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Religions

Imbroglio total autour de la présidence du CFCM

Rédigé par | Mercredi 19 Janvier 2022 à 09:00

           

Qui va présider le Conseil français du culte musulman (CFCM) à partir du jeudi 20 janvier ? Les annonces se succèdent, les revirements aussi ; le chaos continue de prévaloir. Tandis que deux fédérations se déchirent à coup de communiqués, trois autres, dernières signataires la charte des principes pour l'islam de France, prennent parti et font valoir leur regard sur la situation auprès de Saphirnews. Une crise peut en cacher une autre ; voici qu'elle se révèle au grand jour.



Imbroglio total autour de la présidence du CFCM
Qui sera le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) après le 19 janvier ? Deux ans plus tôt, la réponse à la question était claire : après Mohammed Moussaoui, ce devait être au tour de Chems-Eddine Hafiz de prendre la deuxième présidence entre 2022 et 2024. Mais depuis bien un an, rien ne va plus pour l’institution, au bord d'une probable autodissolution. La crise interne sans précédent qu’elle traverse s’est matérialisée en mars 2021 par la décision prise par plusieurs fédérations dont la Grande Mosquée de Paris de démissionner du bureau exécutif.

« Aujourd'hui, il est nécessaire de tourner la page (du CFCM). Pour ma part, je l'ai tournée. » Ces propos sont ceux tenus par le recteur de la GMP auprès de Saphirnews. Mais voilà que Chems-Eddine Hafiz a envisagé, un temps du moins, son retour au CFCM. Il a ainsi réclamé la présidence de l'instance, « conformément aux statuts (…) et au processus électoral entériné par procès-verbal du conseil d’administration en date du 19 janvier 2020 ».

Il l’a fait savoir samedi 14 janvier au bureau exécutif du CFCM dans un courriel dans lequel il a fait comprendre, selon nos informations, que le frein à son retour – et à celui des fédérations regroupées au sein de la Coordination – a été levé après les signatures récentes de la charte des principes pour l’islam de France par le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), la Confédération islamique Milli Görüs (CIMG) et Foi & Pratique.

La dissolution, une priorité engagée par Moussaoui

Mohammed Moussaoui est néanmoins bien décidé à ne pas laisser Chems-Eddine Hafiz prendre la main sur le CFCM. Le président du CFCM prépare ainsi activement l’organisation d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) pour le 19 février visant à discuter et à voter la résolution suivante : « Dissolution du CFCM pour permettre aux acteurs du culte musulman au niveau local de mettre en place une nouvelle forme de représentation démocratique du culte musulman. »

Surtout, « compte tenu de la démission de celui qui devait assurer la présidence du CFCM », il a été décidé, dimanche 16 janvier, « qu’à partir du 20 janvier 2022 et jusqu’à la tenue de cette AGE, le bureau du CFCM sera dirigé par la présidence collégiale qui sera composée par les deux vice-présidents du CFCM, Ibrahim Alci et Mohammed Moussaoui », lit-on dans un communiqué, qui assure par ailleurs que « seule une AGE est habilitée, conformément aux statuts du CFCM, à réintégrer les démissionnaires dans le bureau et à prendre les décisions qui s’imposent pour le devenir du CFCM ».

Après le revirement de la GMP, de l’électricité dans l’air au sein du CFCM

Sitôt relayé, le communiqué a suscité l'ire de la GMP, au point qu'elle fasse marche arrière sur sa volonté de revenir au CFCM. « Dans le but de lever toute ambiguïté, d’éviter toute manipulation et toute allégation calomnieuse » à l'encontre de la fédération et de son recteur, elle a ainsi renouvelé, lundi 17 janvier, « son retrait total et définitif de toutes les instances du CFCM », affirmant « avec force qu’elle ne veut, ni de près ni de loin, tenir compte des calculs de l’actuel président du CFCM, qui n’est au service que de ses intérêts personnels et de son désir de se maintenir illégalement à la tête du CFCM ».

Fait inattendu, le communiqué – signé au nom du bureau du CFCM et non de Mohammed Moussaoui – a aussi fait désordre… au sein même du bureau. En effet, le CCMTF et Milli Gorüs contestent vivement auprès de Saphirnews les décisions prises lors de la réunion du 16 janvier en leur absence, « sans concertation » et « dans la précipitation ».

En réponse, le président de l'Union des mosquées de France (UMF) nous confirme l’absence des représentants des deux fédérations mais explique dans la foulée que « le quorum a été atteint » avec six présents à la réunion sur onze membres. Plus encore, « le bureau n’a fait que réaffirmer des décisions prises le 11 janvier à laquelle le CCMTF et la CIMG étaient présents. La réunion du 16 janvier ne visait qu’à préciser la date de la future AGE et l’ordre du jour », fait-il valoir. « Lorsqu’un bureau prend des décisions, on ne peut l’empêcher de faire une communication et les décisions devaient être communiquées. »

Sauf qu’Ibrahim Alci, pour le CCMTF, comme Fatih Sarikir, pour la CIMG, contestent aussi la version du président du CFCM sur la teneur de la réunion du 11 janvier. « Il aurait pu nous adresser le communiqué (du 16 janvier) avant de l’adresser à la presse », signale le président du CCMTF, qui nous fait savoir ainsi qu’il refuse de prendre la présidence collégiale du CFCM et qu’il « ne participera pas aux réunions du bureau tant qu’il n’y aura pas de réunion entre les huit fédérations » pour discuter de l’avenir du CFCM.

Une gageure au regard de l’issue donnée à l’appel à une rencontre lancé par la GMP ; mais les deux fédérations turques, comme Foi & Pratique, le souhaitent ardemment dans le but, nous dit-on, de « sauver la maison commune » qu’est le CFCM. Une des raisons pour laquelle la rencontre n’a d’ailleurs pas pu se concrétiser est liée au refus catégorique de l’UMF d’y participer. « Nous ne souhaitions pas donner l’image d’une fédération isolée de toutes les autres », affirme Fatih Sarikir, qui qualifie aujourd’hui d’« inacceptables » les toutes dernières initiatives de Mohammed Moussaoui.

Des fédérations partisanes du retour de la GMP au CFCM

« Nous avons signé la charte dans l’objectif de renouer le dialogue avec l’ensemble des fédérations. Nous avons clairement exprimé à M. Moussaoui cette volonté de voir revenir les quatre fédérations (dissidentes) à la table du CFCM et que nous refusons toute action hostile qui empêcherait leur retour. Le communiqué est allé à l’encontre de notre souhait » de réconciliation, poursuit celui qui est aussi secrétaire général de l’instance.

L'UMF est désormais plus isolée que jamais. Si Fatih Sarikir confie s’être « réjoui » du fameux courriel d’annonce de la GMP qui œuvre à « l'unité », il est aujourd’hui « déçu » de son revirement. Même s’il est démissionnaire du bureau, « il était en droit de revenir par un simple courrier comme cela a pu être le cas par le passé ». L'option est désormais écartée. Après le 19 janvier, « je ne veux en aucun cas un vide, mais il faudra vite statuer pour savoir par qui l’intérim sera assuré », indique Ibrahim Alci, sans s'opposer à ce qu'elle puisse être assurée par son coreligionnaire franco-marocain. Simplement, « on ne souhaite pas la prolongation de facto du mandat de M. Moussaoui à la présidence du CFCM. La décision doit revenir au conseil d’administration et non pas au bureau », nous déclare Fatih Sarikir.

Quant à la dissolution de l’instance, ce n’est pas à l’ordre du jour pour le CCMTF et la CIMG. « On assiste à des règlements de compte entre fédérations, ce n'est pas un spectacle digne qu'on offre à la communauté musulmane », note Hamadi Hammami, pour Foi & Pratique. « On ne peut que constater l'échec collectif. Mais dissoudre le CFCM est contre-productif. Si dissolution il y a, on prendra acte mais nous n'oeuvrerons pas pour cela. », nous confie-t-il.

Il apparaît aujourd'hui clair que toutes les fédérations, bousculées par la mise en orbite d'un Forum pour l'islam de France (FORIF) qui minore très nettement leur place dans la restructuration du culte musulman, ne sont pas prêtes à tourner définitivement la page du CFCM malgré les déclarations chocs de Gérald Darmanin et, par-dessus tout, la situation de division inextricable qui perdure entre elles. Le (mauvais) feuilleton continue.

Lire aussi :
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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 19/01/2022 11:04 | Alerter
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Le Maroc et l'Algérie sont en bisbille...

2.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 19/01/2022 11:04 | Alerter
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Le Maroc et l'Algérie sont en bisbille...

3.Posté par Gege le 19/01/2022 14:47 | Alerter
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Ittafaqa al arabu alla yattafiqu
Les Arabes se sont mis d'accord pour ne pas être d'accord (dicton).
Mais en réalité ça n'a pas que des inconvénients

4.Posté par Rond LEDARON le 19/01/2022 17:11 | Alerter
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Pendant ce temps la ,les musulmans lambda vaquent à leurs occupations mondaines et spirituelles sans se soucier de ces querelles de minarets.


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