Société

Combats en Ingouchie : lourdes pertes côté russe

Rédigé par OURABAH Sofiane | Mercredi 23 Juin 2004 à 00:00

Le conflit tchétchène semble refaire surface. 6 semaines après la mort du président pro-russe Akhmad Kadyrov, tué dans un attentat le 9 mai dernier à Grozny, des combats se sont déroulés en Ingouchie, pays voisin de la Tchétchénie, entre indépendantistes et armée russe. Au moins 59 personnes ont été tuées, dont 49 membres des forces de sécurité russes et le ministre ingouche de l’intérieur. Aucun responsable russe n'a jusqu'à présent donné d'indication claire sur la nationalité des activistes qui ont ainsi montré leur capacité à lancer une opération d'envergure avec des pertes réduites (deux hommes)…



Le conflit tchétchène semble refaire surface. 6 semaines après la mort du président pro-russe Akhmad Kadyrov, tué dans un attentat le 9 mai dernier à Grozny, des combats se sont déroulés en Ingouchie, pays voisin de la Tchétchénie, entre indépendantistes et armée russe. Au moins 59 personnes ont été tuées, dont 49 membres des forces de sécurité russes et le ministre ingouche de l’intérieur. Aucun responsable russe n'a jusqu'à présent donné d'indication claire sur la nationalité des activistes qui ont ainsi montré leur capacité à lancer une opération d'envergure avec des pertes réduites (deux hommes)…

Une attaque de grande envergure

Des témoins ont déclaré avoir vu un groupe de personnes, portant des tenues utilisées par les forces russes, des bandeaux verts et les visages masqués, arriver par la grande route venant de Tchétchénie. Leur nombre varie selon les estimations. Certaines agences de presse russes parlent de 200 combattants.

Dans la nuit de lundi à mardi, ce groupe a mené une série de raids coordonnés contre des sites stratégiques russes de l'Ingouchie. Les quartiers d'un détachement de gardes-frontières ont également été attaqués. Ces hommes se sont également emparés d'armes et de munitions dans un dépôt du ministère de l’intérieur, détruisant celles qu'ils ne pouvaient pas emporter.

Les raids, concentrés dans la capitale Nazran, se sont poursuivis par de durs affrontements avec l’armée russe qui cherchait notamment à empêcher l’accès au ministère de l’Intérieur. Des combats ont aussi eu lieu dans au moins deux autres villes du territoire, Karboulak et Sleptsovsk.

Il s'agit de la plus importante opération armée menée en Ingouchie depuis dix ans et le début de la guerre entre les forces de Moscou et les séparatistes en Tchétchénie. Au moins 59 personnes ont péri dans ces opérations qui font naître de nouveaux doutes sur la capacité de Moscou à mettre un terme aux violences. Une soixantaine de personnes auraient été blessées et deux combattants ont été tués.

Un responsable judiciaire russe a affirmé qu’ils tentaient désormais de s'échapper d'Ingouchie pour rejoindre la Tchétchénie ou la Géorgie. Par ailleurs, la principale mouvance séparatiste tchétchène, dirigée par Aslan Maskhadov, a démenti mardi être responsable des attaques en Ingouchie.

Réactions du Kremlin

Six semaines après l'attentat qui a coûté la vie au président pro-russe de Tchétchénie, Akhmad Kadirov, revendiqué par le chef de guerre Chamil Bassaïev, ces opérations apparaissent comme un nouveau coup porté à la crédibilité de Poutine qui a évoqué, à plusieurs reprises, une normalisation de la situation après une décennie de guerres et de troubles.

Le Président russe a effectué une visite éclaire en Ingouchie et a rencontré son président, Mourat Ziazikov, auquel il a déclaré que le pouvoir central russe n'avait jusqu'à présent pas fait assez pour garantir la sécurité dans le sud de la Fédération. Il a donné le ton en déclarant qu'il faut 'retrouver les auteurs et les liquider, et ceux qui peuvent être pris vivants doivent être pris vivants et remis à la justice.'

Avec cette attaque, les indépendantistes tentent d'améliorer leur image dans la mesure où ce sont les forces de sécurité qui ont été visées, le Kremlin visant ces derniers temps à assimiler la question Tchétchène à la lutte contre le terrorisme international.