Communiqués officiels

Interdire le port du voile à l'université : un faux débat

Rédigé par Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) | Vendredi 9 Aout 2013 à 06:00



Dans son dernier rapport, le HCI a émis 12 propositions dont l’adoption d’une loi interdisant dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse.

Tout le monde a bien compris qu’à travers cette proposition d’interdiction, c’est l’islam qui est visé.

Pour commencer, le port de signes religieux, revient automatiquement à parler du voile. Et d’ailleurs, si vous regardez d’un peu plus près le traitement médiatique de cette information, vous remarquerez qu’aucun-e journaliste n’a titré son article en disant “les croix et les kippas seront bientôt interdites à la fac”. Non, on n’a parlé que du voile.

Quel-le professeur-e d’université irait, au début de chaque cours en amphi, scruter les décolletés des étudiantes pour voir si elles portent une croix ou une étoile de David?

Quel-le professeur-e d’université aurait le réflexe de virer un jeune homme de son cours parce qu’il porte la kippa? Sincèrement?

Donc, on en revient encore et toujours au voile.

En substance, cette proposition indique clairement que les Français-es de confession musulmane n’ont pas leur place dans leur propre pays, qu’ils doivent renoncer à leur liberté de conscience et d’exercer leur culte pour avoir le droit d’accéder aux savoirs, d’étudier, de travailler ou tout simplement vivre en société.

Faut-il rappeler que la France est une République indivisible, laïque, démocratique. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans discrimination d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

​Ce rapport n’est donc rien d’autre qu’une manœuvre qui tend une fois de plus, à montrer du doigt, à juger et à accuser les musulman-e-s de tous les maux de notre pays.

Hausse du chômage, baisse du pouvoir d’achat, croissance nulle, les voilà les problèmes qui préoccupent les Français au quotidien, alors pourquoi créer encore et toujours la polémique autour du port du voile, qui à notre connaissance n’offense ni ne blesse personne, ne porte pas non plus atteinte aux principes de la République ou aux libertés individuelles.

Le CCIF dénonce cet acharnement et cette proposition qui fait de la laïcité un prétexte et un argument de rejet de toute diversité alors qu’elle est une richesse.

Une proposition issue d’un travail hors-sujet, bâclé, biaisé et orienté se basant sur des cas isolés, des imprécisions pour en faire des généralités… Tout ça n’est pas sérieux. Pire c’est malhonnête, irresponsable et dangereux car de telles pratiques engendrent la peur de l’autre, le rejet, l’intolérance, la frustration et donc le repli sur soi, là où la notion de vivre ensemble fait déjà cruellement défaut.

Qui oserait nier à présent qu’il y a une réelle volonté stigmatiser, d’exclure et pénaliser les musulman-e-s?

Halte aux préjugés, à la désinformation et à la paranoïa, un étudiant reste un étudiant ni plus ni moins peu importe son appartenance religieuse.

Rappelons-le, « la liberté d’expression reconnaît aux étudiants - par l’article 50 de la loi du 26 janvier 1984 - le droit d’exprimer leurs convictions religieuses à l’intérieur des universités, mais interdit d’exercer des pressions sur les autres membres de la communauté ou de créer des perturbations ».

Alors M. Seksig, pourquoi remettre tout cela en question ? Pourquoi aujourd’hui plus qu’hier le port du voile ou tout autre signe religieux à l’université poserait-il problème ? Pourquoi vouloir légiférer sur un problème qui n’en est pas un ? Pourquoi semer inutilement la discorde et la division ?

Autant d’interrogations qui soulignent le caractère stérile de votre démarche.