Connectez-vous S'inscrire

Archives

CRCM-PACA, le tribunal invalide le président

| Lundi 29 Mai 2006 à 02:06

           

Grosse agitation au Conseil régional du culte musulman de Provence-Alpes-Côte d'Azur (CRCM-PACA). En date du 18 mai, une décision du tribunal de grande instance de Marseille annule l'élection du 4 juillet 2005 qui avait porté Abderrahmane Ghoul à la tête du bureau du Conseil. L'élection de M. Ghoul était contestée par la liste « indépendante » menée par Mourad Zerfaoui. Mais pour Azzedine Aïmouche ( liste indépendante) les choses ne doivent pas en rester là .



C'est la première fois, dans la courte histoire des CRCM, qu'une décision de tribunal annule les fonctions statutaires d'un bureau. De quoi donner des idées à d'autres Conseil régionaux qui ne manquent pas contestataires. Jusqu'alors, les demandes en annulation des élections s'étaient soldées par des échecs devant les tribunaux. Une fois le bureau régional installé, les querelles électorales étaient tues et les choses reprenaient leur cours. Pour Azzedine Aïmouche, membre de la liste indépendante aux dernières élections du CRCM-PACA, cette démarche procède d'un esprit de médiocrité auquel il ne faut mettre un terme.

Mourad Zerfaoui, tête de la liste indépendante
Mourad Zerfaoui, tête de la liste indépendante

Une sanction pédagogique


Au soir du 19 juin 2005, la « liste indépendante » avait remporté les élections du CRCM-PACA avec 4 sièges. A ce titre, Mourad Zerfaoui, tête de liste, méritait de diriger le Conseil. Mais deux semaines plus tard, une coalition des listes des grandes fédérations (la Grande mosquée de Paris GMP: 3 sièges; la Fédération nationale des musulmans de France, FNMF : 3 sièges et l'Union des organisations islamiques en France UOIF: 1 siège) avait élu un président en la personne d'Abderrahmane Ghoul. C'est cette élection que le tribunal de grande instance de Marseille vient d'invalider.

Mais pour Azzedine Aïmouche, la satisfaction n'est que partielle. Car si le tribunal a annulé l'élection de M. Ghoul, il n'a pas prononcé l'annulation des élections du 19 juin. « Ce qui nous intéresse dans cette décision du tribunal c'est son caractère pédagogique. Jusqu'alors, les gens qui avaient des responsabilités à la tête de nos associations se sentaient intouchables. Ils se permettaient de transgresser les statuts sans la moindre considération pour les textes. Cette décision montre qu'on ne peut pas transgresser impunément les statuts qui sont en réalité un contrat qui nous lie et que nous nous devons de respecter comme la loi l'exige et comme notre religion commune nous l'exige aussi. »

M. Aïmouche estime qu'il faut aller plus loin que cette condamnation qui discrédite les grandes fédérations qui s'étaient alliées pour confisquer la victoire à sa liste. « Avec notre avocat, nous étudions la possibilité d'annuler les élections du 19 juin car elles sont entachées d'irrégularités évidentes dont il ne faut pas s'accommoder » explique-t-il.

La racine du mal


Contrairement à une idée répandue, le ministère de l'Intérieur a échoué à réunir toutes les tendances de l'islam en France au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Cette méprise de départ est la source des blocages et des conflits récurrents au coeur du CFCM et des CRCM.

Au tournant des discussions qui ont mené au premier bureau du CFCM, la puissance mosquée Ad'dawa avait claqué la porte. Or le Cheikh Larbi Kechatt, recteur de cette mosquée du 19e arrondissement de Paris, se dit dans le prolongement de l'Andalousie musulmane. Il se démarque ainsi des grandes fédérations qui sont proches de chancelleries ou d'idéologies étrangères à la France.

Mais calendrier politique oblige, le ministère de l'Intérieur est allé au plus efficace. Il a choisi de s'appuyer sur les grandes fédérations disposées à discuter, pour constituer le CFCM. Ce choix était loin de faire l'unanimité. Peu avant la conclusion des discussions, Madame Bétoule Fekkar-Lambiotte le conteste et quitte la table en dénonçant la trop grande importance ainsi accordée à l'UOIF qu'elle fustige.

