrai que les mélanges et la mixité sont préférables au repli sur soi et aux mariages homogamiques à tout prix, il est tout aussi vrai que de réelles difficultés attendent les couples mixtes, et encore plus les couples de confessions différentes. La conférence des évêques suisses (CES), qui s’est tenu à la mi-avril 2007 a pour sa part rédigé deux fiches pratiques à l’intention de ceux qui souhaiteraient contracter un mariage islamo-chrétien.



De 23 825 en 1995, le nombre de mariages mixtes contractés en France est passé à 42 623 en 2005, selon les chiffres de l’Institut national des études démographiques (INED). Ces mariages, la revue La Documentation catholique les classe en deux catégories : les mariages « mixtes » ou « interconfessionnels, qui voient s’unir « un( e) catholique baptisé( e) et un( e) baptisé( e) d’une autre confession chrétienne (orthodoxe ou protestant) », et les mariages « avec disparité de culte », contractés entre « un( e) catholique et un( e) non baptisé( e) ». Célébration du mariage, éducation des enfants, etc., après la lune de miel, voire bien avant, les couples islamo-chrétiens souhaitant s’unir par les liens du mariage sont tôt ou tard confrontés à des réalités qui les dépassent parfois. Et comme pour tout mariage mixte, les surmonter constitue souvent une gageure.

Le groupe « Islam » de la Conférence des évêques suisses qui s’est tenue à la mi-avril 2007 a planché sur ce sujet qui prend de plus en plus d’ampleur. Deux fiches en sont ressorties, destinées à « donner aux prêtres, diacres et agents pastoraux laïcs des indications pour celles et ceux qui veulent conclure un mariage catholico-musulman ».

Conception du mariage

« En raison des conséquences qui en dérivent au plan religieux, culturel, social et au niveau du dialogue interreligieux, l'Église catholique romaine n'encourage pas ces mariages [islamo-chrétiens, ndlr], selon une position partagée également par les musulmans eux-mêmes » écrit la Documentation catholique . C’est pourquoi désormais, des conditions drastiques devront être remplies par la partie catholique si elle désire célébrer religieusement son union avec un musulman. Monogamie obligatoire pour le partenaire musulman, engagement à « vivre en conformité avec sa foi catholique » et « faire baptiser et éduquer dans la confession catholique les enfants issus du mariage », pour pouvoir obtenir une « dispense d’empêchement de disparité de culte », en clair pour pouvoir se marier à un( e) musulman( e), ce sont ces trois conditions principales que devront dorénavant remplir les partenaires avant de pouvoir s’unir.

Polygamie, autorité supposée de l’homme sur la femme, conversions pour une « question de commodité du vivre ensemble », ce sont certains des thèmes sur lesquels revient aussi la Conférence des évêques suisses, thèmes sensibles et polémiques par excellence.

Préparation du mariage

Une fois entendus au sujet de la cérémonie religieuse, qu’en est-il de l’après mariage ? C’Est-ce que s’applique à décortiquer la seconde fiche rédigée par la Conférence des évêques suisses. Afin de permettre aux futurs mariés de faire leur choix avec discernement et en connaissance de causes, l’Eglise catholique revient avec cette seconde fiche sur l’aspect plus culturel que religieux qui caractérise la communauté musulmane. D’ailleurs, la distinction est à saluer puisque, en dehors de toutes prescriptions religieuses, il existe en effet des traditions et comportements propres à « chaque aire culturelle .

Pratique religieuse, éducation des enfants, contrat de mariage, retour vers le pays d‘origine, « pour des couples croyants, le simple respect de la religion de l'autre n'est pas suffisant dans la durée ».

Au regard des difficultés qu’ont à surmonter les couples mixtes islamo-chrétiens, il est clair que l’initiative de la CES est à saluer. Pourtant, la stigmatisation et la focalisation sur des sujets tels que la polygamie - de moins en moins répandue, et l’autorité de l’homme sur la femme - discutable, restent à déplorer.

« Deux conjoints de religions aussi différentes que l'islam et le christianisme peuvent, sans drame, découvrir qu'ils ont en commun beaucoup plus qu'ils ne le savaient. Leurs idées sur Dieu peuvent différer, mais ils peuvent paisiblement reconnaître que Celui qu'ils nomment et recherchent est le Dieu Unique qui est au-delà de toute idée humaine, Celui qui a tout créé, qui les connaît, chacun par son nom, qui les a appelés à une expérience de foi, de confiance, de prière. Ils peuvent, dans un climat de remise de leur vie à Dieu, accepter de ne pas pouvoir faire toute la lumière sur leurs différences doctrinales », écrit pourtant dans la revue Accueil rencontre Jean Marie Gaudeul, du Secrétariat pour les relations avec l'Islam (SRI).