Monde

L’Union bancaire pour la Méditerranée prend forme

Rédigé par | Jeudi 26 Février 2009 à 10:19

L’Union pour la Méditerranée prend une autre dimension, financière cette fois. Un consortium réunissant dix banques de la rive nord et sud de la Méditerranée a officiellement été signé fin janvier six mois après l'inauguration de l'Union pour la Méditerranée. Les projets se bousculent. Une des priorités : fournir une meilleure offre aux migrants d'origine africaine habitant en Europe concernant le transfert d’argent.



Une « structure permanente » réunissant une dizaine de banques euro-méditerranéennes qui proposerait « un catalogue de partage des produits » financiers aux migrants, le tout « mis en ligne sur un site internet commun » ? Pour le moment, ce projet n’en est qu’au stade de réflexion mais l’idée fait son chemin. Un groupe de banques envisage sérieusement une telle alliance s’inspirant ainsi du « modèle d’association existant aujourd’hui dans le domaine aérien », précise le communiqué de presse.

Un accord de coopération entre dix établissements financiers d’Europe et d’Afrique du Nord* a été signé le 30 janvier dernier, concrétisant de ce fait le protocole d’intention conclu le 7 juillet dernier en marge du sommet, à Paris, des chefs d’Etat et de gouvernement inaugurant l’Union pour la Méditerranée. Le comité stratégique, actuellement présidé par Bernard Comolet, président du directoire des Caisses d’Epargne, s’est engagé à consolider les travaux réalisés par les banques signataires depuis l’été dernier.

Vingt projets concrets mis en œuvre

Sont impliqués des établissements d’Italie, de France, d’Espagne et de l’Union européenne d’un côté ; du Maroc, de la Tunisie, d’Egypte et du Liban de l’autre. Seul l’Algérie fait figure de grand absent dans cet accord pour l’instant. Selon le communiqué commun, « la démarche poursuivie par le groupe de banques euro-méditerranéenne répond à plusieurs objectifs » : « faciliter l’épargne et la bancarisation des transferts des migrants » afin de « changer » leur quotidien ; « contribuer au développement des pays de la rive sud par le soutien au développement des PME (petites et moyennes entreprises, ndlr) », « décupler la capacité à financer des grands projets d’infrastructures » et « augmenter la notoriété des banques membres de l’alliance ». C’est ainsi que vingt projets, constitués autour de cinq groupes de travail, ont été mis en place.

Parmi eux, le marché des transferts d’argent est l’un de ceux qui aiguise le plus les appétits des banques. Selon l’Agence Française de Développement (AFD) qui fait partie de ce consortium, le montant total des transferts par les migrants du nord vers les pays de la rive sud s’élève à plus de dix milliards d’euros par an, soit une croissance annuelle de près de 15%.

41% des 3,5 millions de migrants présents en France, en Italie et en Espagne envoient e l’argent régulièrement. Hors les coûts actuels de transferts restent très élevés « le système d’envoi de banque à banque n’est pas assez développé, ce qui fait que les migrants passent très souvent par des sociétés comme Western Union », affirme un employé du Groupe Caisse d’Epargne. Sur 100€ envoyé vers l’Afrique du Nord, les frais s’élèvent à 10€ chez le leader du transfert. « Le but de ce consortium est de diviser les coûts par 7 ou 8 », fait-il savoir. De ce fait, les banques se positionneront sur ce marché en captant une partie de cette manne financière qui leur servira en partie au financement de grands projets et d’infrastructures.

En attendant, les projets avancent et ce, malgré la crise financière, moins impactante sur les économies nord-africaines qu’européennes. « La crise n’a pas eu d’impact négatif sur la bonne conduite de ce projet. Le protocole d’accord signé le 30 janvier, date postérieure au début de celle-ci, est la preuve d’une volonté de persévérer dans cette initiative qui est, au contraire, perçue comme une opportunité en ces temps plus difficiles », explique une employée d'Attijariwafa Bank en France. Des résultats concrets de cette union sont désormais attendus avec impatience.

*Le consortium bancaire comprend : Al Amana (Maroc), Attijariwafa Bank (Maroc), la Confédération des caisses d’épargne espagnoles (CECA), Crédit Immobilier et Hôtelier (Maroc), le Groupe Caisse d’Epargne (France), la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), Intesa Sanpaolo (Italie) et sa filiale Bank of Alexandria (Egypte), la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Agence Française de Développement (AFD) rejoint par Fransabank (Liban) en octobre et prochainement la Banque Africaine de Développement (BAD).


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur