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Sur le vif

L’accord d’investissement sino-européen entravé par la répression des Ouïghours en Chine

Rédigé par | Jeudi 24 Décembre 2020 à 13:30

           


L’accord d’investissement sino-européen entravé par la répression des Ouïghours en Chine
La répression des Ouighours par le gouvernement chinois risque de mettre en péril l’accord commercial négocié depuis sept ans entre l’Union européenne et la Chine. La France a annoncé, par la voix de son ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, qu’elle ne soutiendrait cet accord que si Pékin s’engage à ratifier les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de fait, à abolir le travail forcé qui perdure en Chine, particulièrement envers les minorités musulmanes du Xinjiang.

Dans un rapport publié mardi 15 décembre, Libération, la BBC et Süddeutsche Zeitung, un des quotidiens allemands les plus importants, ont fait des révélations accablantes sur la mobilisation de 570 000 Ouïghours dans les champs de coton du Xinjiang. Ces révélations sont loin d’être passées inaperçues et qui ont, en partie, encouragé le gouvernement français à taper du poing sur la table, quitte à freiner le processus de négociation engagé en 2013, devant permettre au gouvernement chinois d’accéder plus facilement au marché européen.

Un coup d’arrêt que Franck Riester assume totalement. « Les accords commerciaux sont aussi un levier pour faire avancer les sujets sociaux, pour lutter contre le travail forcé, en particulier des Ouïgours », a-t-il déclaré via Twitter mercredi 23 décembre. « Nous n’avons pas encore obtenu d’engagements suffisants sur la ratification des conventions fondamentales de l’OIT, notamment celles qui concernent l’abolition du travail forcé », a déploré le ministre dans une interview accordée au Monde.

Toutefois, Franck Riester a indiqué que plusieurs pays comme l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg ou encore les Pays-Bas « étaient très attachés à ces questions » et s’étaient rangés du côté de la France dans ce nouveau bras de fer. « On ne peut pas faciliter les investissements en Chine si nous ne nous engageons pas à abolir le travail forcé ! Nous sommes donc très clairs : Pékin doit ratifier les conventions auxquelles nous sommes attachés et doit s’engager dans l’accord à les appliquer », a-t-il insisté. « Il y a encore un long chemin à parcourir avant qu’il ne soit mis en œuvre, même si les négociations se sont accélérées ces dernières semaines, notamment du côté chinois. »

Une résolution d'urgence adoptée au Parlement

Cette position intervient quelques jours après l'adoption, jeudi 17 décembre, au Parlement européen résolution d’urgence portée par l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann condamnant la pratique du travail forcé, l'assimilant à des « crimes contre l’humanité ».

Le texte appelle « à mettre immédiatement un terme à la pratique des détentions arbitraires sans chef d'inculpation, des procès et des condamnations pénales à l'encontre des Ouïghours et des membres d'autres minorités musulmanes, à fermer tous les camps et centres de détention pour les minorités ethniques victimes d'incarcération de masse, et de libérer sans délai et sans conditions les détenus » mais aussi « à mettre un arrêt immédiat de toute mesure visant à empêcher les naissances dans la population ouïghoure, y compris les stérilisations forcées, les avortements ou les sanctions contre les violations du contrôle des naissances ». C’est ce même Parlement qui devra valider l’accord sino-européen une fois qu’il sera signé.

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