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Religions

Du Rhône à l'Eure-et-Loir, la contestation monte dans les mosquées de France contre la charte des imams

Rédigé par Lina Farelli | Lundi 15 Février 2021 à 12:45

           

La charte des principes pour l’islam de France, aussi appelée « charte des imams », fait l'objet de nombreuses critiques qui se font entendre à travers le territoire. Dernièrement, les mosquées d'Eure-et-Loir ont signifié les raisons de leur refus de signer le document.



A l'image, la mosquée de Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir.
A l'image, la mosquée de Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loir.
La colère contre la charte des principes pour l’islam de France, censée structurer le fonctionnement du futur Conseil national des imams (CNI), grandit parmi les responsables associatifs musulmans et les acteurs religieux. Une quinzaine de mosquées d’Eure-et-Loir, à Chartres, à Dreux ou encore à Vernouillet, à Châteaudun et à Nogent-le-Rotrou,* ont fait savoir, vendredi 12 février, les raisons pour lesquelles elles ne signeront pas la charte.

« Le projet initialement communiqué concernait une charte supposée encadrer la pratique de l’imam sur un plan déontologique. (…) Or, celle qui fut présentée au président de la République s’intitulant "Charte des principes pour l’islam de France" nous apparait englober un champ bien plus large que ce qu’elle prétend viser », indiquent les signataires, qui déplorent la non-prise de contact des instances régionales du Conseil français du culte musulman (CFCM) avec eux.

« Cette manière incongrue de procéder relève de l’imposition que nous refusons », d’autant que des points soulevés par la charte « dépasse les objectifs de l’élaboration d’un cadre déontologique de l’imam » en abordant « des questions d’ordre théologique et dogmatique », ce qui nécessite une large consultation de religieux, précisent-ils.

Un refus de signer « sous la pression politique »

A leurs yeux, le rappel fait dans cette charte à respecter les lois de la République est « déplacé et insultant » du fait que « l’écrasante majorité des musulmans de France vit dans le respect total des lois, et nous ne saurions souffrir que les déviances d’une partie de la communauté nationale, parce que musulmane de confession, jettent la suspicion et l’opprobre sur le reste ».

« Nous condamnons l’utilisation et l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques. En revanche, nous ne pouvons signer un texte nous demandant de refuser de nous "inscrire dans une quelconque démarche faisant la promotion de ce qui est connu sous l’appellation "islam politique", alors même qu’il n’existe aucun consensus sur sa définition », affirment les responsables des mosquées. Il n’est pas défini « autrement que par la désignation du CFCM de certains courants », ce qui est problématique pour eux car « le CFCM se permet de nommer idéologie ce qui relève tantôt d’une approche spirituelle particulière de la pratique, tantôt d’un courant et/ou d’une interprétation des textes ».

Lire aussi : Le non à la charte réaffirmé par trois fédérations au CFCM, elles s'en expliquent

« En les qualifiant d’islam politique, il établit de fait une hiérarchisation entres ces derniers, contredisant au passage l’article 5 précisant que "il y a au sein de l’islam, des courants et des interprétations qui peuvent diverger : ils ne se hiérarchisent pas". Le CFCM est donc selon nous à la fois juge et partie, ce qui le rend illégitime », signifient-ils.

« Nous avons appris par voie de presse que le CFCM attendait que des propositions d’amendements lui soient remontées. Nous en déduisons donc qu’en l’état actuel des choses cette charte n’est pas finalisée. (…) Au vu de ces éléments, nous préférons nous donner le temps d’échanger et de faire des propositions plutôt que de signer, sous la pression politique notamment, un texte dont nous contestons la méthode et dénonçons les ambiguïtés », concluent les signataires.

Une contestation large sur le territoire

Les mosquées d’Eure-et-Loir sont loin d’être les seules à contester la charte. Tandis que la Confédération islamique Milli Görüs (CIMG) a récemment lancé le hashtag #TouchePasAMonImam pour appuyer la fronde contre la charte, le Conseil théologique des imams du Rhône (CTIR), qui s’est clairement positionné contre la charte des imams avec le Conseil des mosquées du Rhône (CMR), a décidé d’adopter leur propre charte dressant « les engagements éthiques et déontologie de l’imam, notamment son attachement profond aux valeurs universelles qui fondent notre République ainsi que son attachement au principe de laïcité garant de la liberté de conscience et du respect de la diversité des convictions et des pratiques religieuses ».

Quelque 500 personnes, dont 100 imams, ont également signé une « tribune de la dignité » parue sur Médiapart le 9 février pour indiquer leur refus de signer le document contesté et dénoncer une démarche « réalisée sans la moindre concertation avec les imams comme avec les fidèles musulmans ».

« Nous ne souhaitons pas, en apportant notre nom ou notre caution à des textes qui posent problème, sur le fond comme sur la forme, légitimer ou participer à la criminalisation de nos concitoyens, notamment musulmans », estiment les signataires. « Cela reviendrait à mettre en péril les principes fondamentaux (état de droit, laïcité, égalité...), tout en répondant à des objectifs politiques aux antipodes de nos valeurs. »

La contestation se fait également entendre parmi des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), à l’image de celui de Midi-Pyrénées qui a signifié, dans un communiqué en date du 1er février, son « regret » de constater que sa structure, de même que les instances départementales et locales musulmanes « n’ont nullement été concertés ni associés dans le processus qui a conduit à la rédaction de cette charte et la mise en place du CNI ».

« Nous avons la conviction que les bonnes réformes sont celles qui doivent être concertées, débattues par les principaux acteurs de terrain à savoir les imams et les associations locales. Les décisions aussi importantes que celles annoncées aux principaux concernés par voix médiatique ne peuvent être le résultat d’une volonté unilatérale dans une temporalité aussi courte ou l’on demanderait aux associations de signer et valider un texte et des décisions pour lesquelles ils n’ont en rien été associé », déclare le CRCM, faisant valoir leur responsabilité de « concerter les associations locales et départementales afin qu’elles puissent exprimer leurs positions ».

*Les mosquées d'Eure-et-Loir signataires du communiqué portant refus de signer la charte sont la mosquée Sunna de Dreux, la mosquée At-Tariq de Dreux, la mosquée Ibadoullah de Dreux, la mosquée Omar de Dreux, l’Association culturelle franco-turque de Dreux, la mosquée des Bergeronnettes, la mosquée Daawa de Vernouillet, la mosquée Baraka de Saint-Lubin des Joncherets, la mosquée Nousra de Chartres, la mosquée Al-Mouhsinine de Lucé, la mosquée Assalam de Mainvilliers, la mosquée Er-Rahma d’Auneau, la mosquée Taqwa de Gallardon, la mosquée Assalam de Châteaudun, et la mosquée de Nogent-le-Rotrou.

Lire aussi :
Islam de France : le non à la charte réaffirmé par trois fédérations au CFCM, elles s'en expliquent
Islam de France : une charte ne se décrète pas et ne s’impose pas, elle se partage
Charte des principes du Conseil national des imams : ce que proclame le texte (exclusif)




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Milouda le 15/02/2021 19:43 | Alerter
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Les autres Cultes ont t'ils signé le même. C'est ce que je me demande.

2.Posté par MythoPasMytho le 19/02/2021 02:08 | Alerter
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Partout ou il y a du monde il faut dire comme tout le monde.
Ce qui compte n'est pas ce que l'on dit mais ce qu'il faut dire.
Tant que l'on ne le sait pas (ce qu'il faut dire) s'abstenir de le dire.
Ou se trouve ce qu'il faut dire est ce qu'il faut obtenir.
Ou se trouve t'il, personne ne le dit jamais.
On sait juste qu'il ne faut pas dire ce qu'il faut dire.
Et qu'il ne faut pas le dire là ou se trouve du monde.
Il n'en existe pas de liste (de ce qu'il ne faut pas dire).
Il est tout ce qu'il faut dire, c'est tout ce que l'on sait.
Ce n'est donc que lorsque l'on l'aura dit que l'on saura.
C'est là ou se trouve du monde qui en fera la liste.
C'est être là ou se trouve ce qu'il ne faut pas dire qu'il faut être.

3.Posté par MythoPasMytho le 19/02/2021 02:33 | Alerter
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Il y a les endroits.
Une mosquée. Ici se trouve l'islam.
Le yoga. Ici se trouve le yoga.
Une bibliothèque. Ici se trouve la lecture.
Un musée. Ici se trouve la peinture.
Etc. Ainsi de suite avec tout.
Le service et le client.
La loi séparatisme dit tous les endroits.
Tous les endroits ou se trouvent du monde.
En vérité on veut dire les muzz.
Quand ils ne se trouvent pas dans leur endroit (les mosquées) c'est qu'ils se trouvent ailleurs.
Là entrent en scène les associations, le service public, l'éducation et tout le bordel.
Les endroits ou ils peuvent se trouver et donc tous les endroits.
La spiritualité n'est ni être sportif, ni être lecteur, ni être toutes les activités
qui peuvent exister.
Cependant on dit de la spiritualité qu'elle est une identité, un état de tous les instants.


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