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Religions

L’euthanasie dans la campagne électorale, qu’en disent les religions ?

Rédigé par | Mardi 27 Mars 2012 à 19:31

           

L'euthanasie s'est invitée en mars dans la campagne électorale. L'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), à l'origine de la campagne publicitaire choc dénonçant la posture de plusieurs candidats à la présidentielle, s'active pour que la loi Léonetti encadrant la fin de vie évolue vers une dépénalisation de l'euthanasie. Toutefois, les détracteurs de l'association n'ont pas dit leur dernier mot. Les représentants des religions monothéistes ne sont pas prêts non plus à un changement de la législation.



François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen mis en scène depuis mars dans des affiches destinées à promouvoir l'euthanasie en France.
François Bayrou, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen mis en scène depuis mars dans des affiches destinées à promouvoir l'euthanasie en France.
Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marine Le Pen mourants sur leurs lits d’hôpital. Ces images chocs mettant en scène les trois candidats à l’élection présidentielle, opposés à toute évolution de la loi encadrant la fin de vie, font de l’effet depuis leur sortie en mars. Sous le slogan « Monsieur le candidat, doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l'euthanasie? », l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) veut mettre le débat de l’euthanasie au centre de la campagne électorale.

Pour se faire, l’ADMD, qui revendique 48 000 adhérents, a organisé, samedi 25 mars à Paris, un rassemblement pour réclamer la légalisation de « l'aide active à mourir ». Partisans notamment de l'injection létale, près de 2 000 personnes se sont rassemblées place de la République pour une marche vers le Cirque d'hiver où s’est tenu un meeting en présence du maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et d’Eva Joly (EELV). « Les politiques se prononcent sur l'euthanasie, ce qu'ils ne faisaient pas avant. C'est la première fois que ce thème est autant traité dans une campagne », estime Jean-Luc Romero, président de l'ADMD.

L'euthanasie reprimée par la loi

Cependant, les anti-euthanasie n’étaient pas loin. A l’appel d’Alliance Vita, quelque 500 personnes se sont réunies de leur côté samedi pour dénoncer la campagne de l’ADMD. Preuve que cette question divise largement les Français. « L'euthanasie est une mauvaise réponse aux questions légitimes que se posent les Français sur la souffrance, la dépendance et le grand âge », a déclaré le président de l’association anti-euthanasie, Xavier Mirabel.

En France, l’euthanasie, considérée comme un empoisonnement prémédité ou un assassinat, est punissable théoriquement de 30 ans de prison pour l'un et de la réclusion criminelle à perpétuité pour l'autre. Depuis 2005, la loi Leonetti proscrit l'acharnement thérapeutique, permettant ainsi aux malades de renoncer à l’utilisation de médicaments ou de machines les maintenant en vie lorsqu’aucun espoir de guérison n’est entrevu par les médecins, et instaure de fait un droit au « laisser mourir ». Elle autorise l'administration par les médecins de doses parfois massives de sédatifs pour soulager le patient, au risque d'abréger sa vie. La loi a ainsi permis le développement des soins palliatifs dans l'Hexagone. Mais bien des efforts restent encore à faire pour généraliser ces soins dans les hôpitaux français.

Un thème renforçant le clivage droite/gauche

Contrairement aux partis de droite, la gauche est prête à faire évoluer la loi Leonetti. Partisans de l'euthanasie, M. Mélenchon et Mme Joly ont fait la promesse du changement s’ils accèdent à l’Elysée. Le candidat socialiste François Hollande est plus ambigu dans ses positions. Alors même qu'il a proposé de manière implicite la dépénalisation de l'euthanasie dans son programme, il a déclaré n'y être pas favorable. « Il ne s'agit pas de dépénaliser mais d'encadrer cette mort dans la dignité », a fait savoir le candidat socialiste.

Jean Leonetti, l'auteur de la loi, a critiqué la position de M. Hollande, qu’il juge comme « une vraie rupture » consistant à « légaliser l'euthanasie ». « L'acte médical ne peut être un acte de tuer. Quand une société accepte de donner la mort aux plus vulnérables, même à leur demande, elle va à l'encontre du principe même du droit à la vie qui est le fondement de nos valeurs », a souligné M. Leonetti dans une tribune publiée dans Libération.

Du côté de M. Sarkozy, M. Bayrou et Mme Le Pen, la législation actuelle est largement suffisante. « La loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie » alors que « l'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux », a déclaré le chef de l’Etat.

L’euthanasie passive autorisée en islam

Tantôt considéré comme un suicide, tantôt comme un meurtre, l’euthanasie - active - est condamnée sans appel par les grandes religions monothéistes. Partant du principe que seul Dieu a le pouvoir de donner la vie et de la reprendre, cette forme d’euthanasie ne peut qu’être très mal perçue par les responsables religieux de tous bords.

En revanche, le refus de l'acharnement thérapeutique, souvent désigné comme une euthanasie passive bien que l'emploi de ce terme ne fasse pas l'unanimité, est permise, notamment dans la religion musulmane, qui donne le droit au malade de ne pas se soigner. Comme dans le droit français, le médecin ne peut soigner un patient sans son consentement.

En ce sens, la loi Leonetti en 2005 n’a pas fait l’objet de controverse de la part des représentants religieux. Si toutefois cette loi devait évoluer vers une légalisation de l'euthanasie, les réactions ne se feront pas attendre, particulièrement de l’Eglise catholique, encore très influente en France sur cette question.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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1.Posté par sunny le 28/03/2012 16:10 | Alerter
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Il faudrait expliciter un peu ce "droit de ne pas se soigner" dont vous faites mention dans cet article. Il y a une différence entre "refus de l'acharnement térapeutique" et "refus de se soigner".


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