Connectez-vous S'inscrire

Religions

De Cannes vers Nice, une marche interreligieuse qui unit les convictions pour la paix

Rédigé par | Vendredi 22 Octobre 2021 à 12:55

           

Des pèlerins, chrétiens et musulmans pour la plupart, s’apprêtent à effectuer une marche interconvictionnelle entre Cannes et Nice du 24 au 30 octobre. « Il faut se changer soi-même avant de penser changer les autres et changer le monde », fait valoir le coordinateur de cette initiative associative pour la paix, amenée à prendre fin avec une participation des marcheurs aux commémorations du premier anniversaire de l’attentat à la basilique de Nice.



De Cannes vers Nice, une marche interreligieuse qui unit les convictions pour la paix
« Marcher – Dialoguer – Comprendre. » C’est la devise de l’association Compostelle-Cordoue, qui organise chaque année, depuis plus de dix ans (à l’exception de « l’année Covid »), des marches intergénérationnelles et interconvictionnelles. Que ce soit au Maroc, en Bosnie, en Palestine ou encore en France, la démarche philosophique reste la même pour Jean-René Brunetière, le coordinateur de la marche Cannes-Nice qui débutera dimanche 24 octobre. « Pour agir sur le monde, sur tous ces défis qui nous dépassent, il faut que chacun prenne ses responsabilités, et qu'il le fasse en accord avec les autres. Cela passe par une transformation intérieure », explique le secrétaire général de l’association auprès de Saphirnews.

« Transformation intérieure », c’est le maître-mot de Jean-René Brunetière, qui fera partie de la cinquantaine de marcheurs de toutes convictions dont l’effectif est partagé entre les adhérents de l’association – « très souvent des personnes du troisième âge », nous dit-on – des scouts musulmans et chrétiens, des guides ainsi que des membres de l’association Vivre ensemble à Cannes (VEAC) avec laquelle Compostelle-Cordoue a noué un partenariat à l’occasion des dix ans de VEAC. Pour marquer le coup, celle-ci organise un festival sur deux jours les samedi 23 et dimanche 24 octobre qui se prolongera avec le lancement de la marche vers Nice.

« Se recentrer pour mieux s’impliquer »

« Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle » qui va, dans les faits, « vers Rome », les pèlerins sont appelés à marcher 80 kilomètres sur cinq jours, à raison de « trois à quatre heures par jour ». « Une maturation » qui leur permettra, pour l’association qui revendique une cinquantaine d'adhérents, de se préparer aux rencontres de Nice organisées le 30 octobre, au lendemain des commémorations du premier anniversaire de l’attentat contre la basilique de Nice, autour de trois thématiques qui ont récemment affecté la Provence-Alpes-Côte d’Azur : le terrorisme, l’accueil des migrants et le dérèglement climatique au regard des nombreuses catastrophes qui ont été observées ces derniers mois dans la région.

Sur tous ces défis, « chacun doit agir et prendre ses responsabilités », pour Jean-René Brunetière. Néanmoins, « il faut se changer soi-même avant de penser changer les autres et changer le monde », souligne-t-il. La marche se trouve être un moyen, pour l’association, de « se recentrer pour mieux s’impliquer ».

« On est sur un chemin de pèlerinage et on ne sort jamais d’un pèlerinage dans le même état que celui dans lequel on était entré, normalement. Le chemin (à emprunter) est de se tourner vers soi-même, de faire son examen de conscience et de s’ouvrir à la spiritualité selon sa religion et son rapport à Dieu si on est croyant »
, explique encore le responsable associatif.

De Cannes vers Nice, une marche interreligieuse qui unit les convictions pour la paix

Animés par l'esprit de Cordoue

Quelle que son appartenance religieuse ou philosophique, « ce qui est formidable, c'est qu'on entend tous à peu près la même chose dès lors qu’on est attentif. Dieu ne me demande pas de bouleverser le monde à moi tout seul mais de me comporter en frère des Hommes. Je n'ai pas le pouvoir de changer le monde mais j’ai le pouvoir avec Dieu de me changer et de faire ce qui doit être fait », confie-t-il, invoquant la légende du colibri (voir encadré) chère au philosophe Pierre Rabhi.

« À l’image du colibri de la légende amérindienne, si chacun de nous faisait sa part, et qu’on est nombreux à faire notre part, je pense qu’on peut bouleverser la société. Mais reste toujours le facteur essentiel et principal, sans lequel rien ne peut fonctionner, c’est le changement humain lui-même », déclarait en 2017 le penseur au cours d’une interview pour le magazine Salamnews. C’est dans cette philosophie que l’association Compostelle-Cordoue se situe.

D’ailleurs pourquoi « Compostelle-Cordoue » ? Marcher à l’envers des pèlerins de Saint-Jacques, en partant de Compostelle pour aller vers Cordoue, est une invitation à célébrer le vivre ensemble du temps d’Al-Andalus où cosmopolitisme et tolérance régnèrent pendant plusieurs siècles jusqu’à la Reconquista au XVe siècle. C’est cet état esprit revendiqué par l’association qui anime depuis 2010 ses actions, qui va compter la marche Cannes-Nice, à l’envers du chemin de Compostelle.


Que dit la légende du colibri dont s’inspire le mouvement Colibris ? Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !