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Il serait peut-être temps d’agir ?

Rédigé par Laila Elmaaddi | Samedi 3 Février 2007 à 00:30

La Terre se réchauffe, et c'est "très vraisemblablement" la faute de l'homme. Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié vendredi, ce bouleversement climatique va se poursuivre pendant plusieurs siècles. Le GIEC prévoit une hausse des températures d'ici 2100 comprise entre 1,1 et 6,4 degrés Celsius et de 18 à 59 centimètres du niveau des océans.



Nous sommes au seuil historique de l'irréversible

Il est urgent d'agir pour limiter les dégâts. C'est la conclusion de nombreux responsables du monde entier après la publication vendredi du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental (GIEC) sur l'évolution du climat.

Le réchauffement climatique, concluent-ils, est "très probablement" causé par l'activité humaine et va se poursuivre pendant plusieurs siècles. Le GIEC prévoit une hausse des températures d'ici 2100 comprise entre 1,1 et 6,4 degrés Celsius et de 18 à 59 centimètres du niveau des océans.

Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont "crû de façon notable par suite des activités humaines depuis 1750".

"Face à l'urgence, le temps n'est plus aux demi-mesures: le temps est à la révolution", a souligné le président Jacques Chirac devant quelque 200 personnalités politiques, scientifiques et culturelles de 60 pays réunis à l'Elysée. "Nous sommes au seuil historique de l'irréversible", a-t-il averti.

L'enjeu est clair

Après le diagnostic scientifique, la balle est dans le camp des politiques, a de son côté noté le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. "C'est à nous que revient désormais le devoir éthique" de "mettre en place sans plus attendre les parades énergiques" qui s'imposent, a-t-il dit.

Les changements climatiques "courent comme un lièvre", tandis que les dirigeants du monde entier "avancent à la vitesse de l'escargot", a déploré le ministre italien de l'Environnement Alfonso Pecoraro Scanio. L'enjeu est clair: "ou nous accélérons, ou nous risquons un désastre". Il préconise une taxe globale sur les émissions de dioxyde de carbone et la création d'une ONU pour l'environnement "forte".

Ne rien faire serait "indéfendable", prévient le ministre sud-africain des Affaires environnementales Marthinus van Schalkwyk. "Ceux qui continuent d'ignorer la menace et ses causes, ou invoquent des arguments qui ne tiennent pas debout pour semer la confusion ou faire obstruction vont rendre le pire des services aux générations actuelles ou futures."

Les Etats-Unis font figure de mauvais élèves

Le rapport, a-t-il noté, constitue une "piqûre de rappel" pour les Etats-Unis, premier pays responsable des émissions de gaz à effet de serre. Montré du doigt pour son refus du protocole de Kyoto réglementant ces rejets, Washington a réaffirmé vendredi sa position: pas question d'accepter des restrictions qui risqueraient d'avoir des "conséquences non voulues", y compris sur l'emploi, a déclaré le secrétaire à l'Energie Samuel Bodman. Le gouvernement compte sur le développement de technologies plus propres.

Les experts du GIEC, a observé Stephanie Tunmore de Greenpeace, tirent plus que jamais la sonnette d'alarme. "La bonne nouvelle, c'est que notre compréhension du système climatique et de notre impact s'est immensément améliorée. La mauvaise nouvelle, c'est que l'avenir apparaît de plus en plus précaire. Il y a là un message clair pour les gouvernements: la fenêtre pour agir se rétrécit", a-t-elle expliqué.

La Chine, qui devrait passer au cours de la prochaine décennie devant les Etats-Unis pour les émissions de gaz à effet de serre, n'avait pas réagi vendredi soir au rapport du GIEC. En Inde, autre pays confronté au défi de se développer sans ruiner l'environnement, un haut responsable gouvernemental, Pradipto Ghosh, a souligné que l'avis du GIEC n'engageait pas les gouvernements.

Et qu’importe! Au fond la préservation de l’environnement est une affaire de tous et il serait peut-être temps d’agir !