Points de vue

Hommage au défunt professeur Muhammad Hamidullah

Rédigé par Aslam Abdullah | Mercredi 18 Décembre 2002 à 00:00

Mardi 17 décembre, à l'âge de 95 ans, le professeur Muhammad Hamidullah s'est éteint. L'éminent savant a rendu son dernier soupir à Jacksonville, en Floride, aux Etats-Unis. Le travail du docteur Hamidullah s'étend sur plus d'un demi-siècle. Il fut le premier à traduire le Saint Coran en langue française. Il a servi la communauté des musulmans de par son incomparable érudition et ce, pendant plus de 50 ans. Ces efforts, son dévouement ininterrompus et son remarquable travail seront un phare, un flambeau pour les générations futures, selon les mots de Yahya Basha, président du Conseil des musulmans américains. Ci-après un hommage pour l'éminent savant que fut Muhammad Hamidullah, traduit par Naziha Mayoufi.



Merci Professeur Muhammad Hamidullah

A l'âge de 95 ans, le professeur Muhammad Hamidullah a rendu son dernier souffle ce 17 décembre 2002 à Jacksonville. Il s'est réveillé pour la prière de l'aube (fajr), il prit ensuite son petit déjeuner et s'est rendormi pour ne plus jamais se réveiller.

Le professeur Hamidullah est né en Inde le 19 février 1908 dans la ville princière de Hyderabad. Il était professeur de droit dans sa ville natale. Il s'est ensuite établit en France. Il y a de cela quelques années, il émigra aux Etats-Unis. Le professeur ne s'est jamais marié. C'est sa nièce qui prenait soin de lui. La soeur Sadida avait quitté son emploi pour se consacrer à son grand-oncle.

L'érudition du professeur est incomparable dans le courant du siècle dernier. Il traduisit le Saint Coran en français et en plusieurs autres langues. Il a également traduit un nombre non négligeable de travaux islamiques en plusieurs langues européennes. Il a été l'auteur de plus de 250 ouvrages ou documents de recherche.

Il vécut volontairement dans l'anonymat en France comme aux États-Unis en ne sollicitant l'aide ni la reconnaissance de quiconque pour ses travaux. Il était un savant silencieux.

Des opportunistes ne manquèrent pas de plagier ses ouvrages, engrangeant ainsi des milliers de dollars. Il rechigna néanmoins à les poursuivre en justice alors que ces ouvrages ont été illégalement imprimés en plusieurs langues à travers le monde. J'ai eu la chance de le rencontrer il y a de ce la quelques années, à Wilkes Berre. A ses côtés, j'ai appris la leçon de l'humilité et de l'anonymat. J'ai reçu l'art de la patience et du dévouement total à l'islam. Il n'éprouvait pas de rancœur pour ceux qui le blessaient. Il priait même pour ceux qui tentaient souvent de l'humilier à cause de ses opinions.

Le grand chercheur qu'il a été puisa aux sources inutilisées qui reposent dans les bibliothèques du monde musulman. Il fit la découverte d'un très ancien hadith dans une librairie à Damas qu'il publia en langue ourdu, connu sous l'appellation Sahifa Hamam. Il produisit plusieurs traités de recherche sur la vie des premiers musulmans.

Il n'est resté le savant négligé que parce qu'il fit le choix de la liberté individuelle et de la retenue de son identité propre... Contrairement à la majorité des chercheurs ou savants musulmans, il refusa de rejoindre un quelconque groupe ou une quelconque organisation.

Sa vie fut celle d'un dévouement sans relâche à la recherche islamique et il laisse derrière lui un patrimoine intellectuel dont beaucoup de générations bénéficieront. Bientôt, les gens découvriront qu'il a été le plus grand savant musulman du siècle dernier. Très bientôt, les gens regretteront de n'avoir pas eu la chance de le connaître et de profiter de ce qu'il était.

Merci professeur Mohammed Hamidullah de nous avoir offert vos recherches sur des sujets cruciaux autour de l'islam. Merci encore pour votre remarquable contribution à la littérature Islamique. Vous avez vécu une vie pleine et entière. Vous êtes resté dans la pauvreté mais vous avez enrichi nos vies de votre science. Vous avez su vous préserver des tentations de ce bas monde et pourtant vous avez inspiré nombre d'entre nous à consacrer nos vies à l'islam.

Au revoir professeur. On se reverra. Vous serez parmi ceux des savants qui bénéficieront de la bénédiction de Dieu. Vous serez sans doute le béni car vous avez été le digne héritier des prophètes.