Sur le vif

L'islamophobie progresse en Europe

Rédigé par Laila Elmaaddi | Lundi 18 Décembre 2006 à 17:26



Agressions, discriminations en matière d'emploi, d'éducation et de logement... les musulmans d'Europe sont confrontés à une montée de l'islamophobie, souligne l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) dans un rapport publié lundi.

L'étude de 117 pages, intitulée "Les musulmans au sein de l'Union européenne: discrimination et islamophobie", examine les données disponibles sur les discriminations et actes d'islamophobie.

Quelque 13 millions de musulmans vivent dans les 25 pays de l'UE, soit 3,5% de la population de l'ensemble. Le rapport "souligne leur vulnérabilité à la discrimination et montre qu'il reste beaucoup à faire" pour qu'ils bénéficient "des mêmes droits à l'égalité de traitement et de la même qualité de vie que les autres Européens", note Beate Winkler, directrice de l'EUMC, basé à Vienne.

"Leur situation défavorisée, les preuves d'une montée de l'islamophobie et les craintes suscitées par des processus d'aliénation et de radicalisation ont déclenché un débat intense dans l'UE", explique-t-elle.

Le rapport précise que les actes de discrimination et les manifestations d'islamophobie, qui vont des menaces verbales aux agressions physiques, restent sous-déclarés. Il évoque des centaines de cas signalés de violence ou de menaces depuis 2004: des actes de vandalisme contre des mosquées et des centres islamiques, des insultes visant des femmes voilées ou encore des agressions, comme cette famille somalienne au Danemark attaquée par un groupe armé de battes de baseball ornées de croix gammées et de slogans racistes.

L'étude souligne que les "données relatives à des incidents à connotation religieuse sont collectées de façon limitée". Seule la Grande-Bretagne publie une liste de crimes racistes qui identifie spécifiquement ceux commis contre les musulmans.

Les musulmans pensent que leur acceptation est de plus en plus fondée sur l'"assimilation" et l'idée selon laquelle ils devraient perdre leur identité musulmane, souligne Mme Winkler. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, beaucoup ont le sentiment de faire l'objet "d'une suspicion générale de terrorisme", ajoute-t-elle.

Les actes d'islamophobie ont augmenté de 500% en Grande-Bretagne dans les semaines qui ont suivi les attentats de Londres en juillet 2005, mais ont ensuite chuté fortement après que les autorités et les chefs religieux eurent travaillé ensemble pour calmer les esprits. "Le mot clé est 'respect'", souligne Mme Winkler.

Le rapport recommande aux Vingt-Cinq de mettre en place des mesures visant à lutter plus efficacement contre la discrimination et le racisme. L'organisation appelle également l'Union à améliorer l'égalité d'accès à l'emploi et à se pencher sur "les raisons des différences de niveaux d'études".

Aujourd'hui, les musulmans européens "sont souvent représentés de manière disproportionnée dans les zones où les conditions de logement sont mauvaises, alors que leur réussite scolaire est inférieure à la moyenne et leur taux de chômage, lui, supérieur à la moyenne".