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Points de vue

Déclarons enfin la guerre à Daesh !

Rédigé par Youssef Chems | Mardi 14 Juillet 2015 à 00:07

           


Déclarons enfin la guerre à Daesh !
Cette guerre doit être déclarée et menée, sinon elle est déjà perdue (Valls). Accordons au Premier ministre ce bénéfice, il a raison. L’attentat n’est plus une exception, il va devenir une menace du quotidien et nous allons devoir vivre avec cette peur. Inutile de nous pousser à défiler en blanc sur un tapis de larmes, c’est autre chose dont il s’agit. Il faut désormais prendre conscience de ce nouvel état que les Algériens connaissent bien, la peur au ventre tous les jours jusqu’à s’en tétaniser et à la faire disparaître sous le mépris, l’inconscience ou la fête à en mourir.

Pas une péripétie, mais une évidence géopolitique majeure. Nous allons changer de vie et nous adapter. Monsieur le Président, restez donc dans votre bureau à « faire de l’économie », il est ridicule d’aller déposer quelques chrysanthèmes aux Invalides à chaque mort au combat. Vous avez des ministres, des préfets et des généraux qui savent fort bien faire tout cela. Imaginons une seconde qu’en 1914-1918 ou en 1940 nos responsables en aient fait autant… ils auraient été soudés aux cercueils ! Nous allons vivre en conséquence, bien obligés.

Une bande de psychopathes, qui font tout pour augmenter le choc de leurs actes par des mises en scène grand-guignolesques impressionnantes et très efficaces. On est sur la place de Grève avec ses sanglantes et spectaculaires guillotines. Ils n’ont rien inventé, on savait faire, nous aussi, à l’époque. Eux ne sont même pas rois, juste des mécréants au sang facile que les poètes saaliques préislamiques, aïeux de François Villon, ne respectaient pas plus que cela. Ils ressuscitent le crime de sang sur des victimes faciles, abandonnées de tous, là-bas au fin fond d’une dune.

Quelle gloire, ces lâches shootés aux drogues dures, parce que là est une de leurs vérités, ce sont des « camés » que
certains réseaux engraissent faute d’y aller eux-mêmes. Facile de manipuler quelques jeunes de banlieue et de les lancer à l’assaut des belles du paradis. Quel éclat de mettre au « tapin », non pas des guerriers venant des saharas ou des monts pakistanais, mais des faubourgs parisiens ou lyonnais. La cervelle bourrée d’amphé, on leur fait avaler qu’ils sont les bras armés, les exécuteurs d’un Occident auquel ils n’ont jamais réussi à simplement s’intégrer en souplesse. Incapables de relativiser les fables de Daesh qui ne voit en eux que de la chair à canon.

Aucune religion chez ces laissés-pour-compte, pas si simple d’apprendre par cœur un Coran ou de respecter Allah avec humilité. Ils préfèrent rouler les mécaniques devant un selfie bon marché avec des yeux d’allumés et des barbes rousses clairsemées, panoplie de supermarché. Belle armée de ringards qui lorsque les forces alliées le décideront enfin ne pèseront pas lourd face à quelques escouades de paras ou de marines solides et remontés à bloc.

La faille est là, pas de prise de décision d’un Occident asphyxié par ses contradictions et ses velléités entretenues par une carence sévère d’hommes d’Etat. Les autres s’engouffrent et nous humilient à chaque escalade bestiale. Facile quand il n’y a rien en face, que des paroles qui se contredisent le temps d’un passage télévisé. Eux préviennent, envoient des messages même pas codés et agissent en guérilleros victorieux avant même que se battre. Ils font peur avant la première escarmouche, essayant par tous les moyens de se faire plus durs, plus impitoyables que leur principal rival Al Qaïda. Le colonel Lacheroy, stratège reconnu des dernières luttes coloniales françaises, peut être certain que les hommes de Daesh ont lu sa « Guerre révolutionnaire » avec certainement plus de résultats que ses commandos de l’époque. Et les écoles de communication ont là de sérieux candidats qui ont bien mieux compris la mécanique des médias que nombre de hauts diplômés français ou américains.

Le calife en babouches. Pour qui se prennent-ils avec leurs postures pagnolesques. Bien sûr, ils terrorisent, mais seulement des populations laissées sans défense et sans armes. Allez donc demander aux femmes kurdes si elles ont peur de ces fantômes noirs, pas une seconde, elles tirent, elles les allument le sourire aux lèvres et devant elles ils détalent comme des lapins parce que descendus par une femme ils vont être rejetés par un Dieu qu’ils se sont fabriqués, dans leur intérêt. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire », voilà, leur maigre panache. Lancer un petit jeune sur une plage ou un défoncé dans une mosquée, quoi de plus éclatant ! On va en parler longtemps dans les ruines d’Alep ! Non, il faut vite se mettre en ordre de marche et lâcher nos troupes contre ses infidèles, ces parias d’Allah, rien de plus.

De notre côté, arrêtons de parader sur les Champs-Elysées ou dans les avenues désertes du Qatar ou du Koweït. Faisons prendre l’air à nos soldats, ils ne sont pas là pour des revues aux chemises bien repassées et aux guêtres astiquées, ils doivent prendre la route avec leurs collègues arabes, kurdes, américains, européens. Faire la véritable union nationale, rien d’autre. Organisons la riposte sévère, tranchante, sans négociation, avec pour but d’effacer de la carte des sables Daesh et ses commanditaires que chacun reconnaîtra.

Adaptons en même temps les islams français, européens aux nouvelles donnes et qu’enfin il n’y ait plus de rupture sociétale. Il faut faire vite, opérons une fusion pour gagner cette guerre qu’il faudra bien un jour ou l’autre déclarer, et ne pas la traiter d’« événements » comme en Algérie en son temps. Ce ne sont pas que des attentats isolés même s’ils sont meurtriers, nous avons là une véritable déclaration de guerre de leur part, comprenons-le et agissons en conséquence. De toute manière c’est ce qu’ils cherchent, nous exciter, nous mettre en marche. N’attendons pas un Pearl Harbor pour monter au front, allons-y aujourd’hui. Surtout lorsque nous apprenons qu’une révolution de palais vient de se produire contre el-Baghdadi, le calife à la Rolex, et que son pouvoir a chancelé malgré une trentaine d’exécutions. Le processus de décomposition est en marche, soyons attentifs.

Ne laissons pas le terrain à ces « assassiyoun ».


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Youssef Chems est écrivain.





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