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Sur le vif

Grèce : un nouveau cadre règlementaire pour les muftis présenté au Parlement

Rédigé par Lionel Lemonier | Mardi 26 Juillet 2022 à 12:46

           


Grèce : un nouveau cadre règlementaire pour les muftis présenté au Parlement
Le ministère grec de l’Éducation et des Affaires religieuses a présenté, vendredi 22 juillet, un nouveau cadre réglementaire concernant les muftis devant le Parlement. Cette nouvelle législation va accroitre l’indépendance des cadres religieux musulmans, indique Neos Kosmos. Elle devrait autoriser la minorité musulmane du pays à créer un conseil national de 33 membres, choisis parmi les théologiens musulmans et les imams exerçant dans le pays. Ce conseil se chargera d'évaluer les personnes candidates au poste de mufti. Le ministère de l’Éducation pourra, si nécessaire, choisir le candidat approprié pour le poste.

Jusqu’à présent, les muftis, qui sont notamment chargés de superviser les affaires islamiques, étaient nommés par l’État. Mais la Turquie encourageait la minorité musulmane à choisir ses propres muftis. En Grèce, la communauté musulmane peut suivre les lois de la charia en ce qui concerne le droit civil – c’est-à-dire pour les litiges entre particuliers – mais pas pour les affaires criminelles. Une situation engendrée par le traité de Lausanne signé en 1923, qui a mis fin au conflit gréco-turc en garantissant les droits de deux minorités : les Grecs d’Istanbul et les Musulmans de Thrace occidentale.

Préserver l’islam thracien de « toute influence étrangère »

Cependant, la Grèce ne reconnait pas les muftis élus par la communauté musulmane et les poursuit souvent en justice pour « usurpation de fonction publique ». La nouvelle législation ne reconnait toujours pas à la communauté musulmane le droit d’organiser des élections internes. Le nouveau texte de loi a été préparé sur les conseils d’une commission de développement rassemblant tous les partis de la Thrace occidentale, dernière région dominée par les Turcs à avoir rejoint la Grèce en 1923.

Pour un membre du gouvernement, anonyme, cité par le quotidien Ekathimerini, ces modifications législatives envoient « un message clair pour lutter contre la politisation de l’islam » et ont pour but de protéger les caractéristiques de l’islam dans la région en la préservant de « toute influence étrangère ». « La symbiose entre les chrétiens et les musulmans de Thrace est un parfait exemple de cohésion sociale en Europe. La Grèce apporte tout son soutien aux efforts de la communauté musulmane et de l’Eglise orthodoxe pour que cette situation se renforce, afin de préserver la situation originale que connait la Thrace », ajoute-t-on.

La communauté musulmane de Thrace compte environ 120 000 personnes, et pèse quelque 32 % de la population de la région. 650 000 musulmans vivent en Grèce, pour la plupart à Athènes, la capitale du pays. Ils sont d’origine turque ou bulgare, ces derniers parlant le pomak – la langue des Slaves musulmans – ou la langue romane. Ces dernières années, des immigrés et des réfugiés issus de différents pays ont grossi les rangs des musulmans grecs.

Les tentatives de la Turquie pour influencer sa diaspora ont engendré des tensions avec différents pays européens, notamment l’Allemagne qui compte environ trois millions de personnes d’origine turque. Berlin forme d’ailleurs aujourd'hui ses propres imams pour réduire l’influence étrangère sur l’islam allemand.

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