Finance éthique

Finance islamique au Maroc : la loi enfin votée

Rédigé par | Mardi 9 Décembre 2014 à 18:35



Le 25 novembre dernier, après plus de deux années d’attente, le projet de loi n° 103.12 relatif aux établissements de crédit et organismes assimilés a été adopté à Rabat. Il définit le statut des banques islamiques au Maroc et précise les produits qui pourront y être commercialisés.

La loi va permettre non seulement la création d’institutions dites « participatives » mais aussi aux entreprises marocaines qui le souhaitent de se financer via des émissions de sukuk.

Selon la nouvelle législation, les banques islamiques au Maroc seront appelées comme en Turquie « banques participatives ». La question du contrôle et de la supervision des institutions nouvellement créées sera confiée au Conseil supérieur des oulémas. Sur 395 membres que compte la Chambre des représentants, 161 ont voté en faveur du projet et aucun n’a voté contre, l’opposition ayant opté pour l’abstention. La publication prochaine de la nouvelle loi au Bulletin officiel va permettre de la rendre enfin effective.

Un nouveau moyen pour financer l’économie et développer le secteur bancaire marocain

La finance participative représente un nouveau segment pour la finance marocaine. Son développement va permettre à la place financière de Casablanca de devenir un hub régional de premier choix pour la finance islamique.

Par l’adoption de cette loi, l’État marocain envoie un signal très fort en direction de ses partenaires moyen-orientaux et espère attirer ainsi près de 30 milliards d’euros dans son économie. Ces capitaux doivent permettre de résoudre le problème de liquidité dont souffre le secteur financier marocain.

Les décideurs marocains espèrent aussi que le développement de cette finance permettra d’accroître le taux de bancarisation de la population.

Les perspectives de développement à venir

Aujourd’hui, la question majeure que se posent les spécialistes est de savoir quelle sera la part de marché gagnée par les banques participatives. Sur un marché concurrentiel dominé par les banques conventionnelles, Standard & Poor’s estime que le secteur financier islamique devrait représenter d’ici à deux années près de 5 % du marché national, soit près de 7 milliards d’euros. Par ailleurs, de nombreux sondages montrent que plus de la moitié des Marocains est intéressée par cette nouvelle forme de finance.

Avec un taux de bancarisation de 56 %, le royaume dispose d’une réserve de croissance considérable. Ces raisons suscitent l’intérêt pour ce nouveau marché de nombreuses banques de la région du Golfe telles que la Banque d’investissement du Koweït, la Banque nationale du Qatar ou encore Al Barak Bank du Bahreïn. Récemment, le groupe saoudien El Baraka a manifesté son intention de s’implanter rapidement au Maroc comme il l’a déjà fait en Algérie.

Du côté des banques marocaines, la Banque centrale populaire du Maroc (BCP) et la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE) se préparent depuis plusieurs mois à créer des structures spécialisées, alors que Dar Assafaa, filiale d’Attijariwafa Bank, propose déjà des produits depuis 2010.

L’apparition de nouveaux acteurs sur le marché marocain de la finance islamique devait avoir pour effet de dynamiser le marché bancaire, ce qui va permettre de le rendre plus efficient et de contribuer à un meilleur financement de l’économie.

En faisant le choix d’offrir un cadre législatif adapté aux spécificités de la finance participative, le Maroc met tout en œuvre pour assurer un développement pérenne sur son sol.




Ezzedine GHLAMALLAH est consultant, fondateur de SAAFI, cabinet de conseil en finance islamique et… En savoir plus sur cet auteur