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Politique

Bygmalion a eu la peau de Jean-François Copé, à quand celle de Sarkozy ?

Rédigé par | Mardi 27 Mai 2014 à 15:05

           


Jean-François Copé a présenté sa démission de la présidence de l'UMP mardi 27 mai.
Jean-François Copé a présenté sa démission de la présidence de l'UMP mardi 27 mai.
Jean-François Copé démissionne de la présidence de l’UMP. Le député-maire de Meaux a annoncé cette décision à l’issue du bureau politique convoqué mardi 27 mai, après les révélations explosives de la société de communication Bygmalion la veille.

Celle-ci, par la voix de son avocat Patrick Maisonneuve, a déclaré publiquement avoir été l'objet d'un « chantage économique » de la part de l'UMP, qui l'aurait contrainte à établir de fausses factures afin de dissimuler les frais pharaoniques de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. La somme des « factures litigieuses » s’élèverait à plus de 10 millions d’euros pour des meetings du candidat de l'époque.

Cette supercherie avait été mise en place par l'UMP pour espérer obtenir un remboursement public des frais de campagne, possible dès lors qu’un parti obtient plus de 5 % des voix au premier tour, dans la limite de 22,5 millions d'euros. Malgré ce montage financier, l'UMP n'a finalement pas bénéficié d’un remboursement, les comptes de campagne ayant été invalidés par la Commission nationale des comptes de campagnes (CNCCFP) pour un dépassement de 466 000 euros. Lourdement endetté, le parti avait lancé, en juillet 2013, un appel aux dons auprès de ses militants. Ces derniers, mis à contribution pour récolter quelque 11 millions d'euros, doivent désormais voir rouge.

Bygmalion a eu la peau de Jean-François Copé, à quand celle de Sarkozy ?

Bygmalion enrichi grâce à l'UMP

Les factures couvrent de « vraies prestations », qui sont « bien réelles, sauf qu'elles devaient être facturées à l'association de financement de la campagne (présidentielle) du candidat Nicolas Sarkozy, en 2012 » et non à l’UMP, a toutefois précisé Patrick Maisonneuve. Mais Bygmalion n'est pas pour autant tirée d'affaire. Copé est soupçonné par la justice de « délit de favoritisme » à l'égard de la société, fondée en 2008 par deux de ses proches, Bastien Millot et Guy Alvès. Event & Cie, la filiale événementielle de Bygmalion, s'est bel et bien enrichie grâce à l'UMP : elle a ainsi empoché 26,7 millions d'euros sur une période de deux ans, selon Le Point.

Avec Jean-François Copé, c’est l’ensemble de l’équipe dirigeante qui se retire. Leur démission est effective le 15 juin. Trois anciens Premiers ministres vont se partager la présidence intérimaire de l’UMP d’ici au prochain congrès anticipé du parti en octobre 2014 : Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, qui a été candidat à la présidence de l’UMP en 2012.

Une nouvelle affaire pour Nicolas Sarkozy

Dans cette nouvelle affaire qui fait chavirer l’UMP, la responsabilité de Nicolas Sarkozy – de retour d'un voyage en Israël où son épouse Carla Bruni a effectué son premier concert – est interrogée. Or, pour le moment, les cadres du parti exonèrent leur champion, estimant que le candidat qui a fait face à François Hollande en 2012 pouvait tout à fait ne pas être au courant des basses manœuvres. Sur RTL, Philippe Briand, son trésorier de campagne, a même renvoyé cette histoire à une affaire d’« intendance » dont Sarkozy ne s’occupait pas. Pourtant, c'est bien de plus de 10 millions d'euros dont il s'agit. En ces temps de crise, les Français apprécieront.

Même Jérôme Lavrilleux, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, a dédouané Copé comme Sarkozy, déclarant qu'ils n'étaient « pas au courant » des fausses factures, lors d'une interview donnée sur BFMTV lundi soir dans laquelle il a confirmé les révélations de Bygmalion.

La campagne présidentielle de 2012 n’est pas la seule à devoir faire l'objet d'une attention de la justice. Les financements occultes de la campagne de Sarkozy en 2007 par l’ex-dictateur libyen Khadhafi et par Liliane Bettencourt, héritière du groupe L'Oréal, sont encore dans les esprits. Avec la quantité d’affaires politico-financières dans lesquelles il est impliqué, Nicolas Sarkozy, redevenu un justiciable comme un autre après sa défaite de 2012, ne peut continuer à se défiler éternellement.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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