Sur le vif

Drame au Bangladesh : Mango accusé d'esclavage

Rédigé par La Rédaction | Lundi 13 Mai 2013 à 18:31



Le bilan de l'effondrement de l'immeuble de confection Rana Plaza dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh, le 24 avril est terrible. Près de 1 125 personnes sont mortes, selon le dernier bilan officiel.

Les victimes, des salariés de l'industrie du textile, travaillaient dans des conditions difficiles et leur salaire ne dépassait pas 38 € par mois. Le drame de l’usine de Rana Plaza est la pire catastrophe industrielle qu'ait connue le Bangladesh.

« Dans la nuit du 9 mai, un nouvel incendie dans une usine de pull-overs du pays a fait huit morts, venant rappeler que le drame de l'immeuble de Dacca n'est pas isolé », rappellent la militante antiraciste Rokhaya Diallo, l’actrice Aïssa Maïga, la comédienne Sonia Rolland et la scénariste Isabelle Boni-Claverie dans une pétition assignant Mango à ne plus « avoir recours à l’esclavage au Bangladesh ».

Au Vatican, le pape François a également condamné le « travail d'esclave » des victimes, tout comme les organisations de défense des ouvriers qui dénoncent depuis des années leurs conditions de travail.

« Dans ce bâtiment insalubre, les sous-traitants de plusieurs grandes marques de prêt-à-porter internationales produisaient des vêtements dans des conditions inhumaines », fustigent Rokhaya Diallo et les autres signataires de la pétition.

« Parmi les clients d'un de ces sous-traitants, figurent le géant espagnol Mango, la chaîne d'habillement à bas prix britannique Primark ou encore la marque italienne Benetton. Mango a aussitôt réagi sur les réseaux sociaux, se défendant d'être client du fournisseur Phantom-Tac, tout en reconnaissant lui avoir commandé plusieurs dizaines de milliers d'échantillons... Un vague communiqué et plus rien », poursuivent-elles.

Effectivement, la marque nie, le 27 avril sur Facebook, avoir pour fournisseur Phantom tout en reconnaissant avoir eu recours à ses services pour une commande de 25 000 vêtements.

« Ces marques assument avec un incroyable cynisme le fait de faire prospérer leur image glamour en exploitant la vie et la dignité des travailleurs des pays pauvres », dénoncent-elles.

« Réclamons à Mango non pas un retrait du Bangladesh, choix trop commode qui fragiliserait l'économie du pays, mais une totale transparence quant à la fabrication de ses produits, ainsi qu'un bilan social détaillé de ses usines, sans quoi nous appelons au boycott et à des manifestations devant toutes les boutiques de la marque pour laquelle l'esclavage est décidément bien plus qu'un "style" », concluent-t-elles.

Elles font ainsi référence à une précédente pétition qu’elles avaient lancé contre la marque espagnol pour lui demander de retirer sa gamme de bijoux « style esclave ».

La pétition actuelle pour dénoncer le sort des ouvriers bangladais a déjà recueilli plus de 40 000 signatures. Par ailleurs, des syndicalistes espagnols ont manifesté, mardi 7 mai, les mains peintes en rouge sang, devant un magasin Mango à Barcelone.

Contrairement à la marque espagnol, Primark ainsi que la chaîne de magasin espagnol El Corte Ingles et le groupe canadien Loblaw, qui produisaient aussi des vêtements dans l'immeuble vétuste, se sont engagés à indemniser les familles des victimes.

Le Bangladesh est au deuxième rang mondial des pays exportateurs de textile derrière la Chine. Cette industrie représente 80 % de ses exportations et occupe plus de 40 % de la main-d’œuvre de ce pays, qui compte une population à 90 % musulmane.

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