Société

Discrimination raciale : une société de recrutement devant la justice

Rédigé par LELEGANT KOBELE | Mardi 1 Juillet 2008 à 07:58

Le 23 juin dernier, la somme de 80 à 100 000 euros d'amende a été requis par le procureur de la République de Nanterre contre la société de recrutement Daytona ainsi que deux de ses dirigeants. Ces derniers étaient jugés pour discrimination raciale et fichage ethnique de salariés.



80 à 100 000 euros d'amende. C'est ce qu'a requis lundi 23 juin dernier le procureur de la République de Nanterre contre la société Daytona, en tant que personne morale ainsi que contre François Leveque, ancien directeur général de la société, et Caroline Housset, ex-directrice du département hôtesses.

La société Daytona, spécialisée dans le recrutement et la mise à disposition d'hôtesses de vente et de commerciaux, est jugée pour avoir classé ses employés selon leur origine ethnique. Elle est accusée par la justice de "discrimination lors de l'embauche en raison de l'ethnie" et "enregistrement de données nominatives sensibles sans l'accord de l'intéressé".

Le répertoire selon l'origine ethnique, dressé sur un fichier Excel, a été découvert en novembre 2002 par Karim Dhif, qui était à l'époque employé à durée déterminée au service des ressources humaines. Ce dernier a expliqué au président du tribunal de Nanterre : "La directrice des ressources humaines m'a confondu avec un stagiaire, et m'a expliqué le premier jour la signification de la colonne "O" du tableau. Un code y est utilisé : 1 pour les Européens blancs, 2 pour les Maghrébins, 3 pour les Noirs et 4 pour les Asiatiques."

"J'en ai discuté avec une de mes collègues. Elle m'a montré une présentation destinée au service recrutement, qui mentionnait que les hôtesses permanentes devaient être 'de nationalité française et pure white'", a ajouté M. Dhif. Et ce dernier de raconter devant le tribunal que lorsque François Leveque, l'ancien directeur général de Daytona lui a un jour demandé de prendre en charge le renouvellement de 60% des hôtesses de la société Gillette, il lui "a dit : "tu peux prendre un arabe, si il parle comme toi, il n'y a pas de problèmes"".

Si François Leveque affirme n'avoir "aucun souvenir" des fichiers selon l'origine ethnique, il a tout de même reconnu devant le tribunal que "certains clients demandent plutôt (des hôtesses de) telle ou telle origine. Suzi-Wan, par exemple, préfère des hôtesses Asiatiques."

Le jugement sera rendu le 27 octobre prochain.