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Doudou Diène : « L’enjeu mémoriel est central »

Rédigé par princevaillant@ymail.com | Mardi 6 Octobre 2009 à 10:24

           


Située au large de Dakar, l’île de Gorée est connue pour son histoire marquée par l’esclavage qui a duré du XVe au XIXe siècle, sous domination portugaise, néerlandaise, anglaise et française.
Située au large de Dakar, l’île de Gorée est connue pour son histoire marquée par l’esclavage qui a duré du XVe au XIXe siècle, sous domination portugaise, néerlandaise, anglaise et française.
Dakar, 5 oct (APS) – Doudou Diène, rapporteur de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie (2002-2008), a souligné, lundi à Dakar, l’importance de l’enjeu mémoriel pour la promotion d’une identité plurielle dans les relations entre les peuples.

« L’enjeu mémoriel est central, mais il est double. D’abord au niveau des anciens peuples colonisés comme les Africains. Il est absolument capital que ces peuples reconquièrent leur mémoire. L’écriture et l’enseignement de l’Histoire sont des enjeux capitaux dans tous les pays anciennement colonisés », a dit Me Diène.

Le fonctionnaire international a lu le texte de la conférence inaugurale du colloque international de deux jours sur « L’UNESCO et les questions de colonisation et de colonisation » qu’abrite l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Selon lui, « c’est dans cette écriture-là que se trouve la manière dont les peuples peuvent dire ce qui s’est passé, les problèmes auxquels ils ont fait face et la situation actuelle dans laquelle ils se trouvent ».

Doudou Diène a souligné que c’est aussi « un enjeu moderne et mondial », citant notamment la question des immigrés dans les pays occidentaux et celle des descendants des anciens peuples coloniaux qui vivent en Occident (France, Angleterre, Pays, Bas, etc.).

Ces descendants de peuples colonisés, « se battent contre les préjugés raciaux, les discriminations auxquels ils sont confrontés quotidiennement et se battent également pour que l’histoire des nations qui les ont accueillis inclut l’histoire qui a amené leurs ancêtres dans ces pays, c’est-à-dire l’histoire de l’esclavage et de la colonisation », a-t-il indiqué.

Il s’agit de faire en sorte que « véritablement l’histoire nationale de ces pays d’Occident soit une histoire qui représente et reflète le pluralisme et la diversité de ces peuples ».

Pour Doudou Diène, l’enjeu mémoriel n’est pas seulement intellectuel. « Reconquérir sa mémoire, précise-t-il, c’est faire ce que notamment les pays des Caraïbes et d’Amérique du Sud et les peuples descendants d’esclaves sont en train de faire parce que la source fondamentale de toute domination a été ce que j’appelle la "zombiisation" de l’esprit ».

« Littéralement, on efface de l’esprit du dominé toutes les causes, tous les processus, les mécanismes, les raisons de sa domination. Et c’est dans ce vide intellectuel et spirituel que la domination coloniale ou intellectuelle s’inscrit. C’est en cela que l’enjeu de mémoire est l’enjeu éthique sont important », a dit Doudou Diène.

L’ancien rapporteur des Nations unies sur les questions de racisme est revenu sur le rôle de l’UNESCO dans la mise en exergue de l’enjeu identitaire, qui consiste selon lui à « montrer qu’au cœur de la domination coloniale c’est la négation des identités des peuples colonisés, qui a été une des bases fondatrices de la colonisation ».

Source : Agence de presse sénégalaise - 05/10/2009




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Lotfi OULED BEN HAFSIA le 08/11/2009 01:38 | Alerter
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Monsieur Doudou DIENE,
Je tiens à vous remercier Monsieur le rapporteur Spécial, vous êtes notre Fierté. Comme il disait l’écrivain Malien, Massa Makan Diabaté, à qui je dois beaucoup de respect, « Le colonialisme, c'est maintenir quelqu'un en vie, pour boire son sang goutte à goutte ». En revanche, si la France ouvre avec peine et réticence les discours sur « le racisme et le colonialisme », comment saurait-elle même accepter l'idée que les indépendances n'ont pas tourné la page des abus, des complots et des massacres, que le pays des Droits de l'Homme continue au XXIe siècle à bafouer l'humain pour assurer son hégémonie culturelle et son accès aux matières premières dans ses anciennes colonies ? C'est sur ce terrain-là, et non pas celui de la colonisation, que les jeunes Africains, les Arabes de l’Afrique du Nord, comme je suis, et les jeunes Français Noirs veulent aujourd'hui engager ce débat sur notre histoire mutuelle et ses enjeux.
Dr. Lotfi OULED BEN HAFSIA


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