Sur le vif

Bosnie : 20 000 musulmans ont commémoré le génocide de Srebrenica

Rédigé par Anissa Ammoura (avec AFP) | Mardi 14 Juillet 2009 à 09:00

Quatorze ans après les faits, plus de 20 000 personnes se sont réunies samedi 11 juillet à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie-Herzégovine, pour commémorer un triste anniversaire, celui du massacre par les forces serbes bosniaques, en 1995, d'environ 8 000 musulmans. Cependant, les conditions de commémoration de cette tuerie ne font pas l'unanimité à l'intérieur du pays. Un seul des auteurs de ce massacre – qualifié par ailleurs de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice – a été arrêté et devrait être jugé prochainement.



Samedi 11 juillet, plus de 20 000 musulmans bosniaques ont commémoré à Srebrenica, dans l'est de la Bosnie-Herzégovine, le massacre, en 1995, par les forces serbes bosniaques, d'environ 8 000 musulmans, la pire tuerie qu'a connue l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Environ 160 autobus ont été mis à la disposition des participants depuis Sarajevo mais, selon les organisateurs, nombre de personnes avaient fait aussi le voyage en voiture.

Cet événement devait être, pour la première fois, commémoré aussi dans les pays de l'Union européenne à suite d'une résolution adoptée en janvier par le Parlement européen.

La Croatie voisine, elle aussi, a proclamé le 11 juillet journée de commémoration du génocide de Srebrenica.

La cérémonie, qui s'est déroulée au cimetière commémoratif de Potocari, situé à l'entrée de Srebrenica, a été marquée par l'enterrement de 534 victimes retrouvées dans des fosses communes et récemment identifiées. Elle étaient âgées de 14 à 75 ans au moment de la tragédie.

Munevera Begic, qui a enterré son père Hajrudin, est toujours hanté par les souvenirs des moments ayant précédé le massacre. « J'avais 14 ans alors. Il me tenait par la main quand ils nous ont séparés. Je revois toujours cet instant », explique-t-elle, dans un témoignage rapporté par l'AFP. Hatidza Mehmedovic, la soixantaine, elle, n'a toujours pas retrouvé son fils. « Malgré toute la tragédie, on arrive à être heureux quand on retrouve des os de nos enfants. Mais, moi, je n'ai pas eu cette chance », déplore-t-elle.

Depuis l'inauguration du mémorial en 2003, des restes de quelque 3 200 personnes identifiées, après avoir été exhumés de quelque 70 charniers de la région, ont déjà été enterrés à Potocari.

Des responsables pas encore jugés

Le massacre de Srebrenica a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice, la plus haute instance judiciaire de l'ONU.

Mais, en Bosnie, divisée, depuis la fin de la guerre de 1992-1995 en deux entités – l'une serbe et l'autre croate-musulmane –, l'initiative du Parlement européen ne fait pas l'unanimité. Un projet de loi prévoyant une journée de commémoration « dans le pays entier » a été bloqué au Parlement, le 8 juillet dernier, par les députés serbes bosniaques.

En 2004, les autorités serbes bosniaques ont admis la responsabilité des forces serbes dans ce massacre des 8 000 musulmans de Srebrenica. Cependant, les autorités ont condamné la résolution du Parlement européen, au motif que la commémoration devait concerner l'ensemble des 100 000 morts du conflit bosniaque.

Selon Radio France Internationale (RFI), le Premier ministre de la Serbie, Mirko Cvetkovic, a exprimé un « message de paix à la Bosnie », en affirmant que « juger les responsables était un préalable à la réconciliation dans la région ». Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a, quant à lui, exprimé son soutien et sa sympathie aux survivants du massacre qui représente, a-t-il dit dans un communiqué, « le jour le plus sombre dans l'histoire de l'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale ».

Inculpé pour le massacre de Srebrenica, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été arrêté en juillet 2008 à Belgrade, après 13 ans de cavale. Il sera jugé par le TPI de génocide, crimes de guerre et crime contre l'humanité, mais, selon Euronews, son procès « ne devrait pas commencer avant septembre ».

L'ancien chef militaire des forces serbes bosniaques, Ratko Mladic, inculpé des mêmes chefs d'accusation, est, quant à lui, toujours en fuite.