Il est clair que les mosquées de France sont, dans l'ensemble, dirigées par les grandes fédérations. Mais leurs accointances supposées ou avérées avec le Maroc, l'Algérie, la Turquie ou les pays du Golf affectent suffisamment leur crédibilité pour leur confier la gestion du culte musulman en France. Au mieux, elles semblent représenter leurs pays de référence auprès du gouvernement français. Sinon elles font l'effet de marionnettes grotesques, ballottées au gré des intérêts de la politique intérieure française. Sur les dossiers importants qui intéressent les musulmans de France, les résultats se font toujours attendre. Pour cette raison, après plus d'une année de participation effective, l'anthropologue Dounia Bouzar quittera le CFCM où elle avait été appelée, comme personnalité qualifiée, en remplacement de Bétoule Fekkar-Lambiotte.

Les listes indépendants


Au terme de son premier mandat, le bilan du CFCM est en dessous des attentes. La jeunesse de l'institution n'explique pas tout. C'est pourquoi l'on assiste à l'émergence de nouvelles listes lors des élections de juin 2005. Elles se présentent sous l'appellation de « listes indépendantes » pour marquer leur distance par rapport aux grandes fédérations fondatrices. Ces dernières sont alors des « listes algériennes » quand elles relèvent de la GMP ou « listes marocaines » quand elles ont le soutien de la FNMF. Même l'UOIF, qui pourtant ne se réfère à aucun pays du Maghreb, a perdu des alliés. Déçus du mandat passé dans l'ombre, ils ont décidé à se faire entendre de vive voix.

Comme on peut s'y attendre, les listes indépendantes se posent en adversaires des fédérations. En région parisienne, l'Union des associations musulmans de Seine-Saint-Denis (UAM-93) échoue à valider sa liste AMI (Alliance des musulmans indépendants). Devant les tribunaux, elle accusera l'UOIF de lui faire barrage en usant de procédés illégaux. Implantée exclusivement dans le 93, où siège l'UOIF, la liste AMI ne pouvait affecter que le score de l'UOIF (au bonheur des autres fédérations). La plainte de l'AMI secouera les équipes, mais elle ne portera pas de fruit.

D'une manière générale, les listes indépendantes sont insignifiantes sur le plan national. Il en va autrement au niveau régional où les enjeux son différents et où les élections peuvent se gagner à peu de voix. Les alliances qui se nouent dans les régions suivent ainsi des logiques parfois contraires aux jeux de pouvoir des chancelleries. Ce qui permet aux CRCM de continuer à travailler pendant que le CFCM s'étouffe de ses petits complots politiques.

En région PACA, l'on a ainsi assisté à une coalition des trois grandes fédérations contre la liste indépendante. C'était du « TSZ: tout sauf Zerfaoui », nous dit-on. La décision du TGI de Provence-Alpes-Cote d'Azur remet donc les pendules à l'heure. Et, en même temps, elle conforte le discrédit général qui entache le processus électoral qui est censé donner sa légitimité à une institution qui n'honore plus personne.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par TIMO67 le 29/05/2006 13:02 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Encore un exemple de CRCM où les choses vont mal.
C’est ce qui arrive quand on veut faire le bonheur des gens malgré eux, ou qu’on veuille mettre les charrues avant les bœufs.
Malheureusement, ces CFCM et CRCM n’ont servi les intérêts que de trois sortes de gens :
1- Les autorités françaises du ministère de l’intérieur et à leur tête Sarkozy, en leur permettant d’avoir un interlocuteur sur ce qu’ils appellent la table de la république. Un interlocuteur à qui ils peuvent soutirer toutes les informations sur la pratique religieuse musulmane en France, et qu’ils pourraient commander comme ils veulent pour contrôler les mosquées et les lieux de culte musulmans. Bien sûr, ils veilleront à leur miroiter quelques carottes en leur promettant des postes, des financements virtuels, des paroles et de promesses.
2- Quelques opportunistes et assoiffés de pouvoir dans la communauté. Que ce soit des personnes physiques aspirant à plus de gloire ou des personnes morales telles certaines fédérations avides d’hégémonie sur la communauté ou d’un OPA sur l’islam de France.
3- Les chancelleries des pays d’origine des musulmans de France. Le Maroc avec la FNMF et l’Algérie avec la Mosquée de Paris ont eu à eux deux la part du lion.
Les dindons de la farce sont les pauvres musulmans, comme vous et moi, qui ne sont jamais consultés mais souvent pris pour des imbéciles. (Voir comment les délégués censés représenter les fidèles des lieux de culte et qui votent pour les membres des conseils des CRCM sont ...  

