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Islams africains : la préférence soufie, par Jean-Loup Amselle

Reçu à Saphirnews

Rédigé par Imane Youssfi | Vendredi 4 Aout 2017 à 09:00



L’avis de Saphirnews

Ethnologue et anthropologue, Jean-Loup Amselle, directeur d’études émérite à l’EHESS, a longtemps réalisé des travaux sur le terrain au Mali, en Côte d'Ivoire et en Guinée. Ce fin connaisseur de l’Afrique subsaharienne déconstruit au fil de son livre cette idée reçue d’un seul et unique islam dit africain. Il y évoque l’influence des coutumes de ces pays sur la religion, les différentes pratiques de la religion musulmane entre différents pays africains et pour quelles raisons celles-ci sont distinctes.

Jean-Loup Amselle s’oppose fermement à ce concept d’un « islam noir », création coloniale qui réduit les courants de pensées dans cette région. L’auteur propose aux lecteurs de voir l’islam en Afrique en dehors des clichés sur le fétichisme et la sorcellerie.

Le récit est ponctué d’événements historiques et politiques que l’auteur tente de vulgariser pour permettre au mieux à son lecteur de comprendre les enjeux et l’évolution de la religion musulmane en Afrique subsaharienne.

Le livre se termine par une interview très intéressante de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique du Mali, réalisée en septembre 2016. Avec son interlocuteur, qui se réclame du courant wahhabite, l’auteur revient sur la perception des musulmans en France à la suite des attentats de 2015, l’opération Serval en 2013 et ledit jihadisme au Mali. Un entretien qui permet de contextualiser son ouvrage et de conclure l'essai qu'il propose.

Présentation de l’éditeur

La préférence accordée à l’islam soufi, islam supposé pacifique, dans sa variante africaine, c’est-à-dire « noire », n’est que le nouvel avatar du primitivisme à l’âge du djihadisme. Le primitivisme, qui a fait de l’Afrique le continent du fétichisme à l’époque de la traite des esclaves, l’a ensuite caractérisé sous la colonisation comme le havre de l’« islam noir » et actuellement comme celui de l’islam soufi… Islam noir, islam soufi : islams pacifiques ?

Or, l’Afrique, au cours de son Histoire, n’a cessé de résister à ce stéréotype à travers les nombreux djihads intervenus au XIXe siècle ou ceux qui se déroulent actuellement.

Tout en soutenant les formes locales de l’islam soufi, en tant que contre-feux à l’islam radical, les pouvoirs africains et les puissances étrangères qui interviennent sur le continent entendent le renforcer en organisant une « déradicalisation » du personnel musulman ouest-africain dans d’autres pays, comme le Maroc, soumis également à la menace salafiste, wahhabite ou djihadiste. L’islam soufi apparaît ainsi, en définitive, comme la variante postcoloniale de l’« islam noir ».

L’auteur

Jean-Loup Amselle, anthropologue et directeur d’études à l’EHESS, est auteur d’un grand nombre d’ouvrages dont plusieurs consacrés à l’Afrique de l’Ouest : Logiques métisses (Payot, nouv. éd. 2010, 1990) et Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures (Flammarion, nouv. éd. 2015, 2001).

Jean-Loup Amselle, Islams africains : la préférence soufie, Éd. du Bord de l’eau, mai 2017, 148 p., 14 €.