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Points de vue

Honneur à ces musulmanes remarquables

Par Salma Hasan Ali*

Rédigé par Salma Hasan Ali | Lundi 15 Mars 2010 à 00:09

           


De g. à dr. : Andeisha Farid (Afghanistan), Afnan Al Zayani (Bahrein) et Roshaneh Zafar (Pakistan).
De g. à dr. : Andeisha Farid (Afghanistan), Afnan Al Zayani (Bahrein) et Roshaneh Zafar (Pakistan).
Le 10 mars, trois musulmanes ont été honorées, aux côtés de la philanthrope Melinda French Gates, du militant des droits de l'homme Panmelo Castro du Brésil et de Rebecca Losoli, du Kenya, par Vital Voices Global Partnership, une organisation de Washington qui œuvre à l'émancipation des femmes dans le monde.

Il est important de reconnaître le travail accompli par les musulmanes. Cherchez dans l'internet "musulmanes" ou "femmes en islam" et vous tomberez à coup sûr sur des articles relatifs à ce que les musulmanes portent sur la tête, ou comment les femmes des pays à majorité musulmane se font maltraiter ou réprimer sous le faux prétexte de principes religieux.

Mais il y a aussi, chez les musulmanes, d'autres aspects trop souvent méconnus, tus, ignorés. La cérémonie des prix de Vital Voices Global Partnership, qui a eu lieu deux jours après la Journée internationale de la femme, offre une occasion de célébrer ces qualités souvent présentes chez les musulmanes, souvent aussi passées sous silence.

Andeisha Farid a grandi dans un camp de réfugiés en dehors de l'Afghanistan. Adolescente, elle a vécu six ans au Pakistan, où elle faisait ses études tout en aidant d'autres enfants. En 2008, à l'âge de vingt-cinq ans, elle fondait sa propre organisation bénévole, Afghan Child Education and Care Organization (AFCECO), à Kaboul. Aujourd'hui, l'AFCECO gère dix orphelinats en Afghanistan et au Pakistan pour plus de 450 enfants d'origine différente.

Dans un pays où les organisations non gouvernementales qui travaillent pour les femmes et les enfants sont souvent la cible d'extrémistes religieux, Andeisha se tient constamment sur ses gardes. Mais elle reste fidèle à sa mission: fournir à ces petits afghans, non seulement un toit et des vivres, mais aussi un sentiment de respect mutuel, sans considérations d'ordre ethnique, le sens de la khak, le lien avec la mère patrie, le sens de l'autonomie, qui leur permettra de façonner leur propre avenir et celui de leur pays.

"Les visages heureux de ces enfants me remplissent d'espoir", dit-elle. "Ils m'aident à conquérir ma peur".

Afnan Al Zayani cumule les fonctions d'épouse, de mère, de militante sociale, de personnalité télévisuelle et de PDG d'une entreprise multimillionnaire. Les revues Forbes et Arabian Business font d'elle une des femmes les plus puissantes du Proche-Orient. Ajoutez à cela qu'elle a fortement contribué à ce que Bahreïn adopte la première loi sur le statut personnel, qui protège les droits des femmes dans les affaires de divorce ou de garde des enfants.

Comment parvient-elle à jongler avec toutes ces responsabilités ? "C'est la force de ma foi. Dieu nous jugera selon que nous aurons utilisé nos dons de vie et de santé pour faire le bien ou pour faire le mal", confie-t-elle. Sous son hijab immaculé, elle fracasse le stéréotype occidental de la musulmane opprimée. Sa devise : "Vis ta vie comme si tu devais vivre éternellement, vis le jour comme si tu devais mourir demain".

Il y a aussi Roshaneh Zafar. Lorsqu'elle était étudiante en économie du développement à Yale, elle lut l'histoire de Khairoon, une femme du Bangladesh qui ne possédait qu'un seul sari. Khairoon emprunta 100 dollars à la Grameen Bank, fonda son entreprise et se trouve aujourd'hui à la tête d'un magasin de friandises, d'un élevage de volailles, d'un centre d'appels et d'une collection de saris de toutes couleurs.

Roshaneh a rencontré Khairoon de nombreuses années après son premier crédit. Elle a pu constater directement le miracle de la microfinance, et comment elle transforme la vie des femmes. C'est ce qui l'a décidée à fonder son propre organisme de microfinance au Pakistan, Kashf, ou "le miracle". Kashf est aujourd'hui la troisième organisation de microfinance du Pakistan, avec 300.000 clients aujourd'hui et un objectif de 500.000 d'ici quatre ans.

Le message de Roshaneh traduit ce que beaucoup de femmes pensent: "Les femmes comptent, dans le monde. Ne nous résignons pas à notre condition actuelle. Délivrer le monde de la pauvreté et de la sujétion des femmes, c'est possible. Mais cela ne se produira que lorsque il sera permis à 50 pour cent de la population mondiale de prendre conscience de sa force profonde".

Voilà les récits qu'il faut transmettre, pas seulement pour publier les réalisations de femmes remarquables, mais aussi pour faire un sort à toutes les contre-vérités qui se colportent sur le l'influence qu'exercerait l'islam sur la destinée des musulmanes.


Voir la vidéo (en anglais) sur Andeisha Farid
Voir la vidéo (en anglais) sur Afnan Al Zayani
Voir la vidéo (en anglais) sur Roshaneh Zafar



* L'écrivain Salma Hasan Ali, qui vit à Washington, se consacre au rapprochement entre le monde occidental et le monde musulman.




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1.Posté par Najate le 15/03/2010 15:52 | Alerter
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Bonjour, salam, hello.....

En lisant cet article,je me dis que je peux espérer voir des changements or je constate que, dans de nombreux pays comme la France, les femmes musulmanes voilées sont toujours reléguées au rang "d'accusées sans cervelles" puisque dès qu'il s'agit de cette question, ce sont des hommes encore et toujours qui prennent la parole à leur place, à tel point que parfois dans de nombreux débats on parle d'elles en leur absence comme s'il s'agissait de parler de choses ou d'objets sans intérêt alors qu'il s'agit d'êtres humains qui raisonnent autant que les autres et qui n'ont pas attendu les savants musulmans pour comprendre l'Islam: en effet, elles sont aussi capables de lire le coran, les diverses interprétations... pour en saisir le sens, la logique et être capables de faire la critique des différents courants, d'ailleurs la lecture et la critique peut très bien concerner des courants non religieux.
Donc le fait d' établir une hiérarchie au sein de la gente féminine en mettant la femme voilée tout au bas de l'échelle concernant une soit-disant liberté( tout le monde sait que la liberté absolue n'existe pas!) est une erreur monumentale pour l'avenir de notre République. Ecrit par une musulmane voilée: pour un minimum de droit de réponse dans les médias.
Et comme le chantait Jean Ferrat n'oublions pas que "la femme est l'avenir de l'homme" dans le sens où elle participe et participera à la construction d'un avenir commun".


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