2.Posté par mahedine le 29/05/2006 22:59 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Remettons les pendules à la bonne heure !
Sur la décision du tribunal de grande instance de Marseille (celui de PACA n'existant pas), il faut être clair : seules les fonctions des membres de bureau sont annulées. Les membres et le nombre restent les mêmes. Dès lors, le terme de grosse agitationest exagéré puisqu'une simple réunion du bureau (sur convocation soit du président – la décision, ici, du tribunal souligne "l'inertie du président sortant" - ou d'1/4 des membres du bureau) suffira à rétablir les fonctions telles qu'elles l'étaient. Il est à rappeler que le CRCM-PACA n'a pas attendu pour travailler dans une entente généreuse, fructueuse et intelligente. A titre d'exemple, le projet de la mosquée de Marseille, ainsi que ceux de Canne et de la Ciotat ne sont plus des utopies mais des réalités et cela en moins d'un an. Je tiens là à rendre hommage au président du CRCM-PACA, M GHOUL ainsi qu'à son équipe pour leur énorme travail.
Monsieur Aïnouche a prétendu que sa liste avait remporté les élections avec 4 sièges sur … 11. Serait-il superflu de donner quelques leçons d'arithmétique à Monsieur Aïnouche ? Une majorité n'est certainement pas constituée avec de tels chiffres.
En ce qui concerne le caractère pédagogique de la procédure engagée par la Liste Indépendante menée par Messieurs ZERFAOUI et AINOUCHE, n'aurait-il pas été plus judicieux d'investir ailleurs les sommes astronomiques inutilement dépensées dans des frais de justice (autour de 20 000 euros !!!) alors que cer...  

3.Posté par Mahédine le 30/05/2006 00:55 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
une petite erreur s'est glisé sur l'adresse du site web du crcm-paca
la bonne adresse est www.crcmpaca.com
désolé

4.Posté par samira le 30/05/2006 12:47 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
L’art de communiquer de la liste dite « Indépendant »
Messieurs Zerfaoui et Aimouche ont un art assez bizarre de communiquer. En effet lors des élections du 19 juin 2005 du CRCM-PACA leur liste obtient 4 membres sur 11 du bureau et crient victoire à travers communiqué et remerciement
Bizarre !!! Ils n’ont pas la majorité pourtant.
Aujourd’hui alors que le tribunal récuse 3 points sur 4 et donc donne raison à l’actuel CRCM-PACA.
Ils crient de nouveau victoire. Bizarre !
Messieurs revoyait vos notions de mathématique. Un chat est un chat et une défaite est une défaite. Reconnaissez le, et laissez l’équipe actuelle travailler enfin en paix et arrêtez de gaspiller de l’argent.
A ce sujet, généralement la problématique des listes dite « indépendant » est justement le manque de moyen financier. Apparemment ce n’est pas la cas de MM Zerfaoui et Aimouche.
S’il y a un une leçon pédagogique à donner, M Aimouche c’est comment faire pour avoir autant d’argent à gaspiller. Certains musulmans de Marseille aimeraient bien savoir eux qui n’arrivent même pas a payer leur facture d’eau de leur mosquée. Oseriez vous nous expliquer comment vous faîtes. Nous en serions très heureux !

5.Posté par Mahedine le 30/05/2006 13:21 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Voici le jugement :
LE TRIBUNAL,
Statuant publiquement, par jugement contradictoire et en premier ressort,

DECLARE irrecevable demande tendant à l’annulation de l’assemblée générale du 19 juin 2005, des élections en résultant au bureau du CRCM, à l’assemblée générale et au conseil d’administration du conseil Français du Culte Musulman, et les demandes accessoires tendant à la convocation d’une nouvelle assemblée générale.

ANNULE les élections aux différentes fonctions statuaires des membres du bureau du CRCM du 4 juillet 2005.

ORDONNE l’exécution provisoire de cette disposition

DEBOUTE le CRCM de sa demande de dommage et intérêt pour procédure abusive

DIT n’y avoir lieu à l’application de l’article 700 du Nouveau Code de Procédure Civil.

FAIT masse des dépens qui seront pour trois quart à la charges des demandeurs et un quart à la charge du CRCM, et qui seront recouvrés au profit de maîtres AIDAN et CHANUT, conformément aux dispositions de l’articles 699 Nouveau Code de Procédure Civil

AINSI JUGE ET PRONONCE EN AUDIENCE PUBLIQUE DE LA PREMIERE CHAMBRE AU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE MARSEILLE LE 18 mai 2006

6.Posté par un lecteur le 29/10/2006 02:00 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Attention aux fautes d'hortographe :
- "ne manquent pas contestataires." ???
- "Aïmouche" ???
- "auquel il ne faut mettre un terme" ???


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !