Sur le vif

Caricatures dans Charlie Hebdo : les organisations musulmanes de France déboutées

| Mardi 7 Février 2006 à 19:26



Des organisations musulmanes, dont le Conseil français du culte musulman (CFCM) demandant la saisie du numéro de Charlie Hebdo qui paraît mercredi avec des caricatures de Mohammed, ont été déboutées mardi pour un vice de forme par la justice.

Considérant la publication de caricatures représentant le prophète Mahomet comme une "injure raciale et religieuse", les requérants avaient décidé tard lundi soir de recourir à cette procédure d'urgence devant le tribunal des référés du tribunal de grande instance de Paris.

Le président du TGI de Paris, Jean-Claude Magendie, a estimé que les requérants n'avaient pas respecté des "dispositions impératives" de la loi sur la presse de 1881 parmi lesquelles la présentation de l'assignation au ministère public.

L'hebdomadaire satirique s'apprête à publier 12 caricatures du prophète, publiées à l'origine dans le quotidien danois Jyllands-Posten, qui ont causé un grand émoi parmi les populations musulmanes en France et dans de nombreux autres pays.

Ces caricatures ont été reprises par plusieurs journaux français et d'autres pays occidentaux.

Sous le titre "c'est dur d'être aimé par des cons", Charlie Hebdo publiera mercredi en une un dessin de Mahomet, le visage dans les mains et "l'air accablé" selon les responsables de l'hebdomadaire satirique.

Les caricatures du journal danois seront accompagnées d'autres dessins sur le même thème.

La Société des habous et des lieux saints de l'islam et l'Institut musulman de la mosquée de Paris, l'Union des organisations islamistes de France (UOIF), la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), la mosquée de Lyon étaient également requérants.

Présent à l'audience, le dessinateur Wolinski, a indiqué aux journalistes en parlant de ces associations: "Ils font le jeu des intégristes, c'est à eux de faire le point sur leur rapports avec les extrémistes".

Pour sa part, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, Philippe Val a déclaré à la presse: "Le résultat de ce référé nous conforte dans la façon dont on conçoit la liberté de la presse".

"Nous allons continuer à parler de ce thème dans les numéros suivants car nous avons des tas de choses à dire sur cette affaire: c'est un problème beaucoup plus politique que religieux", a-t-il ajouté.

Pour sa part, Fouad Alaoui le vice-président du CFCM, également secrétaire général de l'UOIF, a indiqué : "On ne peut se permettre dans notre société d'encourager l'insulte".

Le président du CFCM, Dalil Boubakeur, a déclaré à l'AFP qu'il "respectait le droit" et a refusé de commenter la décision de justice.

Selon Philippe Val, le journal fait désormais l'objet de mesures de protection policière "assez sérieuses".