Ramadan

Culture Ramadan

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Mercredi 12 Septembre 2007 à 15:08

Tout comme en période de Noël ou pour Hanouka, le mois de Ramadan constitue pour la grande distribution un "marché" à ne pas rater. Couscoussières, tapis et autres lampions à la touche orientale sont alors de sortie. Business is business, me direz-vous. Mais incontestablement, ce commerce de grande surface installe ainsi peu à peu ce mois sacré pour les musulmans dans le paysage culturel français et européen. Et si le commerce tire un profit certain de cette période, en entreprise, ce sont les salariés qui tentent tant bien que mal de concilier convictions religieuses et vie professionnelle.



Marketing ethnique

Catalogue d'avant-Ramadan de Carrefour
Si à l'approche des fêtes de fin d'année, les rues s'illuminent et les commerces s'animent, quand vient ce mois béni pour les musulmans qu'est Ramadan, l'agitation n'est plus circonscrite au quartier parisien de Barbès ou encore à celui de Belleville, voire dans les commerces ethniques. Depuis quelques années, ce marché a été largement investi par la grande distribution, qui ne lésine en effet pas sur les moyens. Dans les grandes surfaces le plus souvent, c'est un rayon entier, habilement mis en évidence, qui se retrouve enveloppé et habillé d'un immense décor fait d'arcades orientales ou de grands palmiers. Les rayons y débordent de victuailles, mais aussi d'objets traditionnels et de bibelots complètement inutiles à la préparation du Ramadan, mais pour lesquels pourraient craquer n'importe quelle maman. Eh oui ! Il y a des occasions que le commerce ne raterait pour rien au monde !

Ramdan 2007 débute aujourd'hui 13 septembre. Mais depuis quelques semaines déjà, la grande distribution s'est mise au diapason. Il faut avouer qu'elle n'a plus grand-chose à envier au bazar du coin tellement leurs étalages à tous deux se ressemblent. Reste à déterminer leurs chiffres d'affaire respectifs, un chiffre méconnu ou difficile à apprécier jusqu'à présent. Car ne nous y trompons pas : si le service est rendu, il se paye, et parfois à prix d'or ! Les magasins Carrefour, Auchan, Cora et autres Casino se disputent âprement le marché.

Mais si certains magasins, tel Leclerc en 2006, affichent clairement la couleur et diffusent au moment du Ramadan des catalogues "Spécial Ramadan", d'autres comme Carrefour préfèrent ratisser le plus largement possible avec un intitulé de catalogue 2007 très fédérateur : "Tradition orientale". Pourtant cette année, même s'il est présenté et vendu comme un "tapis", c'est en réalité un tapis de prière qui est mis en vente pour la modique somme de 1,90 euros. Les termes parlent ainsi à tous et évoquent des parfums d'Orient auxquels personne ne reste insensible. Le plus large public est alors touché. Cible musulmane non assumée ou choix marketing revendiqué ? Probablement que le deuxième argument a bien plus pesé dans la balance commerciale que le premier.

Entreprise

Pour autant, l'entreprise suit-elle le mouvement et la culture Ramadan y pénètre-t-elle ? En grande partie, cela dépend des salariés eux-mêmes. Car si des questions telles que "pas trop faim ?" ou encore "ça va, tu tiens le coup ?" s'estompent peu à peu au profit d'encouragements ou encore d'admiration, voire même de suivisme, les idées préconçues et autres préjugés ont la vie dure.

Cependant tout un chacun peut réussir à concilier exigences liées à un mois de jeûne et objectifs inévitables à atteindre au sein d'une entreprise de plus en plus compétitive donc exigeante. Les ventres qui gargouillent, les visages pâlichons et autres jambes chancellantes laissent la place à des cadres et employés certes un chouiya plus silencieux et calmes qu'à l'accoutumée, mais tout aussi dynamiques et productifs, faisant s'atténuer les craintes de manque à gagner. D'ailleurs, n'est-il pas prouvé par les scientifiques que le jeûne potentialise la sérotonine, une hormone harmonisant l'humeur, et qu'il met de l'énergie à disposition ?

Auparavant se posait aussi le problème de la rupture du jeûne. Ces dernières années, le mois de Ramadan tombant durant la période hivernale et le soleil se couchant tôt à cette époque de l'année, le jeûne était rompu au bureau. Une rupture qui occasionnait parfois quelques frictions puisque, à cette occasion, le travail était interrompu. A partir de cette année, et pour plusieurs années à venir, Ramadan arrive alors que l'été s'achève. Les journées s'étirent encore et le coucher de soleil n'a lieu qu'aux alentours de 20 h, une heure à laquelle, théoriquement, les travailleurs se trouvent à la maison.