Economie

Hausse des prix : le coup de frein de Raffarin

Rédigé par OURABAH Sofiane | Vendredi 9 Aout 2002 à 00:00

Virage à 180° du gouvernement sur la très sensible question des augmentations de tarifs publics. Contre toute attente, Matignon a dit «non» hier à toute augmentation des prix de l'électricité et du timbre, jugeant que certains Français sont exposés à des conditions difficiles de vie



Virage à 180° du gouvernement sur la très sensible question des augmentations de tarifs publics. Contre toute attente, Matignon a dit «non» hier à toute augmentation des prix de l'électricité et du timbre, jugeant que certains Français sont exposés à des conditions difficiles de vie

Matignon a tranché en faveur des consommateurs
La suprise fut totale! Matignon a tranché en faveur des consommateurs: finalement, les prix de l’électricité et des timbres n’augmenteront pas. Pour «un grand nombre de Français qui sont exposés à des conditions difficiles de vie, il y aurait eu un risque d’injustice», a expliqué hier Jean-Pierre Raffarin. Le Premier ministre a donc voulu faire un geste pour la France «d’en bas». Et calmer les esprits. En quelques semaines, les prix des billets de train, de la carte orange, des carburants et de l’abonnement France Télécom ont tous crû. Du coup, l’Etat est accusé de piocher directement dans le porte-monnaie des Français, y compris des plus modestes, pour compenser la baisse de l’impôt sur le revenu de 5 %, alors que ce cadeau fiscal ne profitera qu’aux seuls foyers disposant d’assez de revenus pour être imposables. Pour mettre fin à la polémique, Jean-Pierre Raffarin refuse donc toute augmentation du prix des timbres, et prive EDF de la hausse de 4,9 % qu’elle réclamait. Un véritable désaveu pour le ministre de l’Economie et des Finances, qui s’était prononcé publiquement pour une augmentation «non symbolique» des factures d’électricité.

Démarche du gouvernement  paraît peu lisible
Cette décision prend à contre-pied le ministre de l'Economie, mais aussi Jacques Barrot, président du groupe UMP, qui dans La Croix, mercredi, jugeait que « l'on ne peut plus reculer plus longtemps des hausses de tarifs générales ». Souhaitant que le gouvernement « éclaire bien sa démarche », il suggérait qu'après avoir donné de « l'oxygène aux grandes entreprises » et adressé un signal positif par la baisse d'impôt, vienne le temps de la baisse des charges, de la hausse du smic et d'une négociation sur les minima salariaux. Est-ce la pression du Parti socialiste mettant en parallèle la baisse d'impôts et les hausses tarifaires et dénonçant une « supercherie » et une « injustice flagrante » ? Ou les vives réactions des syndicats et des mouvements familiaux jugeant ces hausses « inacceptables » et lourdes de menaces pour le pouvoir d'achat ? Le premier ministre qui affirmait lundi que la tourmente boursière ne devrait pas casser la reprise a-t-il fini par avoir des doutes ? Toujours est-il qu'entre le respect des engagements présidentiels, les contingences économiques et la crainte de tensions sociales, la démarche du gouvernement ne paraît plus très lisible.