Connectez-vous S'inscrire

Ramadan

« Je ne fais pas le Ramadan »

Rédigé par Mérième Alaoui | Lundi 13 Août 2012 à 00:00

           

Croyants ou pas, ils sont nés dans une famille musulmane, mais ne jeûnent pas. Le jeûne du Ramadan est la pratique la plus observée par les musulmans de France, ces « dé-jeûneurs » sont donc minoritaires.



« Je ne fais pas le Ramadan »
« Je ne fais plus le Ramadan depuis l’âge de 20 ans », raconte Hawa, qui en a aujourd’hui dix de plus. Cette jeune cadre dans le marketing est pourtant née dans une famille malienne très pratiquante : « J’ai suivi des cours de Coran depuis toute petite, et ce jusque l’adolescence. Mais, à l’âge de 20 ans, je me suis rendu compte que je n’étais plus en accord avec les préceptes de l’islam. Pratiquer cette religion serait donc hypocrite de ma part. »

Ainsi, Hawa ne pratique plus du tout la religion de ses parents. Mais elle ne l’avouera jamais à sa famille. « Je ne peux pas leur dire que je ne jeûne pas ! Ils m’égorgeraient ! », lâche-t-elle dans un rire. « Sérieusement, cela les tueraient. Jamais ils ne comprendraient cela ! Je préfère jouer la comédie plutôt que leur briser le cœur à jamais. Pas la peine de se disputer pour ça, nous aurons bien d’autres sujets de disputes ! », explique-t-elle tranquillement.

« Ne pas être religieux »

La jeune femme, qui vit seule, poursuit ainsi sa vie normalement lors du mois de Ramadan. Sauf lorsqu’elle sait qu’elle va rompre le jeûne en famille. « Ces jours-là, j’évite de trop manger la journée. Ainsi, j’ai faim une fois la nuit tombée, et personne ne se doute que je n’ai pas jeûné ! Si jamais je suis prise en flagrant délit le jour, j’ai une explication féminine toute trouvée… » Les proches de Hawa, musulmans ou pas, connaissent la vérité. « Je ne me cache pas en général, c’est juste pour mes parents et mes frères et sœurs. »

Tout comme la jeune femme, Adil, 37 ans, se définit comme athée. « Je n’ai jamais été sensible à la religion, surtout pas aux dogmes. Je pense qu’on peut aimer la spiritualité sans pour autant être religieux », soutient-il. Issu d’une famille d’origine kabyle, jeûner lors du Ramadan n’a jamais été demandé ni à Adil ni à ses 8 frères et sœurs. « Aujourd’hui, seules deux de mes sœurs le font dans toute ma famille », constate-t-il. Au début des années 1980, Adil mangeait dans la rue tout naturellement lors du mois de jeûne. « À notre époque, peu de monde faisait le Ramadan. Ceux qui le faisaient étaient minoritaires. »

Intolérance et incompréhension

Aujourd’hui, la tendance s’est inversée. Le Ramadan est le pilier de l’islam le plus observé par les musulmans de France. « De nos jours, je me sens gêné quand je mange devant un “muslim” ; et pourtant j’ai du répondant ! On a le droit à des remarques désobligeantes de la part de certains croyants, comme si ne pas faire le ramadan était une chose grave ! », commente Adil.

Fatiha, 35 ans, dénonce aussi cette intolérance. « On est toujours très étonné de voir un musulman ne pas jeûner. C’est l’incompréhension totale. Mais je ne permets à personne de me juger et, d’ailleurs, il n’y a rien de pire que la médisance, notamment en plein Ramadan. Dieu Seul est le plus savant. » Car si la jeune maman ne jeûne pas, elle est tout de même très croyante et pratiquante. « Je fais mes cinq prières tous les jours que Dieu fait, mais il est vrai que je ne fais pas le Ramadan... »

La raison est simple, Fatiha ne s’en sent pas capable. « Il est trop difficile pour moi d’assurer mon travail et ma vie sociale sans manger. Je n’y arrive pas », explique calmement cette agent administratif. Durant toute sa vie, Fatiha a observé le jeûne deux fois : « J’en garde pourtant un assez un bon souvenir, une grande satisfaction et un bien être unique. » Dans sa famille, tout le monde jeûne, ce qui n’a pas empêché la jeune femme d’être très franche sur sa position personnelle. « C’était normal pour moi de le dire. Cela a été très difficile pour ma famille de l’accepter. C’était compliqué jusqu’à assez récemment. Aujourd’hui, ils ont tous compris et on me laisse tranquille. »

Poursuivre son cheminement

Fatiha partage d’ailleurs les repas du soir avec les autres membres de sa famille sans aucune tension. « Ils s’y sont fait, car ils ont compris que je poursuivais à ma manière mon cheminement dans l’islam et que je m’y investissais. Cela n’avait donc rien à voir avec ma foi. » Pour la jeune maman qui se réfère régulièrement au Coran pour mieux comprendre sa religion, « la prière et la zakât sont les choses les plus importantes en islam. Mais ceux qui ne respectent pas ces préceptes primordiaux ne sont jamais montrés du doigt. Ceux qui ne jeûnent pas, oui ! ».

Fatiha déplore ce qu’elle qualifie d’« ignorance » de la part de certains musulmans. « Ceux qui connaissent leur religion doivent savoir qu’il n’y a nulle contrainte en islam. » Si Fatiha a parfois des baisses de tension et si son médecin lui a déjà déconseillé de ne pas jeûner, elle avoue n’avoir jamais fait la démarche de faire une analyse médicale précise qui lui permettrait de savoir si elle est apte à jeûner ou pas. « Je le ferai peut-être un jour… », annonce-t-elle. « Le Ramadan est un acte louable et a une signification religieuse forte. Bien sûr, j’espère le faire ! »



« Je ne fais pas le Ramadan »
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 29, août 2011.

Lire aussi :
Ces Maghrébins qui ne jeûnent pas
Algérie : deux ans de prison ferme pour un non-jeûneur du Ramadan




Réagissez ! A vous la parole.
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

16.Posté par mohamed le 17/08/2012 13:54 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Moi je ne fais pas le ramadan et je ne suis pas musulman, pourtant je m'appelle Mohamed, quel comble alors que mon père est Fqih (imam si vous préférez) et qu'il a fait 5 fois le pélerinage a la mecque (ma mère seulement deux fois).
Sinon pour le Ramadan, je trouve que c'est un acte de foi qui ne doit engager que celui ou celle qui veut le faire. Je ressens toujours de la désapprobation de la part des musulmans qui me vont manger pendant le ramadan (car je suis très typé maghrébin et j'ai une barbe de frère muzz).
mais dieu merci, je ne suis pas musulman

17.Posté par Altai le 18/08/2012 01:31 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Je viens pour la premiere fois sur ce site, qui s'adresse entre guillement aux musulmans francophone.
En surfant sur ce site, je m'attend donc à juste titre,à trouver une actualité qui va dans ce sens,surtout en ce mois sacré..
A ma grande stupefaction, je tombe sur cette article JE NE FAIS PAS LE RAMADAN, une article qui banalise lcomplètement le fait de ne pas jeuner
j'y apprend donc que ne pas jeuner n'est pas si grave ???? j'y apprend aussi que la kabylie est un état ??? bien sur qu'en il sagit de parlé de non jeuneur, bizzarement qu'en il sagit de mouloud anouit ALLAH y rahmou, la on parle d'algerie.
Ce qui prone la pratique du ramadan sont evidement des ignorants, des égarés de surcroit intolerant.
Il arrive meme à nous faire sortir de leur chapeau magique une musulmane qui pratique strictement ces 5 prieres par jour, mais qui n'a pas la foi neccessaire pour la pratique du ramadan, alors qu'en theorie c'est plutot l'inverse NON ???
Pratiquer cette religion qui est l'Islam est hypocrite, par contre ne pas assumer sa non pratique est la cacher a sa famille est quand a elle preuve de courage et de resistance.
Pour une premiere visite ca fait beaucoup, conclusion circulait il n'y a rien a voir.

18.Posté par Rachid le 19/08/2012 15:27 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Salam 'aleikoum wa rahmaTouLlâhi wa barakaTou

Le jeûne est un pilier de l'Islam. Sans lui, c'est tout l'édifice religieux qui se fragilise et qui est voué à la ruine. Cet article met en lumière l'intolérance des musulman face aux musulmans qui n'observent pas ce qui relève pourtant des fondamentaux de la foi musulmane. Il devrait plutôt mettre en lumière l'importance du jeûne, et rappeler aux concernés, l'égarement dans lequel ils se condamnent. J'en viens à me demander, à qui profite cet article ? Il ne sert ni à Fatiha, ni à Adil, car il ne fait que les enfoncer dans la perdition. Caresser dans le sens du poil a souvent pour effet d'attendrir les coeurs malades.

1 2

SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !