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Droit au logement : « On ne fera pas une politique du logement en créant de l’hébergement »

Entretien avec Jean-Baptiste Eyrault, président de Droit au Logement

Rédigé par Propos recueillis par la rédaction | Vendredi 12 Janvier 2007 à 14:07

Depuis plusieurs jours, l’association Droit au Logement a décidé d’occuper avec d’autres mouvements (Macaque) et des familles, un immeuble parisien de la banque CIC. Histoire de montrer au gouvernement comment appliquer la loi de réquisition. Jean-Baptiste Ayrault, son président, nous explique les motivations de cet engagement et les moyens de sortir de cette fameuse crise du logement.



Saphirnews.com : Quels objectifs poursuiviez-vous en occupant ce bâtiment parisien de la banque CIC ?

Jean-Baptiste Eyrault est le président du DAL

Jean-Baptiste Eyrault : Trois objectifs. Le premier est de reloger des gens à la rue. Au moins quelques uns. Le deuxième est de rappeler aux pouvoirs publics qu’ils doivent appliquer la loi de réquisition. Le troisième est de poser la question du logement pendant les échéances électorales, dans la foulée des campements des Don Quichotte.

Un ministère sur la crise du logement, pourquoi faire ?


J-B.E : On va discuter, on va réfléchir à des mesures. On va inviter des candidats à venir s’exprimer et on va lancer des initiatives de lutte contre la crise du logement.

Que pensez-vous du droit au logement opposable évoqué par le Président de la République ?


J-B.E : C’est une très bonne nouvelle. On demande cela depuis des années. En fait, nous demandons le droit au logement tout court et si l’on parle aujourd’hui de droit au logement opposable c’est parce qu’il y a une association qui s’appelle Droit au Logement, et qu’on a voulu faire la distinction.
Ce projet de loi commence à jeter les bases d’un droit au logement qui devient une responsabilité concrète et non plus une déclaration d’intention. C’est ce qui était déjà inscrit dans l’article 1 de la loi Besson en 1990.
Les avancées sont la proclamation de ce droit au logement, la possibilité de saisir le juge et la mise au point d’un comité de suivi qui fera des préconisations juridiques et réglementaires dès juillet 2007.

Etes-vous favorable au squat de logements par les mal-logés ?


J-B.E : Oui, bien sûr, tant que le droit au logement ne sera pas mis en œuvre. Il y a légitimité dès lors qu’on n’a pas les moyens de se loger convenablement dans le parc locatif privé, et qu’on est en attente de logement social, d’occuper un appartement vide appartenant plutôt à un grand propriétaire.

Il y a 1, 3 millions de demandeurs de logement sociaux. Comment solutionner ce problème ?


J-B.E : Il faut renforcer ce droit au logement et le rendre réalisable et il faut agir sur l’environnement par des mesures d’urgence pour sortir les gens des hôtels et des foyers. On ne fera pas une politique du logement en créant de l’hébergement. Il faut aussi développer un parc de logement de transition, en attendant que les familles aient un logement social. Il faut bien sûr également produire massivement du logement social à des prix accessibles, comme locataire ou propriétaire.

Combien de temps comptez-vous occuper cet immeuble du CIC ?


J-B.E : Nous sommes prêts à discuter avec le CIC. Le seul problème sera le relogement des personnes. Nous sommes prêts à rester jusqu’à l’été prochain, c'est-à-dire au moment des législatives.